Ils sont nombreux, ces messieurs et dames qui s’affublent du ronflant titre de cadres de leur localité. Nous ne connaissons pas les conditions à remplir pour accéder à ce cercle. S’il n’existe donc pas de définition académique à ce titre, il faut tout de même dire que les cadres, c’est ceux et celles qui passent pour les éclairés de la société, ceux qui ont une certaine réussite socio-professionnelle qui les met devant la scène à chaque fois que les intérêts de leur localité sont en jeu. Ils ont l’avantage d’être allée à l’école, d’avoir réussi une certaine ascension sociale. Et puisqu’au Togo pour réussir, il faut appartenir à un certain bord politique, ils sont de la minorité qui a pris le pays en otage depuis 50 temps. Du coup, ils sont normalement censés être les porte-paroles de leur localité auprès de l’instance dirigeante. C’est eux qui donnent le ton aux grands évènements dans leurs milieux. De leur présence dépend la réussite ou l’échec des grands moments, ils sont devant la scène et leurs populations ne demandent pas mieux.
De Bafilo à Sokodé sans oublier Mango, dans la région centrale en général, au risque de faire des jaloux, les cadres font beaucoup parler d’eux. Ils sont avec les décideurs pour, d’abord leur pain, mais d’une façon beaucoup plus générale, pour tirer la nappe chacun de son côté à chaque fois que le gâteau se partage pour le bien des populations. Les uns sont des officiers, les autres des civiles, ministres, anciens ministres ou directeurs de sociétés. Au regard de l’image grabataire de leurs localités, en quoi ont-ils été utiles à leur différents milieux ? Difficile de répondre, chacun a sa réponse dans l’image que donnent les différentes villes de ces régions. Avaient-ils un miracle à faire si on sait que le pays tout entier est une ruine en permanente démolition où les individus s’enrichissent là où l’Etat s’endette et que ceux qui tiennent le pouvoir estiment que les biens publics sont leur propriété qu’ils concèdent à qui ils veulent? Dans un secteur comme dans l’autre, chacun dans la mesure de son sphère d’influence et de sa volonté à aider ses frères, les uns ont fait parler d’eux plus que les autres. Mais là n’est pas notre sujet. Depuis un temps, il est questions de la survie de leur milieu.
Les porte-paroles de ces localités vivent, avec les populations, qui font d’eux des cadres une situation inédites qui a normalement besoins d’eux. Mais ils brillent par leur posture aphone. Alors que le Togo est une démocratie, une République, un environnement où le multipartisme a droit de cité, l’émergence du PNP a déchainé la colère du régime en place qui a lancé ses chiens sur toute une population. Domiciles violés, mosquées violées, violence et répressions sans commune mesure avec la vie dans une République normale, mort d’homme, blessés et plus loin, le peuple martyre est obligé de se réfugier dans les pays voisins.
Nos cadres sont cloitrés derrière un silence de cimetière. Tout est sens dessus dessous, les sanctuaires de l’Islam et les lieux emblématiques sont violés et pourtant l’opinion retient que sur le plan spirituel, ces milieux ont joué un rôle dans la survie politique du RPT/Unir. La force habillée n’a aucun égard pour aucune autorité morale ni spirituelle, les domiciles de certains Imams sont violés par des perquisitions sauvages. Dans une analyse précédente, nous dénoncions déjà le fait que Sokodé soit devenu un orphelinat assiégé. Un orphelinat en ce sens qu’aucun fils de la localité ne pouvait lever le doigt pour dire d’arrêter les exactions contre mon peuple. Hier c’était Sokodé, aujourd’hui Bafilo et Mango sont les deux localités qui vivent sous terreur pour avoir réclamé un espace de liberté, les fameux cadres observent, personne ne dit rien.
Quand dans la nuit du 07 septembre dernier les militaires ont violé les domiciles des populations et les couvents à Bè, les premiers responsables de cette communauté se sont organisés pour dénoncer d’un ton sévère. Leur positions ont été connu sur les médias et des communiqués dont nous vous donnons copie en dessous. Ils ont su dire « non à cette sauvagerie ». Mais les cadres de nos milieux observent, on dirait qu’ils sont les seuls qui tirent pitances du système RPT-UNIR. On dirait aussi que ces localités sont les seuls fiefs de l’opposition alors que la ville de Kara est une ville rebelle depuis que la gouvernance de Faure a fait des populations de la kozah la première cible de sa gouvernance. C’est ridicule que des gens soient utilisés comme des métayers à la tâche contre leur peuple en s’invitant même dans les situations à aider l’oppresseur contre leur peuple. Certains d’entre eux sont étiquetés, les catégories se dessinent, dans le RPT-UNIR on se fait déjà une idée de qui et qui sont derrière le PNP, ce parti qui donne de l’insomnie. Le général Memene, par exemple, est au centre de menaces à peine voilées.
Le dernier épisode lui concernant est que des grenades offensives ont été lancées à son domicile par des individus désormais identifiés qui croient avoir pris la poudre d’escampette. Hier c’était des menaces codées, aujourd’hui des explosifs dans sa maison, peut-être demain on lui attribuera une conspiration contre le pouvoir établi. Les cadres dont le RPT-UNIR n’est plus sûr parce qu’ils refusent le zèle dans la fatwa lancée contre le PNP, Folibazi par exemple, aura une place auprès du général Memene si un jour celui-ci devait être une cible affichée. Même le colonel Ouro, ses agitations ne seront pas assez pour l’en épargner malgré ceux dont il fait preuve au prix de l’humiliation. Pour l’histoire, il faut relever que quand le Major Memene avait été envoyé en prison par Gnassingbé premier, jeune lieutenant, Mr Ouro-Bang’na n’a pas été épargné. Tout récemment, à une période où beaucoup de cadres tem sont soupçonnés de financer le PNP, le beau-frère de cet officier a été enlevé nuitamment et gardé des jours au SRI pour des raisons qui ne seront jamais identifier.
Lui, ce n’est pas seulement un beau-frère au colonel, mais un bras droit, un homme de confiance. Cet enlèvement sans mandat du procureur suivi de perquisition est-il une façon de mettre la pression sur l’officier Ouro ? Veut-on tirer la barbe pour ouvrir la bouche ? Difficile de répondre, la seule certitude est que même ceux qui courent ici et là pour sauver les meubles ne sont pas à l’abri, d’ailleurs monsieur Faure Gnassingbé n’a confiance qu’en lui-même, lui seul sait où il va et ce qu’il pense de chacun. Si quelqu’un compte sur le zèle pour rentrer dans les bonnes grâces ou se tirer de pétrin dans ce virage fatal, il a tiré par terre.
Il y a peu, Atcha Dédji de Togocel passait pour le dernier rempart qui donne de toute sa sueur pour sauver la barque, mais il arrive que lui aussi soit assimiler aux opposants. Au dernier passage de Tikpi Atchadam sur les antennes de la Radio Taxi-FM, les thuriféraires du système n’auraient pas fait de cadeau au DG de Togocel. On lui reproche d’ouvrir sa radio aux opposants, un Tikpi Atchadam de surcroit. Depuis la naissance sur la pointe des pieds de ce qui s’appelle TOGOCOM, voilà qui ajoute aux rumeurs de plus en plus persistantes de l’imminente éjection de monsieur Affo de sa direction pour répondre aux désidératas d’une femme qui ne supporte plus de voir la seule société d’état en bonne santé échapper à son exclusivité.
En période d’injustice, se taire c’est choisir le camp de l’oppresseur. Il est donc triste que de Mango à Sokodé en passant par Bafilo, nos cadres se caractérisent par leur silence. Personne ne dénonce que ce que l’armée fait endurer à son peuple, est anormal. Peur de représailles, soucis de sauver son pain, ils sont tous les mêmes, ils ont une seule et unique caractéristique, la lâcheté, la peur qui les tient tous au respect. Chefs spirituels, chefs traditionnels, cadres, si vous n’avez pu faire quelque chose pour arracher la prospérité pour vos populations parce que le partage du gâteau dans une minorité est un combat d’appartenance et de clivage, au moins rien ne vous empêche de vous organiser pour dénoncer une injustice. Là aussi est-ce un combat impossible?
La seule chose que certains cadres croient faire est de soudoyer les leaders d’opinion de nos localités pour qu’ils amènent les populations à tourner le dos au PNP. Peine perdu, c’est dire donc que même la récente visite nocturne d’une race de chefs traditionnels au palais de la marina au moment où leurs populations endurent les pires atrocités ne servira à rien. Voilà les caractéristiques qui déterminent les populations à lutter, à se mettre encore et toujours debout pour faire partir la monarchie. Le système politique en place, dans ses réponses violentes et sauvages aux aspirations populaire, a pu convaincre les Togolais qu’il n’a d’égard pour personne. Pour le RPT-UNIR, si quelqu’un ne reste pas dans les rangs, on l’extirpe de la minorité et on lui trouve la place qu’il mérite. Ce qui compte pour eux c’est la conservation du pouvoir, le pouvoir et encore le pouvoir, peu importe les méthodes pour y parvenir. La population a compris le message, elle sait dorénavant que sa survie dépend du départ de cette race, peu importe le sacrifice. C’est ainsi que, pour la marche de ce 04 octobre, même les blaisés de la dernière sauvagerie et les personnes de troisième âge de Bafilo ont marché pour le départ de monsieur ‘’Papa m’a dit’’.
A Sokodé, c’est la terreur qui fait la loi, l’armée a pris toute la ville en otage, à un moment donné, même les animaux n’ont pas échappé à la colère des hommes armés, c’est la razzia. Parce qu’on porte un treillis, parce qu’on porte une arme achetée par la sueur du contribuable, on peut se permettre tout sur une population qu’on accuse de ne pas regarder dans la même direction que ceux qui croient en un pouvoir héréditaire. Devant ces actes barbares, des cadres ont le courage d’aller sur le terrain, soi-disant, pour reconquérir les populations à la cause de la monarchie. A Sokodé, cette lâcheté ne se pardonne pas, nous ne voulons pas revenir sur comment des cadres, jadis respectés, ont été hués et humiliés par ceux qui les faisaient marcher sur tapis rouge. Dans toutes les localités où ils sont passés, c’est le sauve qui peut. Au-delà de Sokodé, dans l’Assoli, notamment à Gandè, la localité qui a sauvé Gilchrist de la mort suite à son attentat, des humiliations analogues ont été constaté. Un cadre, réputé être un génie de par ses études pointues aux USA, s’est retrouvé devant des jeunes surmontés auxquels il tentait un lavage de cerveau. « Avant ton arrivé, nous ne croyions pas qu’effectivement quand quelqu’un pousse trop loin les études il devient bête », c’est la réponse des jeunes à ses sensibilisations.
Le monsieur, dont nous gardons le nom, a passé toute sa vie aux USA par la méchanceté de Gnassingbé premier, sous le fils, le voici de retour, déjà abattu par l’âge, mais avec l’espoir de mouiller le maillot afin de sauver le fils pour avoir le foin. Il n’est pas seul, ils sont nombreux au pays qui ont dévalué leurs savoirs. Ils sont aveuglés par la peur, ils sont caractérisés par la lâcheté au pied d’un régime qui terrorise, le souci de garder les privilèges est tellement poussé que les populations de ces localités savent ce que pèsent désormais leurs cadres.
De Sokodé à Bafilo, les chefs charismatiques comme feu ESSO Irateyi sont vraiment morts. Honte à vous qui croyez encore en la possibilité d’étouffer la population de vos discours pour sauver une barque au creux des vagues. Si à ce siècle vous ne savez pas que tout ce qui commence finit, c’est tout simplement triste.
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Izotou Abi-Alfa/Le Rendez-Vous
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