Dans le Sud-Est, là où sévit la sécheresse depuis maintenant cinq ans, et où une partie de la population peine à s’alimenter, la très grande majorité des candidats n’a pas pris le temps de se déplacer. Entre Amboasary et Ambovombe, deux villes peuplées du Grand Sud, ils sont trois candidats seulement à avoir fait le déplacement. Alors qu’attend cette population isolée du futur président ?
En arrivant par les airs, les rares candidats venus à la rencontre de la population rurale de l’Androy-Anosy ont offert des émotions fortes à ces habitants du bout du monde. Mises en scène de rockstar, discours messianiques. Le tout agrémenté de distribution d’argent ou de petits cadeaux.
Dady et Soloazee arborent fièrement leur nouveau t-shirt. Ils habitent chacun dans un village reculé et ont parcouru des heures de marche pour aller voir « le spectacle », disent-ils, de celui pour qui ils voteront désormais.
« Je pensais déjà voter pour Andry Rajoelina mais en plus de ça, quand je l’ai vu, il m’a donné un t-shirt ! », se félicite Dady. Soloazee, elle, glissera un bulletin de vote pour le président sortant. « Hery Rajaonarimanpianina est venu ici. Et on est allé le voir. On a reçu de l’argent : 2 000 ariarys par personne (0,50 euros) ! Et un t-shirt ! »
Des sauveurs inconnus
Les candidats se présentent comme les sauveurs de Madagascar. Et cela semble fonctionner. Assez cynique quand on sait qu’ils ont été les trois derniers dirigeants du pays. Une information souvent ignorée des habitants. Comme pour Fideline, par exemple. « Ah ? Non, je ne savais pas qu’Andry avait déjà dirigé le pays avant. C’est parce qu’il est venu ici la semaine dernière que je sais qui il est. »
Et si les journées de Fideline ou Mélanie sont occupées à trouver de quoi manger, tous iront voter, dans l’espoir que le nouveau président réponde à leurs attentes.
« Ce que j’attends de lui, c’est qu’il nous apporte de la bonté et qu’il arrête la famine », explique Fideline. « Moi ce que j’attends du président, c’est qu’il arrête les bandits et qu’il nous donne des aides, confie pour sa part Mélanie. Parce qu’ici, on ne sort jamais vraiment de notre pauvreté. » Des besoins vitaux, en somme.
Source : www.cameroonweb.com