Bangéli, une localité d’où sont originaires le
Franco-togolais Martin Kofi Yamgnane et le Lieutenant-Colonel Préfet de
Bassar Jean Faré Bonfo, révèle une bizarrerie. A quelques jours de la
rentrée scolaire 2019-2020, les élèves n’ont toujours pas leurs
résultats de fin d’année. Des enseignants n’ont pas été payés depuis.
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« Tant vaut l’école vaut l’école, tant vaut la nation », disait le
littéraire et homme politique haïtien Dantès Bellegarde. C’est ainsi
qu’il exhorte les gouvernements à tenir le cap de l’enseignement pour
parvenir à la construction des Nations. Mais force est de constater
qu’au Togo, l’Homme et l’éducation scolaire sont le cadet des soucis des
gouvernants.
Tout d’abord, la gratuité de l’école de zéro à 18 ans peine à
décoller du fait que les écoles publiques, sont non seulement en nombre
insuffisant mais en plus, ce sont les installations de fortune qui
abritent la plupart du temps les écoles. La grande majorité des écoles
publiques au Togo qui est logée hors des villes, est dite d’initiative
locale, c’est-à-dire que c’est la population rurale (des pauvres
paysans) qui sont à l’origine de la création de ces établissements
publics.
Ces écoles sont composées de hangars qui sont montées sur des piquets
en bois et dont la toiture est en paille. Parmi ces écoles, les plus
luxueuses sont couvertes de quelques feuilles de tôles ondulées souvent
offertes par des bonnes volontés. En dehors des écoles et les communes
dont les bâtiments sont parfois construits par l’Etat, la grande
majorité est l’œuvre des ONG se trouvant confrontées au manque de
ressources humaines et du matériel (bibliothèque, électricité,
ordinateur…). Les élèves des écoles de l’intérieur du pays sont ceux qui
prennent plus de repos pendant l’année scolaire. Pendant la saison
pluvieuse, les enfants sont en congés puisque l’école est impraticable.
Aussi les élèves sont-ils condamnés à rester à la maison toutes les fins
du mois (lors des virements de salaires), les enseignants devant se
rendre au centre-ville, où sont logées les banques, pour les opérations
bancaires. Plusieurs écoles n’ont jamais d’enseignant de SVT (Sciences
de la vie et de la terre), de mathématiques et de physiques et se
résument à la littérature pure et simple.
Alors, c’est lorsque l’école est créée que les paysans qui sont
initiateurs, font la demande au gouvernement togolais qui y affecte
quelques enseignants. Le reste des enseignants qui constitue la forte
majorité dans les établissements sont des volontaires. Ces enseignants
volontaires sont de deux catégories : le Volontaire National
d’Enseignement (VNE) qui est envoyé par l’Etat et qui perçoit un
émolument mensuel de 60.000 FCFA dont 20.000 à la charge des écoles ; et
les Volontaires Locaux (VL) qui sont exclusivement à la charge des
établissements scolaires. Les ressources qui servent à payer ces
volontaires sont constituées d’une partie de l’écolage des élèves et des
cotisations des paysans à travers les comités de parents d’élèves et
les dons des natifs vivant à l’étranger.
C’est le cas de l’« Ecole Centrale » (CEG et Lycée) de Bangéli. A la
fin de l’année académique 2018-2019 qui s’est achevée le 5 juillet
dernier, seuls les élèves des classes d’examen (Troisième, Première et
Terminale) ont obtenu leurs résultats. Le problème est simple. C’est le
non payement de quatre (04) mois d’arriérés aux enseignants volontaires
qui refusent de remplir les bulletins des classes de passage. Saisis de
la situation, les inspecteurs préfectoraux ont fait le déplacement de
Bangéli pour rencontrer les grévistes et leur faire des propositions de
sortie de crise. Devant le refus des volontaires, un compte rendu fut
fait au Directeur Régional de l’éducation basé à Kara qui, à son tour,
les a écoutés. Mais rien n’a bougé. Rappelons que l’effectif des
enseignants de cette école centrale est de 35 agents dont 9 volontaires
locaux et 8 volontaires nationaux. L’ardoise de l’établissement
vis-à-vis des frondeurs s’élève exactement à 1.440.000 FCFA. Et c’est
cette modique somme qui bloque l’avenir des enfants qui ne savent sur
quel pied danser. Comment en est-on arrivé là en cette année 2018-2019 à
l’heure du PND?
La bonne gouvernance aurait voulu que ce soit l’Etat qui rémunère les
enseignants, puisqu’il s’agit ici d’une école publique, donc relevant
de l’éducation nationale. Mais au Togo de la dynastie des Gnassingbé,
l’Etat est plus préoccupé par le sort des morts que celui des vivants.
Selon l’ancien député Kantin Djagre, c’est l’ancien Proviseur de
cette école, M. Koibouti qui aurait emporté les ressources de
l’établissement, composées essentiellement du paiement des frais de
scolarité qui devraient servir à payer les enseignants volontaires.
Puisqu’il est affecté au Lycée de Bitchabé vers la fin du 1er trimestre
de l’année. M. Kantin Djagre, qui fut également proviseur de l’école
centrale avant d’aller au parlement, compte saisir les autorités de
l’enseignement afin de réclamer le remboursement des sous.
Le village de Bitchabé est la localité directement attenante à
Bangéli et non loin de la Préfecture de Bassar. Certains parlent d’une
complicité avec le Chef canton de Bangéli, président de l’association
des parents d’élèves dans le détournement des fonds estimés à environ
1.800.000 FCFA de l’établissement public.
D’autres sources proches de l’administration de cet établissement
infirment la version de l’ancien député en estimant que l’ancien
Proviseur Koibouti aurait utilisé les sous pour solder les dettes dudit
établissement avant de passer le témoin à son successeur. Quoiqu’il en
soit, les élèves de cette école n’ont pas leurs bulletins pour connaître
leur sort pour la rentrée 2019-2020 qui commence le 16 septembre
prochain. Contactés par notre rédaction, les responsables de l’école
centrale de Bangéli et les inspecteurs de l’enseignement secondaire de
Bassar et le Directeur Régional promettent de vite régler la situation.
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Quand la question leur a été posée de savoir où ils trouveront les
fonds nécessaires pour régler les enseignants mutins, les yeux sont
tournés vers les natifs de Bangéli vivant à Lomé. Selon le président de
l’association des parents d’élèves (APE), l’ancien député Kantin Djagre
serait en train de mobiliser les siens en vue de collecter le montant
nécessaire.
C’est la triste réalité qu’en pays bassar-konkomba, tout se règle à
l’intérieur des cantons ou villages. Et c’est une constance que la
localité de Bangéli ne regorge pas de cadres. Même s’il en existe, la
politisation à outrance du régime n’encourage pas la synergie d’actions
et la cohésion. Car toutes les actions de mécénat doivent porter la
marque de Faure Gnassingbé autrement ça ne passe pas.
La situation de l’éducation au Togo est très symptomatique. L’une des
incongruités vient du fait que le ministère stratégique de
l’Enseignement primaire et secondaire n’a pas de locataire et ce
portefeuille est simplement rattaché à la Primature. Où est le Premier
ministre Komi Klassou qui s’était targué de pouvoir assumer l’éducation ?
B. Douligna
Source : Liberté
Source : Togoweb.net