Depuis quelques mois, la désolation et la colère gagnent les
acquéreurs du domaine englouti par le Projet de Développement Rural de
la Plaine de Djagblé (Pdrd). Et pour cause, ces derniers dont les terres
ont été expropriées en faveur du projet éprouvent aujourd’hui toutes
les difficultés à entrer dans leurs droits. Ceci, alors même que la mise
en œuvre du projet a effectivement démarré, sans le moindre
dédommagement.
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«Le droit de propriété est garanti par la loi. Il ne peut y être
porté atteinte que pour cause d’utilité publique légalement constatée et
après une juste et préalable indemnisation. Nul ne peut être saisi en
ses biens qu’en vertu d’une décision prise par une autorité judiciaire
», voilà ce que stipule l’article 27 de la Constitution togolaise.
Malgré sa clarté, force est de constater que depuis quelques mois,
cette disposition pertinente de la loi fondamentale du pays est
allègrement violée. Ceci, sous le regard indifférent, voire complice de
nombre d’autorités pourtant censées jouer la carte du droit et de
partialité. En effet, ils sont plusieurs acquéreurs de terrains victimes
de l’expropriation, par l’Etat, de leur domaines étendu sur presque 300
hectares. Ceci, dans le cadre de la mise en œuvre du le Projet de
Développement Rural de la Plaine de Djagblé (PDRD). Un projet qui
permettra de réaliser une production de 5 tonnes de riz par hectare, de
mettre sur les marchés de consommation 2040 tonnes de riz décortiqué par
an, d’accroître significativement les revenus des producteurs à hauteur
de 816 millions de FCFA par an.
Si à l’origine, nul ne peut s’abstenir de louer la portée très viable
de cet ambitieux projet essentiellement tourné vers le développement,
puis qu’il permettra, à terme, à la plaine de Djagblé d’être désenclavée
grâce à l’aménagement des pistes rurales, la mise en place des
mini-adductions d’eau et la construction d’un centre de santé, il n’en
demeure pas moins vrai que sa mise en œuvre est jonché de plusieurs
irrégularités contre lesquelles s’insurgent les acquéreurs.
En effet, contrairement aux dispositions légales et à l’accord de
principe pris entre la direction du projet promettant à ces derniers une
rétrocession de domaine soit à Djagblé, soit à Avéta, il saute
clairement aux yeux que c’est plutôt la zone de Zeglé qui est choisi au
dernier moment. Ceci, sans que les acquéreurs ne soient associés au
préalable. Une démarche cavalière qui irritent au plus haut degré, ces
hommes et femmes qui, réunis dimanche dernier, ont crié leur ras-le-bol
et leur exaspération.
«L’Etat a pris nos terrains pour faire la culture du riz.
Pratiquement, 300 hectares ont été expropriés pour ce projet qui avance
déjà sur le terrain avec des réalisations sur le site, sans que nous ne
soyons indemnisés. Et nous ne sommes pas d’accord », a pesté Afatchao
Mawule, le Président du comité des acquéreurs. «Notre objectif est de
rentrer dans nos droits», a -t-il expliqué.
A en croire ce dernier, plusieurs démarches ont été menées par son
comité, aussi bien par le premier comité que le deuxième qu’il préside,
auprès de la Direction du projet sans qu’ils ne trouvent satisfaction.
D’une part, de la roublardise des premiers en Charge du projet qui ne
veulent vraiment pas collaborer avec nous, et de l’autre, de la
mesquinerie et de la traîtrise de certains des leurs en qui ils avaient
placé leur confiance. «Malheureusement, nous avons été déçus. Le dossier
n’évolue pas. Pire encore, nous sommes convaincus que ceux-là (Ndlr :
les membres du premier comité) manigancent des choses pour nous noyer
auprès des autorités pour trouver leur quote part. Ce que nous ne
saurons accepter ni aujourd’hui, ni demain. Voilà donc ce qui motive la
mise en place de ce nouveau comité que je préside», a précisé M.
Afantchao.
Puis, les acquéreurs tournent leurs regards vers le Comité
interministériel d’indemnisation mise en place dans le cadre de ce
projet. «Le projet nous a proposé d’avoir 1/2 lot contre 1 lot à Djagblé
ou Aveta. Ce que nous avons accepté, de bonne fois, malgré nous. Mais
aujourd’hui, on nous dit autre chose. On veut nous amener à Zegle, un
endroit très reculé du site préalablement retenu par consensus. Non, ça
ne passera pas. Nous n’irons pas à Zegle! », insiste, d’un ton ferme le
président du comité des acquéreurs. Pour ce dernier, «nous avons acheté
nos terrains pour construire nos maisons, au prix de sacrifices. Nous
n’avons pas acheter nos terrains pour nous domicilier à Zegle.
«Rendez-vous comptes des dépenses que cela peut engendrer pour quelqu’un
qui qui va quitter Zegle pour aller travailler à Lomé ?», s’est demandé
Afantchao Mawulé qui dit se tourner désormais vers le comité
interministériel d’indemnisation. «S’il est disposé à discuter avec nous
et nous proposer des solutions concrètes, nous sommes également
disposés à les écouter. Au cas contraire, nous ne fléchirons pas d’un
seul iota. Il n’est pas question d’aller à Zegle !», a-t-il insisté.
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Pour l’heure, ce projet comprenant
Le Projet financé à hauteur de 9,6 milliards de FCFA par la Banque
arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), la Banque
d’investissement et de développement (BID) et le gouvernement, et
comprenant 7 composantes, notamment la mise en place des infrastructures
socio-économiques de base qui promeuvent la lutte contre l’insécurité
alimentaire et nutritionnelle, la lutte contre la pauvreté,
l’amélioration du cadre de vie des populations, la création de nouveaux
emplois et des richesses.
Vivement que les cris d’alerte et de détresse des acquéreurs tombent
dans des oreilles attentives pour désamorcer la bombe qui couve et qui
risque de constituer le grain de sable qui mettra en mal, la bonne
exécution de ce projet auquel sont bénéficiaires, 17.000 personnes et 8
villages environnants.
Source : Fraternité
Source : Togoweb.net