«Le despotisme frappe son style de sottise». Dans son œuvre, Promenade dans Rome, STENDHAL nous rend compte d’un écheveau d’aberrations qui renverse les cités sous le contrôle des armes. Ceux qui ont les armes en bandoulière pour gouverner n’ont que de puérilités politiques à servir avec une prétention de grandeur et de puissance. La vacuité éthique et la déraison qui les assiègent les basculent dans le tourbillon du folklore médiatique où le badigeon manqué et le mensonge grossier sont les confettis de leur auto- célébration. Ils n’ont jamais d’initiatives propres en faveur de la collectivité nationale. Les tapages et les agitations de leur rang de médiocres supérieurs renversent de honte la République.
Dans notre pays où tout est exploit à rebours, les ruines de l’esprit de ceux qui ont incliné la République sont aux éclats. Les usurpateurs impénitents ont fait dans la durée du pathologique et du faux les normalités politiques et leur accoutumance à servir l’ignominie éclabousse la cité, nos concitoyens et surtout les générations montantes.
L’esprit jeune se corrompt vite lorsqu’il s’habitue à encaisser des faussetés, le mensonge régulier, les falsifications crues et cruelles, de grandes légèretés éthiques et le triomphe de l’immoral. Dans ce pays où le bon exemple est introuvable chez ceux qui font office de gouvernants, le socle éducatif et la pédagogie par l’exemple s’érode et disparaît. Les crimes s’étendent dans le mental du citoyen qui n’a plus de repères.
Nombre de parents sont profondément perturbés, désorientés, désespérés en lisant les déviances de leurs progénitures malgré les sacrifices personnels auxquels ils sont attachés pour le redressement civique, moral, intellectuel de leurs enfants. Le milieu togolais n’est plus sûr pour une éducation et pour une formation à la décence et au non-sens. Les pollutions politiques servies en permanence dans les pures médiocrités annulent sévèrement l’ancre éthique qui est le châssis de l’évolution de la personnalité.
Une gouvernance qui se préoccupe exclusivement du pouvoir et qui tient fermement le trône de la dynastie n’a plus de main à libérer pour s’occuper de la noblesse de la formation et de l’ordre des modèles des grandeurs qui incitent les jeunes esprits à la saine compétition .
Quand l’éducation est à l’abandon et que la politique de la force s’érige en droit, quelles ambitions les gouvernants peuvent-ils insuffler à leurs concitoyens et particulièrement à la jeunesse ?
L’indigence politique en ces quinze années de règne du « Timoniertricule » n’a-t-elle pas appauvri davantage notre éducation et provoqué un désenchantement populaire ?
1) Une jeunesse assise sur la drogue
Le Togo de la sombre dynastie ne s’occupe de rien d’autre que le pouvoir à n’importe quel prix, l’enrichissement illicite laissant le pays à l’abandon et la jeunesse sur les ruines de ses pratiques et méthodes.
Les coups de force, les coups tordus, les truanderies électorales, le viol permanent de la Constitution, des lois de la République, le brigandage judiciaire que la cour communautaire de la CEDEAO reproche toujours à nos autorités dans ses ordonnances sont d’un niveau à répandre la tricherie, à entretenir le non-sens, à donner un fouet à l’immoralité aux jeunes esprits.
Les citoyens qui vivent sous l’empire du banditisme politique et des institutions de remplissage récoltent les déchets de la gouvernance. Ils sont vite contaminés par la pollution aggravée du sens intellectuel et moral de leurs gouvernants, surtout les esprits jeunes qui n’ont pas une grande expérience de la vie. Ils s’identifient spontanément à ceux qui se donnent un podium de leaders dans une course effrénée aux transgressions les plus osées, les plus spectaculaires sous le parapluie atomique de l’impunité.
Les images qui s’introduisent aisément dans l’esprit des jeunes les mettent à l’école des aînés ou de leurs pères. Nos rues, nos écoles débordent de messages de la gouvernance incivique.
Tous les régimes qui créent la milice et qui entretiennent des hors – la – loi ne savent pas être laborieux pour la formation morale, éthique, civique et intellectuelle. Même les miliciens de ce régime ont la conscience troublée de leurs méfaits que beaucoup trouvent dans la drogue l’exutoire éphémère et mortel de leurs crimes. Les apparentements mafieux du pouvoir avec des délinquants civils, économiques n’a aucun effet positif sur l’esprit de notre jeunesse. Le royaume du ciel bleu a ainsi pourri le mental des générations montantes qui ne s’interdisent plus rien dans la gamme des vices, de la transgression de l’immoral. La bêtise gratuite a pris siège dans le comportement de nos concitoyens, parce que le Rassemblement marin en diffuse dans son flux de visibilité quotidienne.
Quand la mauvaise conscience est reine dans la délinquance sénile, le relais est immédiat dans la délinquance juvénile. Le vacarme marin n’est qu’une somme de déplacement d’esprit lugubre ou s’étendent des flots de perversité qui ont noyé le pays dans des anomalies qui développent dans la cité le pathologique dont la drogue, le chanvre indien, l’alcool à « gogo ». Le pouls de la déviance aggravée se prend aisément chez les conducteurs de taxi–moto et chez nos élèves des lycées et collèges. Ils s’abreuvent de tous les excitants, de toutes les drogues et si longtemps que le mal est partent rampant, autant chez les garçons que chez les filles. Personne ne fait de ce fléau une occupation cathédrale et la précocité à la consommation du chanvre indien a atteint une proportion alarmante observable déjà sur le registre de l’hôpital psychiatrique de Zébé, à ANEHO. Les fous de la drogue ou de l’opium viennent de partout pour la désintoxication à Zébé. Seuls les parents qui ont un peu de moyens parviennent à conduire leurs enfants dans ce centre hospitalier.
L’histoire de ce pays s’écrit aujourd’hui à l’encre de la drogue. Nos villes, nos quartiers, nos plages sont enfumés de ce parfum détestable. Sur toute l’étendue du territoire, de petits coins disséminés s’érigent pour des chutes, des prises journalières. C’est honteux pour ce gouvernement que Yark qui a les yeux pour suivre les invisibles, ceux qui du cimetière de Kamalodo migrent de leurs âmes pour brûler le Grand marché de Lomé ne puisse identifier les sources de ce fléau destructeur et les paradis visibles de Rassemblement pour le chanvre indien. Dans L’Ecrivain et son ombre, Gaëtan PICON a raison de dire : « Ce n’est pas l’histoire qui fait le jugement .C’ est le jugement qui fait l’histoire ». L’histoire de la dynastie des GNASSINGBE est une destruction diagonale du pays, de ses ressources humaines et économiques. Le spectacle est sous nos yeux dans ce pays devenu une vaste maternité ou les parents ne veulent plus laisser grandir leurs enfants.
2) Un avorton de PND
Le Plan National de Développement (PND) qui ne donne pas une âme à la République, une confiance dans les populations, une force aux institutions, une élévation éthique à la politique, une puissance morale et civique à la jeunesse est une chimère. Ce sont les hommes qui portent le développement. Un plan de Développement qui n’intègre nullement le droit à la justice, à la protection de toutes les classes sociales est une nullité politique servie pour des décaissements obscurs.
Les fonds perdus dans des bricolages artistiques à vouloir mettre ce régime sur des guirlandes ostentatoires n’ont servi qu’à enrichir les pieuvres et les vautours qui ont mis à notre jeunesse le supplice du collier de la drogue avec l’espoir d’amoindrir leur conscience et d’étouffer le réveil tonitruant d’une puissance de contrariété ou de contestation.
Il est des criminalités lancinantes et pernicieuses et des criminalités étincelantes de brutalité. Les deux types sont les armes de la dynastie de la répression qui dans une aventure incivique et immorale, se prête une bonne conscience à travers un ronronnement médiatique du PND, après quinze ans de règne du fils du père qui a gardé le trône trente-huit ans durant dans un désastre politique, social et économique.
Rien ne se bâtit sur le crime, la mauvaise conscience, la mauvaise foi, l’immoralité, l’incivisme. Lorsque les gouvernants ne sont d’aucun principe d’identité, lorsqu’ils n’ont pas le statut des modèles, leurs tares éclaboussent tout le pays, la vie de la nation qui perd les jalons de son identité. Le désordre plantureux qui s’est installé dans tous les comportements de la vie publique désoriente particulièrement nos jeunes qui n’ont plus aucune représentation favorable ou appréciable de l’Etat.
Quand dans un pays les chaînons de construction nationale sautés, la reconnaissance de l’Etat dans le mental du citoyen est fragile, vague ou inexistante. Il n’y a que le verbiage politique qui se donne la peine d’évoluer sur des principes faux aux fins de tromper les petits esprits et les crédules. La formation et la santé de la jeunesse togolaise constituent le châssis de tous nos plans efficients de développement. Comment nourrir un rêve national de développement sur le plateau des intelligences enfumées d’option ?
On ne fait jamais de grandes choses en brûlant les étapes d’assemblage des données qui concourent au succès. La santé du peuple et la protection du citoyen sont les choses les plus importantes et les plus évidentes de tout programme de développement. Une jeunesse gravement et massivement malade de ses gouvernants n’a aucune disposition à les écouter, à les accompagner. Quand Faure s’échine dans son « One man show » à caqueter sur son PND, la jeunesse, dans une ruine sévère de l’esprit, est totalement absente dans toutes les formes de complicité heureuse qui mettent un fouet aux ambitions collectives.
Décidément, le gout de la grandeur à une puérilité étonnamment constante chez le Prince. Tous ses projets à la fanfare s’éteignent soudainement de leurs paradoxes, de leurs absurdités et de leur inefficacité. La brume a envahi le PND parce qu’il porte trop de faussetés actives dans sa conception et dans ses prétentions. MONTESQUIEU avait-il raison d’écrire dans ses pensées : «Les princes sont des bêtes qui ne sont pas attachées» ?
Ce qui probablement fausse tout, c’est de croire qu’un plan de développement en lui-même suffit au bondissement national. Les conditions de possibilités d’une réussite d’un projet résident dans les esprits qui l’accompagnent. Ni l’esprit de la gouvernance, ni celui des forces vives de la nation ne sont en phase pour une quelconque espérance.
Source : L’Alternative No.793 du 23 avril 2019
Source : Togoweb.net