La police a dû s’y prendre à deux fois pour arrêter un Togolais en voie d’expulsion. D’autres migrants s’étaient opposés aux policiers. L’affaire a entraîné un vif débat sur la politique migratoire de l’Allemagne.
Principale question au cœur de ce débat : les centres de regroupement pour demandeurs d’asile sont-ils un facteur d’insécurité ? Car dans le cas du migrant togolais de 23 ans, son interpellation a d’abord été empêchée par d’autres demandeurs d’asile regroupés dans le même centre à Ellwangen, dans le sud de l’Allemagne.
Il aura fallu une intervention spectaculaire de plusieurs centaines de policiers jeudi (3 mai) pour arrêter le migrant togolais dont le sort est déjà scellé : une expulsion vers l’Italie.
De l’eau au moulin de Seehofer
C’est une situation inédite en Allemagne où les policiers ont d’abord été contraints de rebrousser chemin face à la résistance des migrants.
Ce qui a engendré une condamnation quasi unanime de la classe politique. Beaucoup réclamant des mesures afin que ce genre d’incident ne se reproduise plus jamais. De quoi apporter de l’eau au moulin du ministre de l’Intérieur, issu du parti chrétien-social de Bavière, la CSU.
« C’est une raclée pour les populations allemandes attachées au respect de la loi », a déclaré jeudi Horst Seehofer. « Le droit d’hospitalité ne doit pas être bafoué de la sorte. »
L’incident d’Ellwangen tombe bien pour le ministre car son parti fait face à la concurrence populiste de l’Alternative pour l’Allemagne (AFD), un parti anti-immigration, dans la perspective d’élections régionales cruciales en septembre en Bavière.
Les conditions d’accueil critiquées
Dans le flot de commentaires, certaines voix se dégagent toutefois pour critiquer la méthode de la police et mettre en garde contre les abus.
Il y a des critiques, mais aussi des propositions. Comme l’explique cette porte-parole des Verts et experte en sécurité, le fait de garder des réfugiés sur une longue période peut avoir des résultats contre-productifs.
« Un tel centre de regroupement de demandeurs d’asile ne devrait être qu’une première étape », estime Irene Mihalic. « L’objectif devrait être de reloger ensuite le plus vite possible les concernés et de leur trouver une occupation. Cela évite d’avoir à vivre une situation comme celle qui vient de se produire. »
Dans le centre où l’incident est survenu, les services de sécurité soupçonnent certains migrants de conduire des activités illégales.
Pourtant, la solution que propose le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer est la création d’autres centres pour demandeurs d’asile où les dossiers seront traités.
Fréjus Quenum
Deutsche Welle
Source : www.lomechrono.com