Des milliers de personnes ont de nouveau manifesté dans les rues de Lomé pour demander la démission du président, au pouvoir depuis 2005.
Des milliers de Togolais répondant à l’appel de l’opposition ont manifesté, mardi 7 novembre, dans les rues de la capitale, Lomé, contre le régime du président Faure Gnassingbé confronté depuis août à une crise politique aiguë. Au moins seize personnes, dont des adolescents et deux militaires lynchés par la foule, ont ainsi été tuées en plus de trois mois, selon un bilan établi par l’AFP. Les violences ont aussi fait quelque 200 blessés.
A Sokodé (nord), deuxième ville du pays et bastion d’un des opposants, Tikpi Atchadam, les tentatives de rassemblements, autorisés, ont été dispersées en fin de matinée par les forces de l’ordre. « Depuis hier soir, l’armée est déployée dans les quartiers et pourchasse les jeunes militants jusque chez eux », a affirmé le représentant local de l’Alliance nationale pour le changement (ANC, opposition), Ouro Akpo Tchagnaou. « Ils dispersent tout rassemblement dans les rues et utilisent des bâtons et des chaînes pour les bastonner. »
Mardi à Lomé, l’un des leaders historiques de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, a réagi à l’annonce faite la veille au soir par le gouvernement, affirmant prendre « toutes les dispositions nécessaires pour l’ouverture d’un dialogue avec l’ensemble de la classe politique togolaise ». « Nous sommes favorables au dialogue et nous l’avons toujours dit (…) mais pour discuter des conditions de départ de Faure Gnassingbé », a dit Jean-Pierre Fabre. Un préalable difficilement acceptable pour le pouvoir en place.
Médiateurs régionaux
Dans le même communiqué, le gouvernement – répondant à « son souci de promouvoir un climat de paix et de cohésion sociale » – avait également annoncé la libération de quarante-deux personnes jugées et condamnées dans le cadre des récentes manifestations de rue. Le gouvernement a aussi décidé de lever le contrôle judiciaire qui pesait sur Jean Pierre Fabre, inculpé dans l’affaire des incendies des marchés de Lomé et de Kara, une affaire qui remonte à janvier 2013.
Le troisième mandat du président togolais, au pouvoir depuis 2005, court jusqu’en 2020. L’opposition demande un retour à la Constitution de 1992 limitant à deux le nombre de mandats et la démission de Faure Gnassinbgé, héritier d’une famille à la tête du Togo depuis un demi-siècle. Le gouvernement compte organiser un référendum pour faire adopter une réforme prévoyant notamment une élection présidentielle à deux tours (contre un seul actuellement) et la limitation des mandats. Mais cette dernière mesure n’est pas rétroactive, permettant à Faure Gnassingbé de se présenter aux scrutins de 2020 et de 2025.
Selon une source proche de la présidence togolaise, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a effectué, dimanche, une brève visite à Lomé pour s’entretenir avec son homologue togolais de la crise qui secoue le pays. D’autres chefs d’Etat de la région, comme le Béninois Patrice Talon et le Guinéen Alpha Condé, ont également proposé leurs services de médiateurs ces dernières semaines, sans permettre jusque-là de réunir pouvoir et opposition à la même table. L’opposition appelle à de nouvelles manifestations mercredi et jeudi.
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