Manifestations au Togo: des milliers de personnes à nouveau dans les rues de Lomé

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L’opposition togolaise ne faiblit pas. Mercredi 27 décembre 2017, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale togolaise, à Lomé, pour demander une limitation du nombre de mandats présidentiels et la démission du président Faure Gnassingbé.

Voilà maintenant trois mois, que le pays vit une véritable crise politique. Date depuis laquelle, une coalition de 14 partis d’opposition se mobilise en organisant des manifestations populaires quasi hebdomadaires pour protester contre le président, héritier d’une famille au pouvoir depuis 50 ans.

« La mobilisation continue. Car les populations savent que sans la mobilisation, elles ne peuvent rien obtenir », a expliqué à l’AFP Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance Nationale pour le changement (ANC), parti historique de l’opposition.

De plus si la présidence a promis début décembre l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition, les conditions préalables à celui-ci (libération des manifestants en prison, retrait des forces de sécurité dans le Nord…) sont « en cours de préparation », selon M. Fabre. « La balle n’est pas dans notre camp, mais plutôt dans le camp de ceux qui doivent rendre effectives ces mesures d’apaisement » explique-t-il.

Une mobilisation qui peine à porter ses fruits

Parmi les manifestants, Élodie Djatou, couturière, fraîchement initiée aux démonstrations publiques : « C’est la première fois que je participe de bout en bout aux manifestations de l’opposition, car il est temps de changer les choses dans ce pays. Je reste déterminée. » a-t-elle déclaré à l’AFP.

Mais pour les habitués du mouvement, il devient de plus en plus difficile de continuer à y croire.  Mohamed Adissan, chauffeur, était moins optimiste après des mois de mobilisation. « J’ai l’impression que ce que nous faisons ne dit rien au président de la République », a-t-il confié.

Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, après avoir succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a gouverné le Togo pendant 38 ans d’une main de fer, est resté très silencieux depuis le début des marches.

Dans une interview donnée à Jeune Afrique, il n’a toutefois pas exclu se représenter au scrutin de 2020, affirmant que s’il devait y avoir une réforme constitutionnelle (notamment la limitation à deux du nombre de mandats), elle appartenait « à l’avenir et non au passé », sous-entendant qu’elle ne serait pas rétroactive.

Une crise aux conséquences régionales

Mais la crise togolaise ne concerne pas uniquement le pays lui-même, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest se sont inquiéter de l’instabilité que cette dernière pouvait engendrer. Certains ont même demandé la tenue de pourparlers entre le pouvoir et l’opposition sous la médiation du président ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé.

L’opposition affirme même que deux autres pays ont assuré leur volonté d’assurer cette médiation : « le Bénin et le Burkina Faso qui ont souhaité appuyer les deux pays dans cette mission de médiation ».

De nouvelles manifestations prévues dans la semaine

Depuis le début des manifestations, seize personnes, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont été tuées selon un bilan établi par l’AFP mais cela n’a pas réussi à décourager l’opposition.

Pour l’instant l’appel à manifester dans les rues se poursuit jeudi et samedi. La coalition a également appelé à une journée de « vacarme » vendredi de 13h00 à 14h00 en demandant à leurs partisans de « faire du bruit en tapant sur des casseroles » pour montrer leur mécontentement.

 

 

Jeune Afrique