Législatives au Togo : un scrutin calme, malgré le boycott de l’opposition

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Face aux appels au boycott de l’opposition togolaise et d’une partie de la société civile, le gouvernement a réussi le pari de la tenue effective et sans violence des élections législatives le 20 décembre.

C’est sous une forte présence des forces de sécurité et de défense, déployées dans les villes togolaises, que les électeurs ont voté le 20 décembre pour les élections législatives. Dans les quartiers acquis à la cause du parti au pouvoir – l’Union pour la République (Unir) –, les Togolais ont pris d’assaut les bureaux de vote dès l’ouverture, à 7 heures.

« Voter est un devoir citoyen », a déclaré avec satisfaction un Togolais du quartier de Doumassessé, à Lomé. « Qu’est-ce que ça va changer de boycotter les élections ? Votons et passons à autre chose », confiait de son côté une jeune femme dans le bureau de vote voisin.

Boycott de l’opposition

En revanche, dans les fiefs de l’opposition, de nombreux bureaux de vote étaient déserts. « Ils arrivent mais au compte-gouttes », a précisé un responsable de bureau de vote à Agoè.

Dans le centre du pays, à Sokodé, la ville natale d’un cacique de l’opposition, Tikpi Atchadam, l’affluence a été globalement faible mais « les gens votent normalement », a souligné un représentant de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

« Je reste chez moi par respect de l’appel au boycott lancé par l’opposition. Cette élection est truquée d’avance », a dénoncé un citoyen de Bé, le fief de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), un parti de l’opposition.

Un scrutin calme

Une faible affluence liée à la crainte de violences ou de représailles des partisans de l’opposition ? Difficile de le savoir. Quelques jours avant le scrutin, deux personnes sont mortes et de nombreux blessés ont été enregistrés dans des manifestations, notamment à Sokodé,

Le scrutin s’est déroulé en grande majorité dans le calme, et aucune tentative visant à empêcher des électeurs de voter, comme cela était redouté, n’a été signalée. De nombreux électeurs se sont néanmoins plaints de difficultés pour retrouver leurs noms sur les listes et de la lenteur dans le processus du vote.

Victoire assurée du camp présidentiel ?

À la veille du scrutin, le ministre de la Sécurité, le général Yark Damehane, avait prévenu ceux qui seraient tentés d’ « empêcher les élections ». La coalition des 14 partis de l’opposition ayant boycotté le scrutin avait notamment appelé à la « mobilisation générale » contre ce « énième hold-up électoral » dans une publication sur les réseaux sociaux.

En l’absence de la coalition de l’opposition, le camp présidentiel est assuré de remporter les législatives voire d’obtenir les 4/5 des sièges (73 députés sur 91 contre 62 actuellement) ; ce qui lui ouvrirait la voie pour opérer la révision constitutionnelle au Parlement et, ainsi, faire passer tout seul les réformes institutionnelles dont l’enjeu principal est la participation du président Faure Gnassingbé à la présidentielle de 2020 voire de 2025.


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De même, ce scrutin pourrait permettre à l’opposition modérée de gagner quelques sièges au Parlement et d’accroître sa voix au chapitre, même si la légitimité du futur Parlement devrait être remise en cause.

Quant à la coalition des 14 partis de l’opposition, elle a manifestement perdu deux batailles majeures : ses nombreuses marches n’ont pu empêcher la tenue effective des législatives et son boycott le prive d’avoir des députés pour peser désormais sur les débats au Parlement, voire sur le sens des réformes constitutionnelles.

Jeune Afrique