Locales/Révision des listes électorales bâclée : Les méthodes de gangstérisme d’une CENI aux ordres

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Locales/Révision des listes électorales bâclée : Les méthodes de gangstérisme d’une CENI aux ordres

Pour la première fois qu’il veut organiser les élections locales, après plus de tente (30) ans de prise en otage des localités de base par des préfets et présidents de délégations spéciales, nommés pour services rendus à la dictature, le régime cinquantenaire montre encore sa face hideuse au monde entier, dans des préparatifs qui laissent le peuple sans voix. La preuve en est les quatre jours de recensement décidés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), appuyée par le gouvernement, envers et contre tous (partis politiques de l’opposition, organisations de la société civile, responsables religieux ont demandé la prorogation du délai de cette révision des listes en vain).

Les présidents de la CENI se succèdent et se ressemblent presque. Seulement que chacun essaie de donner un autre visage à la fraude qui a toujours été la principale caractéristique de cette institution que le régime tient de main de fer. Aujourd’hui, tout indique que le RPT/UNIR n’a plus froid aux yeux. Les méthodes de fraudes, les ingrédients pour écarter une partie de l’électorat, surtout celle acquise à l’opposition et même ses responsables, sont mises en branle à ciel ouvert, avec menace de recourir à l’armée à la moindre contestation de ces pratiques moyenâgeuses.

Depuis que l’opposition a déclaré qu’elle ne boycottera pas les élections locales, le régime cinquantenaire, dans sa folie de conservation du pouvoir, a décidé de verrouiller le processus. Bien avant même le début de ces opérations de révision, des informations indiquaient que des manœuvres se faisaient en coulisses pour empêcher le maximum d’électeurs favorables à l’opposition de se faire enregistrer sur les listes électorales. Les partis d’opposition qui n’avaient pas pris part aux dernières élections législatives ont effectivement appelé leurs militants et sympathisants à aller se faire enrôler. C’est ainsi qu’on a vu du monde dans les Centres de recensement et de vote (CRV) les quatre jours que se sont déroulées ces opérations sur le territoire. Mais le régime de Faure Gnassingbé, de son côté, a mis en branle son plan sulfureux. Et ce qui devait arriver, arriva dans ces centres, avec la désolation qu’on connaît au niveau des populations qui ont consenti d’énormes sacrifices, laissant leurs occupations quotidiennes pour se faire enregistrer.

Comme l’a prévu le régime, les graves dysfonctionnements observés dans les CRV tout au long de ce recensement sont créés exprès pour empêcher les gens de se faire massivement enregistrer. Et c’est regrettable pour un Etat qui se dit Etat de droit et de démocratie. Des machines qui tombaient régulièrement en panne, lenteur dans l’enregistrement des électeurs, bref, des kits qui fonctionnaient comme si on les avait programmés pour ce faire. Les électeurs ont passé de longues heures dans les files d’attente, parfois pour retourner chez eux bredouilles.

« 8h35, arrivé. 9e dans la file. 11h44, accès à la salle. 11h47, formulaire en main. 12h13, machine plantée. 12h57, un agent me fait passer dans une autre salle, honteusement, je passe devant des gens en attente. 13h15, on me ramène dans la première salle. 13h43, j’ai ma carte. Ici, c’est vraiment Togo », c’est le calvaire vécu, le samedi 18 mai dernier, par Prof David Dosseh, premier porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD). Comme lui, beaucoup d’autres électeurs ont subi les mêmes travers lorsqu’ils se sont rendus dans les CRV pour s’inscrire sur les listes électorales.

A l’unanimité, l’opposition dénonce le démarrage tardif des opérations dans plusieurs centres, surtout le premier jour, la lenteur des appareils et du système de transmission des données, des difficultés d’impression des cartes d’électeurs, le refus d’enrôlement sur la base des cartes d’électeur antérieures à 2018 et la suppression de certains CRV par manque de kits, avec pour conséquence le parcours de plusieurs kilomètres par les populations pour se faire recenser.

Parcourir des kilomètres pour se faire recenser

A en croire un responsable d’une Commission électorale locale indépendante (CELI) rencontré à Lomé, en 2018, beaucoup d’électeurs se sont fait recenser. C’est pourquoi la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a jugé bon de fermer certains centres. Cet argument ne tient pas la route, surtout du moment où on sait que, déjà au premier jour, les populations ont pris d’assaut les CRV et manifesté leur désir de se faire recenser. Cela n’a pas amené l’institution en charge d’organiser et de superviser les élections au Togo à rectifier le tir et rouvrir ces centres.

La suppression des centres a beaucoup embêté les populations, obligées de faire des kilomètres, quitter une localité pour une autre, avant de se faire enregistrer. Des gens ont parcouru plus d’une dizaine de kilomètres, à en croire les informations recueillies de l’intérieur du pays.

La complicité de certains OPS

Dans certains CRV, les Opérateurs de saisie se sont comportés comme des chevilles ouvrières de la dictature qui tente de se maintenir au pouvoir. C’est ainsi qu’on demandait aux femmes ayant des enfants, de montrer leur certificat de mariage avant de se faire enrôler sur la liste. Or ces dispositions ne se trouvent nulle part dans le Code électoral. Même ceux qui ont des cartes d’identité ayant expiré ne sont pas autorisés à s’inscrire sur la liste. Certains OPS n’hésitaient pas à déclarer qu’ils ont reçu des consignes strictes. Pis, ces comportement d’un autre âge ont fait l’affaire de certains représentants des chefs cantons qui ont rançonné les populations.

Des représentants des chefs canton qui demandent de l’argent avant de témoigner…

Des informations persistantes, venues de certaines localités font état de rançonnement des populations par des représentants des chefs canton qui exigaient de l’argent avant de témoigner pour ceux qui n’ont aucune pièce d’identité. Une situation déplorée par les populations qui n’ont pas hésité à la crier à ceux qui voulaient les entendre.

Indignées par cette pagaille organisée par la CENI et le gouvernement, la Coalition de l’opposition et l’Alliance nationale pour le changement (ANC) ont interpellé le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi, pour la prorogation du délai du recensement. Mais la CENI, à travers un communiqué rendu public samedi dernier, n’a prorogé ces opérations que de 24 heures. Ce qui a été jugé insuffisant, vu l’affluence dans les CRV dimanche dernier.

D’aucuns ont cru dès l’annonce de la date des élections locales que la démocratie allait pointer son nez au Togo. Mais c’est mal connaître le régime de Faure Gnassingbé très hostile aux principes qui régissent cette démocratie. Comme les élections législatives, les méthodes d’un autre siècle sont reconduites dans le cadre des locales, même si c’est à quelques différences près. La volonté d’empêcher un maximum de gens de se faire inscrire s’est clairement affichée au cours de ce recensement.

Les vieilles méthodes, visiblement, ne changeront pas. Le processus devant conduire aux élections locales est déjà verrouillé. Le pouvoir à tout prix a rendu ce régime complètement fermé au bon sens. Et comme ne cessent de le répéter des observateurs, et surtout la société civile et les partis de l’opposition, il appartient au peuple togolais de reprendre sa souveraineté.

Source : www.icilome.com