Mandat social de Faure Gnassingbé: le bilan!

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Amélioration des conditions de vie des populations, voilà l’éternel chantier entrepris – dans les discours – par Faure Gnassingbé. Il en a encore rebattu les oreilles des Togolais, à l’occasion de son soi-disant état de la nation, avec des annonces tous azimuts, rappelant au bon souvenir du commun des citoyens qui semble l’oublier, la fameuse incantation de mandat social. A un an de la fin de ce 3e mandat placé sous le sceau du social, quel bilan peut-on en faire ?

 

Encore des annonces sur le plan social

Dans son discours présenté comme un état de la nation devant une Assemblée nationale de godillots vendredi dernier, Faure Gnassingbé s’est rappelé un peu l’existence de son bétail électoral. « Par le renforcement de ces mécanismes d’inclusion, la solidarité nationale se portera vers tous les citoyens ; Elle ira à la rencontre des plus fragiles ; Elle les prendra par la main pour réduire les disparités et pour resserrer les liens entres les togolais », croit-il dur comme fer. Ainsi il a fait un clin d’œil aux populations, avec des annonces tous azimuts. Morceaux choisis.

« En matière sociale, la priorité de l’emploi et l’accompagnement des populations les plus vulnérables seront poursuivis en même temps que l’extension de la protection sociale. Nous insisterons sur le renforcement des mécanismes d’inclusion » ; « Nous restons attachés à la recherche de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. J’ai instruit, dans ce sens, le gouvernement de prendre en compte -dans le cadre du prochain budget- les préoccupations visant à améliorer le pouvoir d’achat, à travers la revalorisation -dès janvier 2020- de la valeur indiciaire à hauteur de 5%. Dans la même dynamique, le gouvernement intensifiera les consultations et engagera les études actuarielles nécessaires pour la reprise -toujours dès janvier 2020- de l’allocation de départ à la retraite, d’une façon soutenable et compatible avec la poursuite des efforts d’assainissement de nos finances publiques. De plus, les dispositions sont d’ores et déjà prises pour la construction de deux locaux qui seront mis à la disposition des associations pour servir de maisons des retraités » ; « Outre les considérations liées à la place des aînés dans notre société, ces mesures se fondent sur notre engagement à faire de la justice sociale une réalité vécue par tous, à travers la redistribution effective des fruits de la croissance nationale » ; « Nos populations -à l’instar de celles des autres pays- sont actuellement sujettes à des questionnements touchant aux conditions de vie, à la persistance des difficultés économiques, à l’horizon qui semble ne plus annoncer des lendemains meilleurs. C’est la raison pour laquelle la dimension sociale est intégrée comme une priorité absolue à l’action de mon gouvernement » ; « Par essence, la République se tient aux côtés des plus vulnérables ; Pour leur offrir l’appui nécessaire à leur subsistance, mais surtout pour les conduire -progressivement- à se libérer de l’emprise de la pauvreté et à devenir eux-mêmes des acteurs de développement. Plusieurs programmes sont ainsi mis en œuvre, comme celui des filets sociaux et services de base que nous avons étendu il y a quelques jours à de nombreux ménages issus des cantons les plus défavorisés du Togo ».

 

Avant ce discours et ces annonces tous azimuts, un fait majeur dans le contexte du Plan national de développement (PND), du mandat social ou d’amélioration des conditions de vie des populations togolaises à signaler, les fameux transferts monétaires. L’opération a été lancée le mardi 23 avril dernier à Timbou dans la Préfecture de Cinkansé. Elle consiste à fournir de l’argent frais (sic), 15 000 FCFA par trimestre, aux ménages, dit-on, pour leurs besoins en alimentation, de santé, de scolarisation et de constitution de petites et moyennes épargnes, et ce durant deux ans. Ce sont 61 000 foyers des plus démunis de 209 cantons en tout qui seraient concernés. A en croire les chiffres officiels publiés, le financement dédié s’élève à 4,32 milliards de francs CFA dont trois (3) milliards dela Banque mondiale et 1,32 milliard financés de l’État togolais.

Quel bilan du mandat social ?

Ces annonces ne font que rappeler au goût du jour l’éternelle lutte pour l’amélioration des conditions de vie des populations criée sur tous les toits par Faure Gnassingbé depuis son avènement au pouvoir. Ce chantier se révèle finalement un travail de Sisyphe. Il ne se passe de discours – ils sont rares – où il n’aille sur cette piste, annonce des « mesurettes », généralement à l’orée des échéances électorales, du moins à des fins électoralistes. Toutes choses qui rappellent formellement au bon souvenir des Togolais le fameux mandat social.

En effet, dans le cadre de sa drague électorale pour s’octroyer un 3e mandat en 2015, Faure Gnassingbé a déclamé, pour aguicher les populations et arracher leurs voix, vouloir placer son quinquennat aux couleurs du social. Cela s’entendait d’une priorisation de la satisfaction des nombreux besoins des populations, lesquels ont été laissés de côté au nom des priorités des précédents mandats. Le premier a été dit placé sous le signe de la réconciliation, le second du développement des infrastructures socioéconomiques. Les Togolais croyaient donc que ce quinquennat 2015-2020 allait être celui de leur bonheur longtemps attendu depuis le débarquement au trône de Faure Gnassingbé. Mais à un an à peine de la fin de ce mandat proclamé social, les Togolais sont encore loin du nirvana promis. Les axes sur lesquels agir sont pourtant bien définis et simples.

 

Le Togolais espérait pouvoir simplement manger à sa faim, après un demi-siècle de régence du clan RPT/UNIR. Et pour ce faire, il suffisait à Faure Gnassingbé d’agir sur la cherté de la vie, augmenter son pouvoir d’achat. Dans ce contexte, les prix des produits de première nécessité et de grande consommation devraient être simplement rabaissés sur le marché. Mais les populations n’ont pas bénéficié de cette faveur (sic) de la part de Faure Gnassingbé. Il a plutôt laissé les consommateurs à la merci des commerçants véreux à la recherche des profits et qui augmentent les prix comme ils le veulent. Bien plus, le régime s’est employé durant tout le mandat dit social à saigner davantage les pauvres populations au pouvoir d’achat déjà presque nul, avec des hausses intempestives des prix des produits pétroliers à la pompe. Et parfois même, alors que le coût du baril est dans une dynamique baissière sur le marché international. Le 23 avril dernier, la Banque Mondiale a annoncé la chute des coûts sur le marché en 2019. Cette information devrait interpeller les gouvernants à revoir à la baisse les prix des produits pétroliers récemment augmentés. Mais le chantre du mandat social est resté indifférent, obligeant le Mouvement Martin Luther King, la Voix des sans-Voix à interpeller le gouvernement.

 

Au regard de la situation, les quelques « mesurettes » criées par le pouvoir ne semblent pas réduire un tant soit peu la misère et améliorer la situation. C’est ici que l’on peut trouver légitime la sortie d’Awuku Nador du Comité d’action pour le renouveau (CAR), qui déclarait que les 5% d’augmentation de la valeur indiciaire promis ne sont pas suffisants. C’est une gageure de dire que la pauvreté a reculé d’un iota à un an de la fin du mandat social. L’illustration notoire, c’est sans doute l’enchainement des annonces soi-disant d’inclusion sociale et économique, mais qui n’ont jamais d’effets. Tout porte à croire que le mandat proclamé social n’a jamais commencé….

Tino Kossi

Source : Liberté

Source : Togoweb.net