L’Alliance nationale pour le changement (ANC) a réagi à la situation dans la préfecture de Kloto. Elle condamne le comportement des chefs traditionnels qui menacent de déverser les « Abrafo » dans les rues si l’opposition manifeste à Kpalimé. Lire plutôt le communiqué !
DECLARATION
L’ANC dénonce les fourberies et autres dérives liberticides du préfet de Kloto
L’ANC apprend avec indignation et réprobation, les manœuvres outrancières orchestrées par le Préfet de Kloto pour manipuler les Chefs Traditionnels de Kloto en vue d’interdire, au mépris de la Constitution et des lois en vigueur, l’organisation des manifestations publiques pacifiques, notamment les marches de protestation ou de revendication, dans la préfecture de Kloto.
L’ANC dénonce et condamne énergiquement de telles manœuvres, qui constituent une violation flagrante de la Constitution, de la loi portant charte des partis politiques, de la loi sur les manifestations publiques et de la loi sur la chefferie traditionnelle. L’ANC fustige le caractère irresponsable de la démarche du Préfet de Kloto, qui ne peut s’autoriser une telle forfaiture qu’avec la caution de ses supérieurs.
Le Préfet de Kloto doit savoir que la loi sur la chefferie traditionnelle ne permet pas aux chefs traditionnels de s’immiscer dans la politique.
Le Préfet de Kloto doit savoir que la Constitution, la loi sur les manifestations publiques et la loi portant charte des partis politiques garantissent la liberté des manifestations publiques au Togo et ne sauraient être remises en cause par une prétendue ‘’décision’’, au demeurant illégale et abusive, des chefs traditionnels.
Le Préfet de Kloto doit savoir qu’aux termes de la loi portant statut de l’opposition, toute entrave ou tentative d’entrave à l’exercice des droits et des activités légales des partis politiques par un responsable administratif est punie d’une peine d’emprisonnement et d’une amende.
Le Préfet de Kloto doit enfin savoir qu’en faisant appel aux ‘’Abrafo’’, lui et les chefs traditionnels de Kloto se mettent hors la loi dans la mesure où le maintien de l’ordre public relève exclusivement des forces de police et de gendarmerie et non de miliciens et autres forces non républicaines dont les interventions ne peuvent être qu’illégales.
En conséquence, l’ANC demande au Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales, de rappeler fermement à l’ordre, le Préfet de Kloto afin que son initiative, qui relève de la forfaiture, ne se répète dans d’autres préfectures du pays.
En effet, le mardi 02 avril 2019, le préfet de Kloto invite le Président de la fédération de l’ANC à Kpalimé, à une réunion, le jeudi 04 avril 2019, pour ‘’réfléchir avec les partenaires au développement de la préfecture de Kloto’’.
A cette réunion, qui s’est tenue dans la grande salle de la de la Mairie de Kpalimé, le préfet, entouré du Secrétaire Général de la préfecture et du Secrétaire Général de la Mairie, ouvre la séance en annonçant que ce sont les Chefs traditionnels qui ont initié cette rencontre à l’intention des imams, des chefs de communauté, des responsables de partis politiques et des différents corps des forces de l’ordre et de sécurité.
Togbui DJEDO, Chef canton de Wome et Président du Conseil des Chefs Traditionnels de Kloto, prend alors la parole pour préciser que la réunion est convoquée parce que les Chefs Traditionnels de Kloto ont constaté que lors des marches récentes de l’opposition, les partis politiques ont commis des actes de destruction sur le patrimoine de Kloto et cite, à titre d’exemple, les locaux de la préfecture et de la mairie de Kloto saccagés ainsi que les véhicules du GIZ, suite à l’arrestation de l’imam de Sokodé. Il cite également les pneus brûlés sur les ‘’voies goudronnées’’ et les ‘’urnes cassées’’ lors des législatives du 20 décembre 2018. Il déclare enfin que des femmes ont été chassées du marché et leurs marchandises détruites.
Et le Chef canton de Wome de conclure qu’ayant appris que d’autres marches sont encore en préparation, marches au cours desquelles l’on projette de commettre d’autres dégâts et même de ‘’renvoyer certains autochtones de la ville et de la préfecture’’, les Chefs traditionnels de Kloto ‘’ont pris une décision’’ qu’ils veulent communiquer à l’assistance et transmettre au gouvernement par l’intermédiaire du Préfet. Cette ‘’décision’’ est la suivante :
‘’Les Chefs traditionnels de Kloto interdisent toute marche à Kpalimé et dans la préfecture de Kloto, pour compter du jeudi 04 avril 2019 et jusqu’à nouvel ordre’’.
Togbui DJEDO ajoute que les Chefs traditionnels de Kloto disposent eux-aussi de forces de sécurité qui sont les ‘’Abrafo’’ et qu’ils sont prêts à les faire sortir en cas de non-respect de leur ‘’décision’’, puis il remet au préfet, un document dans lequel, dit-il, les Chefs traditionnels de Kloto ont consigné ladite ‘’décision’’.
Le Préfet à son tour s’appesantit sur les ‘’casses et autres conséquences néfastes’’ des marches sur la préfecture de Kloto et son économie. Il félicite les Chefs traditionnels de Kloto et précise que selon des rumeurs persistantes qui leur sont parvenues, ‘’des gens s’apprêteraient à mettre Kpalimé à feu lors des marches prochaines et ils auraient, à cette fin, acheté et gardé des bidons d’essence’’. Il affirme être en mesure de citer des personnes impliquées dans ce projet et exprime son total soutien à l’initiative des Chefs traditionnels de Kloto. Il ajoute que ‘’c’est une minorité, un petit groupe appartenant au PNP qui pose les actes et qui tient des réunions secrètes’’. A cet égard, le Préfet dit ‘’regretter l’absence du responsable préfectoral du PNP, également invité à la réunion mais qui, le matin même, a téléphoné pour décliner l’invitation, prétextant qu’il a des cours à donner et qu’il est en retard sur son programme’’.
Le Préfet promet aux Chefs traditionnels de Kloto ‘’de transmettre leur décision et leur courrier aux Hautes Autorités de l’Etat’’.
Le Secrétaire Général de la Mairie intervient pour évoquer une réunion organisée à Zongo par la mairie et dispersée par des jets de pierres ainsi que des projectiles à lui-même jetés dans le marché central par des femmes de Zongo.
Après une traduction des interventions en kotokoli, un débat est ouvert.
Le Président de la fédération de l’ANC à Kpalimé est le premier à prendre la parole. Il fait observer qu’aucune des marches de l’opposition à Kpalimé et dans la préfecture de Kloto n’a comporté des casses ou autres actes de ce genre et exprime ses inquiétudes quant à la ’’décision’’ des Chefs traditionnels de Kloto qui va à l’encontre de la Constitution et des lois qui garantissent les libertés publiques, notamment le droit de manifester. Il fustige la menace que constituent les velléités des Chefs traditionnels de Kloto de faire sortir les ‘Abrafo’ pour empêcher les marches et les conséquences qui peuvent en découler.
Le Président fédéral de l’ANC demande alors que les partis politiques rencontrent le Préfet puis les Chefs traditionnels, pour discuter de la situation et ramener tout le monde à la raison.
Cette demande est immédiatement rejetée par Togbui MESSO de Kuma Apeyeyeme, qui déclare, péremptoire, que les Chefs traditionnels de Kloto ne sont pas venus pour négocier mais pour rendre une décision. Il est appuyé par Togbui EHON, Chef canton de Kpalimé puis par Togbui AGRIPA, qui soutient, sentencieux : ‘’vous avez passé sous la constitution pour casser des choses, nous aussi nous passons sous la constitution pour vous interdire de marcher’’.
Le Préfet met alors fin au débat et clôture la réunion. Suivent ensuite une série d’interviews dont celles du Préfet, de Togbui DJEDO et du Président fédéral de l’ANC. Ce dernier, au cours de son interview avec les médias, notamment, la VGK, Nana FM et Planète Plus, n’a pas manqué de réitérer sa totale désapprobation d’une décision qui viole la Constitution et les lois de notre pays. Il a indiqué que son parti n’a pas encore lancé un mot d’ordre de marche pacifique dans la préfecture de Kloto et que le cas échéant, l’ANC se conformera comme d’habitude, aux lois et règlementations en vigueur. Il conclut en appelant les populations à la vigilance afin d’éviter de faire le jeu du pouvoir en place qui veut distraire l’opinion en s’appuyant sur des prétextes fallacieux de violences pour étouffer la lutte pour l’alternance.
Le Bureau National exprime sa totale solidarité et son soutien au Président fédéral de l’ANC à Kpalimé, dont il salue la vigilance et le sens de responsabilité.
L’ANC exhorte le gouvernement à tout mettre en œuvre pour permettre aux partis politiques, aux organisations de la société civile et aux populations, de jouir effectivement et pleinement des libertés publiques reconnues et garanties par la Constitution et les lois en vigueur. En particulier, l’ANC demande au gouvernement d’instruire les préfets, les autorités municipales et les chefs traditionnels à l’effet de s’abstenir de toute entrave à l’organisation et au déroulement des manifestations publiques pacifiques régulièrement déclarées, notamment les marches, les meetings, les caravanes, les sit-in, sur toute l’étendue du territoire national.
Fait à Lomé, le 10 avril 2019
Pour le Bureau National,
Le Vice Président
Patrick LAWSON-BANKU
Source : www.icilome.com