Lutte contre la corruption au Togo : La HAPLUCIA peine à convaincre

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Lutte contre la corruption au Togo : La HAPLUCIA peine à convaincre

Après avoir célébré en début d’année avec faste la Journée internationale de lutte contre la corruption sous le thème : «Unis contre la corruption, pour le Développement, la Paix et la Sécurité », la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA) n’a plus fait parler d’elle. Visiblement, les responsables de cette institution n’avaient plus quoi se mettre sous la dent.

C’est à la surprise générale qu’elle a initié, le 7 septembre dernier, une activité qui a été officiellement lancée par un cadre du ministère de la Justice. Cette activité, c’est les travaux sur la réunion constitutive du cadre de dialogue et de concertation sur la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées au Togo.

Il ressort que cette rencontre à laquelle ont pris part des acteurs de la société civile, des services publics et privés, a pour objectif de fédérer les énergies afin de lutter efficacement contre ce fléau qui est une plaie pour l’économie du pays. Selon Innocent Egbetonyo, Directeur de Cabinet du ministre de la Justice qui a eu l’honneur de lancer cette réunion, l’élaboration du cadre de dialogue et de concertation va promouvoir l’adhésion des secteurs publics, privés et la société civile à la prévention et la lutte contre la corruption et les infractions assimilées et créer les conditions nécessaires a la participation des citoyens à la lutte contre ce fléau.

Toujours selon lui, il s’agit de définir des stratégies de prévention et de répression de la corruption et des infractions assimilées afin de renforcer la transparence et l’obligation de la reddition des comptes dans la gestion des affaires publiques, du secteur privé et des organisations de la société civile. M. Wiyao Essohana, Directeur de la HAPLUCIA s’est félicité de la tenue de cette réunion et du fait que tout le « monde » s’intéresse aux initiatives de la structure dont il est charge.

HAPLUCIA, un machin pour bluffer le peuple

Il n’est pas interdit de croire que tout le « monde » s’intéresse aux initiatives d’une structure mise en place par Faure Gnassingbé, au grand bonheur de ses sbires qui ont pris en otage l’économie du Togo. Cela dépend naturellement du côté où on se trouve pour avoir foi ou non à une institution qui a pour mandat de lutter contre la corruption. Pour des honnêtes citoyens qui sont plongés dans la misère par ceux qui les dirigent, la lutte contre la corruption apparaît comme un slogan des tenants du pouvoir pour non seulement flatter le peuple, mais pour couvrir davantage la minorité pilleuse. Mais si on fait partie de ceux qui se réjouissent sans impunité de la richesse de ce pays, on peut penser que tout le monde est content de cette trouvaille. Tout le monde savait que la HAPLUCIA est née avec des plombs dans l’aile dans la mesure où celui qui l’a engendre avait implicitement reconnu qu’une minorité accapare les richesses du pays. Sachant d’avance que cette institution de lutte contre la corruption n’est qu’un machin pour flouer le peuple et couvrir leurs crimes, la minorité opère à ciel ouvert et sans crainte au point que des observateurs avisés n’ont pas hésité à affirmer que c’est sous le règne de Faure Gnassingbé qu’il y a eu plus de scandales financiers.

En effet, sous l’actuel président, des riches ont poussé comme des champignons. Ce qui est frustrant, ce sont des gens de son entourage qui, en quelques années, ont fait fortune en usant du vol, de la ruse et de la force. Le détournement des fonds publics est la chose la mieux partagée. Il n’est pas assez de rappeler les scandales financiers orchestrés lors de la fameuse «politique des grands travaux» que Faure Gnassingbé. Le scandale qui est encore vivace dans les mémoires des Togolais, est le détournement des 10 milliards de FCFA sur les 26 milliards de FCFA alloués pour la réfection de la route Lome-Vogan-Anfoin. Bien que des noms des pontes du pouvoir et reconnus comme des protégés de Faure Gnassingbé soient cités dans cette affaire, la HAPLUCIA n’a pu les interpeler jusqu’à ce jour. Ces derniers continuent de circuler librement dans le pays comme sur un territoire conquis. Dernièrement, c’est une affaire de 600 millions de nos francs qui a défrayé la chronique. Ce fonds a été détourné par un ministre qui est encore aux affaires, mais il n’est pas inquiété. Tout porte à croire qu’ils rendent compte de leurs forfaitures à qui de droit pour échapper à la justice.

Il est clair que se réunir pour définir des stratégies de prévention et de répression de la corruption et des infractions assimilées, est une perte de temps, mais aussi ces stratégies sont définies pour coincer ceux qui, n’appartenant pas au cercle de la minorité, s’amuseraient à se livrer à ces pratiques

Source : L’Alternative No.734 du 11 septembre 2018

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