Dans un nouveau communiqué publié ce mardi 4 janvier 2022, l’organisation internationale à but non lucratif et non gouvernementale Reporters Sans Frontières (RSF) a, une nouvelle fois, réagi à la libération des deux journalistes togolais arrêtés le mois dernier pour avoir “diffamé” certains membres du gouvernement. Cette fois, l’ONG basée à Paris appelle les dirigeants togolais à lever le contrôle judiciaire qui pèse sur les deux journalistes.
Deux journalistes togolais libérés mais soumis à des contrôles judiciaires absurdes
Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités togolaises à lever les contrôles judiciaires extrêmement stricts et injustifiés imposés à deux rédacteurs de journaux comme condition de leur libération le 31 décembre après trois semaines de prison dans la capitale, Lomé, pour diffamation et injure de deux ministres du gouvernement.
Le rédacteur en chef de L’Alternative Ferdinand Ayité et le rédacteur en chef de Fraternité Joël Egah ont dû remettre leurs passeports, ils ne peuvent pas quitter le Togo, ils doivent rendre visite au juge en charge du dossier chaque semaine et ils ne doivent pas commenter l’affaire, à part poster ou publier des excuses aux deux ministres auxquels ils ont fait allusion dans une discussion sur la Web TV.
Contacté par RSF, leur avocat, Elom Kpade, a qualifié les contrôles d’« épouvantables » et a indiqué qu’il entendait les contester devant la justice.
“Les conditions absurdes posées à la libération de ces deux journalistes sont un moyen de maintenir la pression sur eux”, a déclaré Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. « Cela revient à les traiter comme des criminels potentiels et comme des personnes qui pourraient tenter d’échapper à la justice alors qu’elles n’ont absolument rien fait de mal et que ce sont les autorités qui ont contourné la loi sur la presse pour les emprisonner. Nous appelons au retrait de toutes les charges retenues contre eux et à la levée de ces mesures de contrôle judiciaire totalement injustifiées.
Les deux rédacteurs en chef ont finalement été libérés de prison pour leur troisième demande de mise en liberté provisoire. Ils ont été arrêtés le 10 décembre en lien avec leurs propos lors d’une discussion sur « L’Autre Journal », une émission d’actualité très populaire diffusée sur la chaîne YouTube de L’Alternative, au cours de laquelle ils ont laissé entendre, sans les nommer, que deux ministres étaient liés aux cas de détournement de fonds publics.
La loi togolaise sur la presse a aboli les peines de prison pour les délits de presse en 2004, mais le parquet affirme que les propos des journalistes ne sont pas couverts par la loi sur la presse car ils ont été faits sur un « réseau social ».
Ayité, le rédacteur en chef de L’Alternative, a fait l’objet de tentatives d’intimidation répétées en lien avec son activité journalistique et il faisait partie des journalistes ciblés par les autorités togolaises pour une surveillance potentielle avec le logiciel espion de téléphonie mobile israélien Pegasus. L’Alternative a été suspendu pour deux mois en mars 2020 à la suite d’une plainte de l’ambassadeur de France et pour quatre mois supplémentaires en février 2021 à la suite d’une plainte d’un ministre du gouvernement.
En novembre 2020, Ayité et le journal ont été condamnés à une amende de 4 millions de francs CFA (plus de 6 000 euros) pour leur couverture de l’affaire dite Petrolgate impliquant le détournement de sommes importantes en lien avec l’importation de produits pétroliers.
Le Togo est classé 74e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF 2021.
Source : icilome.com