Ils ont été chassés du Mali pour leurs mauvaises pratiques imposées aux employés de la Nouvelle société interafricaine d’assurance (NSIA) Mali. Parachutés au Togo début 2018, le duo Constant Yao Djeket et Chantal Bosso vient de prendre la décision de mettre fin au contrat de plusieurs stagiaires et employés sous contrat, après que ceux-ci ont effectué 3, 4 voire 7 ans de travail sans interruption dans la société. Au mépris des textes de loi qui régissent le travail au Togo.
Serait-ce parce qu’ils ne sont ni Maliens, ni Togolais que la paire Constant Djeket-Chantal Bosso foule aux pieds la vie et l’avenir d’employés d’une part, et les textes de loi qui régissent le travail des stagiaires dans ces deux pays ? Après leurs faits d’armes qui ont laissé un goût amer aux employés de NSIA-Mali, ils ont été envoyés au Togo, et sans encore avoir fait un an d’exercice, les revoilà dans le mauvais rôle.
En mars 2018, une employée a fait une chute dans les escaliers au siège de NSIA-Togo. Nous avons appris que le psychologue qui a examiné la victime aurait relevé parmi les causes les horaires impossibles de travail que la Direction impose au personnel. Et parlant d’horaires impossibles, il nous revient que des employés sont retenus au service jusqu’à deux heures du matin parfois. Ils sont de plus en plus réquisitionnés pour travailler les samedis, et parfois aussi les dimanches. Sans aucune compensation financière. Et pendant que ces employés corvéables à merci qui quittent le service à des heures impossibles sont obligés de reprendre le travail aux horaires normaux les jours suivants, monsieur et madame le Directeur Général et son Adjointe prennent leurs aises et arrivent aux heures qui leur conviennent.
Depuis le 1er juillet 2018, beaucoup de « stagiaires » ont été priés de rester à la maison, après qu’une note signifiant la fin du contrat leur a été adressée. La note s’étend aux agents qui sont sous contrat à durée déterminée (CDD), mais qui ont aussi passé des années en tant que stagiaires avant d’être récemment confirmés par des CDD. « Cher tous, nous vous transmettons pour informations et dispositions à prendre, le message ci-après du DG. Merci d’informer les chefs de Département et les Directions qui ont des stagiaires et des CDD du non-renouvellement des contrats en cours. Il faut qu’ils prennent le temps d’informer oralement leurs collaborateurs avant la fin de la période en cours. Leurs collaborateurs qui souhaitent poursuivre avec NSIA devront à la fin de la période en cours, faire des demandes d’emploi qui seront analysées au cas par cas », dit le courrier daté du 24 mai 2018. En réponse à une demande d’évaluation des stagiaires dont la période arrive à échéance le 30 juin 2018.
Le code du travail au Togo a été violé par cette démarche qui s’apparente à du « tâcheronnat modernisé » dont usent et abusent NSIA et sa direction.
En effet, pour les cadres supérieurs, les périodes de stage durent entre 3 et 6 mois au maximum. Mais dans le cas de NSIA, les stagiaires actuellement laissés sur le carreau ont régulièrement perçu leurs salaires sans interruption durant toutes les années de stage passées. Et sans congés pleins. Si la société traversait des moments de crise de trésorerie, on pourrait encore lui trouver des situations atténuantes.
Souvenez-vous de School Assur. L’année scolaire s’est écoulée et Dieu seul sait le nombre d’enfants qui ont été malades, se sont fait traiter avec les ordonnances médicales en règle et qui se sont fait rembourser avant de partir en vacances. Mais, faut-il le rappeler, c’est ensemble avec OGAR que NSIA s’est vu attribuer ce marché de…3,5 milliards FCFA. Avec 1,9 milliard FCFA pour NSIA. Initialement, il était prévu que ce contrat s’étale sur trois ans, soit 10,5 milliards FCFA. L’actuelle Secrétaire à la présidence en charge du FNFI et de la DOSI, Assih Mazamaesso était parmi ceux autour de Faure Gnassingbé qui avaient offert ce contrat à ces deux sociétés d’assurance. Il y a tout juste un an. Et plutôt que de faire rejaillir cette embellie sur la croissance via la sécurisation des emplois par exemple, la nouvelle direction prend le contre-pied et procède à une réduction de personnel. Au même moment, OGAR qui a aussi tiré son épingle du jeu, n’a pour sa part, pas procédé à quelque réduction du personnel que ce soit, bien qu’ayant bénéficié moins que NSIA de la manne. Faure Gnassingbé et son entourage s’attendent-ils à voir l’attributaire de ce marché se comporter de la sorte envers des employés togolais ?
Les vacances sont finies et bientôt une nouvelle rentrée. Mais combien d’élèves du secteur public ont-ils été assurés ? Combien ont-ils bénéficié de remboursement des frais médicaux, et à concurrence de quel montant ? Aujourd’hui, ce sont des stagiaires et des CDD qui sont visés. Et demain ? Les agents permanents ne doivent-ils pas aussi se faire des soucis et commencer à compter les jours qu’il leur reste à passer au sein de cette compagnie? Ceci pour dire que c’est dans la même année où ce marché est revenu à cette société que des employés togolais se voient signifier la fin de leur contrat. « Le DG et son Adjointe n’oseraient pas prendre cette décision si c’était dans leur pays en Côte d’Ivoire », fait remarquer un cadre malien qui nous a permis de découvrir que la paire Djeket-Bosso n’avait pas bonne presse au Mali d’où elle a été débarquée.
Les faits d’armes de Constant Yao Djeket et Chantal Bosso au Mali
17 juillet 2017. La Direction Générale de NSIA Mali avait pris la décision de licencier M. Issiaka Traoré, Secrétaire Général du Comité syndical au sein de la compagnie d’assurance. Une décision contre laquelle les employés de NSIA Mali se sont insurgés par un sit-in 3 jours après la décision. Ceux-ci estimaient que c’était un devoir moral pour chacun d’eux, car l’homme serait en train de payer pour avoir défendu un droit qui a profité à tout le personnel, apprend-on. Le grief retenu contre le Secrétaire Général ? M. Traoré aurait juste envoyé un email à madame Bosso, Directrice Générale adjointe de NSIA. Courrier dans lequel il aurait demandé à la Direction d’avoir un peu de considération pour son personnel. Mais ce courrier a été mal pris. Et les employés s’étaient interrogés en ces termes : « Depuis quand demander à un responsable d’avoir du respect et de la considération à l’endroit de ses subordonnés est-il devenu un manquement ? ».
Dans ce bras de fer, le Syndicat national des banques et finances (SYNABEF) a apporté son soutien aux employés de NSIA. Leur responsable, M. Bah Hamadoun, avait qualifié la décision de la Direction d’abusive et d’autoritaire. « Dans la lutte syndicale, la raison pour laquelle la Direction a décidé de licencier M. Traoré est une banalité. Il ne sera jamais question pour nous d’accepter que l’un d’entre nous soit licencié dans ces conditions », avait-il martelé. Ne seraient-ce pas les menaces proférées par les employés qui auraient décidé la maison-mère de NSIA à acter « l’enlèvement » de la paire Constant Djeket-Chantal Bosso et son parachutage au Togo ? « Si des dispositions ne sont pas prises pour annuler cette décision, nous allons déposer un préavis de grève par le biais duquel nous demanderons le départ de M. Constant DJEKET et madame BOSSO Chantal, respectivement DG et DGA de NSIA Mali ainsi que M. Houdey Ag Mohamed, le Directeur Régional du Travail », avaient menacé les employés. Le SYNABEF avait exigé, entre autres, « La révocation sans délai du DG et du DGA de NSIA pour irrespect délibéré et flagrant des lois maliennes ».
Mais plus grave, l’actuel DG et son Adjointe sont accusés d’avoir causé la mort d’un employé ivoirien en fonction au Mali, Frédérick. Dans un article publié le 13 septembre 2017, le journal Le Combat écrivait : « Lors d’un point de presse animé par le SG du SYNABEF Aguibou Bouaré et son Secrétaire administratif, Hamadoun Bah, l’accent une fois de plus a été mis sur les mauvais comportements du DG et de la DGA de NSIA Mali. Avant d’entrer dans le vif du sujet, une minute de silence a été observée pour le repos de Frederick, un ex employé de NSIA Mali de nationalité ivoirienne qui aurait été, selon les conférenciers, abusivement licencié par les patrons de NSIA Mali. Après avoir été licencié par les patrons de NSIA Mali, Frederick attendait de recouvrir ses droits pour partir. Cependant, il est décédé à la suite d’une maladie dans laquelle la Direction de NSIA n’a tenté de le secourir qu’à la veille de son décès. Pourtant il a beaucoup fait pour NSIA, il a activement contribué à la création et à la formation des cadres de la structure », ont-ils rappelé », lit-on.
Que dit le SYNBANK ?
Contre une décision de licenciement qualifié d’abusif, des syndicats se sont levés pour défendre les droits des travailleurs. Et ils ont finalement eu raison de la Direction qui a été changée pour calmer les esprits. Ça se passe au Mali. Malheureusement, c’est au Togo que le duo qui a foutu le bordel a été envoyé. Et à peine un semestre après leur arrivée, revoilà le même Directeur et son Adjointe à l’origine de ruptures de contrat alors que la compagnie a le vent en poupe. Et sans avoir régularisé la situation de ces stagiaires et agents CDD qui, eux, devraient être « remerciés » dans deux mois.
On apprend que le Syndicat des banques aurait envoyé un courrier à NSIA. Mais reste à savoir si cela suffira à réparer les torts causés à tous ces stagiaires et CDD qui, pendant des années, ont espéré qu’au bout de tant d’années de stage –ce qui est anormal-, leurs espoirs seraient récompensés, et qui se sont appliqués au travail sans plus chercher ailleurs d’autres opportunités d’emploi.
Une analyse du courrier de la Direction révèle que celui-ci contient un piège. Bien que la période de stage ait expiré et soit excédée –on parle de 3 à 7 ans-, les agents sont maintenus dans ce statut de stagiaires. Mais avec ce courrier, ceux d’entre eux qui voudront nourrir l’espoir d’être rappelés, n’auront aucun intérêt à porter l’affaire devant l’Inspection du travail, encore moins devant le Tribunal du travail. Ce faisant, et en plus avec la latitude aménagée par la Direction d’analyser « au cas par cas » les demandes des éternels stagiaires remerciés, la forfaiture sera consommée sans versement de dommages-intérêts pour ces années « volées » par la compagnie d’assurance. Le droit du travail le permet-il ?
Comment les assurés togolais concevront-ils le fait qu’une compagnie étrangère auprès de laquelle ils s’assurent, puisse traiter ainsi des employés dont certains seraient des parents à eux ? La même situation de longévité-précarité des périodes de stage prévaut-elle en Côte d’Ivoire, siège de la compagnie ? Ou bien la paire Djeket-Bosso pourrait-elle transposer cette pratique dans son pays d’origine ? Autant de questions auxquelles il urge de trouver des réponses pour éviter que des stagiaires deviennent corvéables à volonté à la compagnie d’assurances NSIA Togo.
En attendant, d’autres informations sur cette compagnie et la gestion de School Assur sont pour bientôt.
Abbé Faria/Source : Liberté N°2751 du Lundi 10 Septembre 2018
Source : www.icilome.com