Au Togo, après les indépendances, l’Etat s’est fortement impliqué dans la construction des écoles. Cependant, la crise économique et l’avènement des Programmes d’Ajustements Structurels ont entrainé une réduction draconienne des financements de l’Etat en direction des écoles publiques. Toutefois, devant la demande croissante en éducation et l’insuffisance des structures d’accueil publiques, l’Etat a décidé d’autoriser l’ouverture d’écoles privées sur l’ensemble du territoire national. Ce qui était, à l’époque, une solution innovante est aujourd’hui, source de plusieurs problèmes.
Depuis quelques années, on assiste à une floraison d’écoles privées sur l’ensemble du territoire togolais. Ceci, pour répondre à la forte demande en éducation ressentie sur le terrain. La privatisation de l’éducation fait qu’aujourd’hui, il existe dans certaines localités dix fois plus d’écoles privées que d’écoles publiques. Malheureusement, la plupart de ces écoles privées ne fonctionne pas correctement.
Le mauvais fonctionnement des écoles privées
Il y a quelques années, les écoles privées étaient considérées comme les meilleurs établissements d’enseignement du pays. Mais la prolifération des écoles privées dont certaines ressemblent plus à des « magasins» échappent désormais à tout encadrement pédagogique de la part des autorités éducatives. En effet, certaines écoles privées n’existent que de nom. Cela veut tout simplement dire que ces écoles, bien qu’ayant une autorisation de fonctionner, ne remplissent pas les conditions pour ouvrir : infrastructures délabrées, insalubrité des lieux, non-respect des programmes et des progressions, etc. Elles fonctionnent donc dans l’illégalité.
A chaque rentrée scolaire, de nouvelles écoles sont ouvertes, souvent par des personnes qui n’ont rien à voir avec l’enseignement et qui utilisent des noms ronflants, dans des locaux inappropriés, sans matériels didactiques, avec des enseignants peu qualifiés, etc. Le plus important pour ces personnes, ce n’est pas la qualité de la formation, mais uniquement le profit. Bref, c’est de la marchandisation.
Avec des enseignants non qualifiés et sous-payés, ce sont les élèves qui payent les pots cassés. En effet, avec une scolarité élevée, les fondateurs de ces écoles se retrouvent dans l’incapacité de justifier l’échec de certains apprenants. Alors, ils n’hésitent pas à les faire monter en classe supérieur. Une entorse à la législation en vigueur au Togo.
Devant ce tableau peu reluisant dressé sur les écoles privées, l’on peut se demander comment parviennent-elles à recevoir encore des élèves? Comment font-elles pour obtenir les autorisations d’ouverture et le renouvellement de ces autorisations en dépit des insuffisances énumérées ? Pourquoi les mauvaises pratiques de certaines écoles privées ne donnent pas lieu à des fermetures? Autant de questions qui suscitent réflexion sur les écoles privées au Togo.
« Alors, faut-il désespérer et baisser à jamais les bras, ou explorer d’autres solutions pour réduire, dans un premier temps, et arrêter, dans un second temps, la marchandisation de l’école ? La seconde approche semble plus plausible car susceptible de permettre à l’école togolaise de retrouver son lustre d’antan. Il est donc nécessaire pour l’Etat d’investir dans une éducation de qualité gratuite, inclusive et publique », explique un spécialiste de l’Education.
Avant d’en arriver là, il faut instaurer des mesures fermes pour décourager les fondateurs de certaines écoles privées qui marchandent la réussite des élèves.
Source : Fraternité No.315 du 29 mai 2019 (fraternitenews.info)
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