Longs règnes en Afrique: Le Piège de l’Impossible Lutte Contre la Corruption

0
127

De plus en plus en Afrique, le syndrome de la longévité au pouvoir tend à se propager. Du Togo en passant par le Cameroun et le Congo Brazzaville, s’éterniser et mourir au pouvoir est en train de devenir une norme. Pendant que leurs populations broient du noir, dans les pays où les dirigeants s’accrochent au pouvoir pour des mandats interminables, la corruption devient un mal systémique.

Au lieu d’œuvrer pour le développement et le bien-être des citoyens, ces régimes se transforment en machines de survie, où chaque jour passé au pouvoir est une tentative désespérée de protéger le leader et son clan contre les nombreuses inimitiés qu’ils se sont créées.

Lorsque les chefs d’État prolongent leur règne au-delà de l’alternance démocratique, comme on l’observe dans plusieurs pays africains, un cycle vicieux s’installe. Ces régimes à vie, marqués par des 3e, 4e, voire 5e mandats, entraînent des conséquences néfastes pour les institutions et le tissu social de l’État.

L’une des conséquences les plus visibles de ces longues dictatures est l’impossible lutte contre la corruption, qui devient un cancer rongeant toutes les couches de la société.

En réalité, lorsqu’un président reste au pouvoir pendant des décennies, son régime finit par s’entourer de personnes dont l’allégeance ne repose plus sur des principes de bonne gouvernance, mais sur la nécessité de protéger leur propre pouvoir et celui du dirigeant.

En contrepartie, ces individus se voient offrir une liberté totale pour piller les ressources du pays, détourner les fonds publics et installer un climat d’impunité généralisée.

Cette impunité est d’autant plus accrue que le président, dans sa quête de survie, devient otage de cette minorité pilleuse qui l’a aidé à se maintenir au pouvoir. Il ne peut alors plus entreprendre de véritables réformes, ni lutter contre la corruption, sans risquer de se retrouver seul face à une armée d’ennemis, non seulement politiques, mais aussi au sein de sa propre famille politique, voire biologique.

Dans ces régimes, toute tentative de remise en ordre, toute initiative de bonne gouvernance est immédiatement perçue comme une menace existentielle par ceux qui bénéficient de l’anarchie régnante.

Dès lors, si le dirigeant tente de mettre en place des réformes pour combattre la corruption ou renforcer l’État de droit, il est vite écarté, souvent par un coup d’État ou par un successeur choisi parmi ceux qui souhaitent que le désordre continue. Ainsi, les longues présidences ne font qu’alimenter un système où les pratiques corruptives deviennent la norme, s’ancrent dans le quotidien et se transmettent même en cas d’alternance.

Au fil du temps, l’absence de changement à la tête de l’État ancre la corruption dans toutes les sphères : les institutions économiques, judiciaires, militaires, et sociales sont minées par une quête de survie au lieu de se concentrer sur leur mission de service public.

L’État lui-même devient un outil au service de ceux qui sont au pouvoir pour se protéger contre les ennemis qu’ils se sont créés tout au long de leur règne.

En définitive, ces pays deviennent des États sans avenir, où la corruption, l’impunité et la mauvaise gouvernance condamnent le développement. La véritable rupture pour ces nations ne réside pas seulement dans l’alternance, mais dans la mise en place de mécanismes durables qui assurent la responsabilité, la transparence et la primauté des intérêts de la nation sur les intérêts privés de quelques-uns.

Toutefois, dans un système où l’avenir semble toujours renvoyé au passé, l’espoir de changements structurels demeure faible voire impossible.

Les longs règnes ne sont jamais favorables à la lutte contre la corruption, car ils finissent par institutionnaliser cette dernière. Tant que la primauté sera donnée à la protection des régimes plutôt qu’au développement des nations, les espoirs d’un futur meilleur resteront utopiques.

Pour ces pays, la rupture doit commencer par une gouvernance qui met l’intérêt général au-dessus des calculs de survie.

François Bangane

Source: lalternative.info

Source : 27Avril.com