L’extrême vigilance et le qui-vive citoyen pour la conquête de la vérité des urnes aux locales

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L’extrême vigilance et le qui-vive citoyen pour la conquête de la vérité des urnes aux locales

«Ce n’est pas parce que la fenêtre s’ouvre que nous sommes assurés de comprendre ce qu’elle nous montre ». Dans Les Vertus de l’échec, Charles PEPIN nous invite au grand discernement pour tirer des leçons du passé, s’armer pour affronter le présent et se donner des moyens du génie à la proportion des événements pour se projeter dans le futur.

Jamais, au Togo, une élection ne reflète dans ses résultats proclamés l’expression libre de notre peuple sous le règne de la dynastie des GNASSINGBE. Rien ne garantit que les élections locales du 30 juin prochain seront d’un autre cran pour rendre aux collectivités leurs choix, leur vote. Sur le terrain, la multiplicité des candidatures s’anime. Mais, celle-ci n’ouvre aucune propreté électorale en ce que nous n’avons la moindre garantie ni de la CENI, ni de la justice de notre pays à dire la vérité et à agir conformément à l’éthique de respect des droits du citoyen.

Les signes avant-coureurs qui nous renversent de stupéfaction dans les annulations choisies des dossiers de candidature nous éveillent à l’extrême prudence. Le cercle minoritaire de profit et de confiscation de nos libertés s’illustre à nouveau dans l’acharnement judiciaire contre des candidats sélectivement identifiés dans des espaces où il ne veut rien céder. Le fallacieux phosphorescent saute à nos yeux de sa perversité judiciaire que nous ne pouvons avoir confiance dans nos organes de supervision électorale et d’étude des contentieux.

Nous sommes bien pourvus de bon sens pour comprendre que les élections locales, refusées pendant trente-deux (32) ans, ne sont pas revenues sur le tapis par un choix libre de ceux qui font office de gouvernants dans ce pays. S’ils étaient vraiment de bonne conscience, la destruction de nos communes par ce machin ankylosant de Délégations spéciales n’aurait jamais atteint ce niveau épouvantable.

Personne ne sait vraiment ce qui se cache derrière le quitus gouvernemental des locales, mais l’éveil citoyen contre le traficotage des résultats doit être au zénith dans la conscience nationale. La conduite du processus électoral connaît des fantaisies libertines et des heurts judiciaires qui nous donnent un fouet de vigilance dans la suite de l’organisation de la consultation populaire. Nous ne sommes pas au bout du tunnel dans les truanderies électorales. C’est pourquoi nous devons anticiper sur la pagaille rampante des privations des droits des candidats. Ceux qui disposent des manœuvres de l’ambition pour privilégier leurs espaces de contrôle ne renoncent à leurs sales besognes que sous la contrainte.

Quelle responsabilité incombe-t-elle aux collectivités locales pour être en phase avec les choix des hommes qui animeront au premier plan une vie nouvelle dans nos cités?

1) La rapine électorale et l’éveil citoyen

Nous avons déjà enregistré dans l’organisation des locales de nombreuses fautes de mauvaise conscience d’un régime qui n’a pas la culture du respect du citoyen, de son libre choix, de ses aspirations. Les brimades et les représailles contre le boycott des législatives tronquées du 20 décembre et contre tous ceux qui avaient suivi les mots d’ordre de l’Opposition sont effervescentes. Les trois jours d’enrôlement accordés pour faire semblant d’embarquer la grande majorité de nos collectivités locales sur les listes électorales sont torpillés par une identification et une collecte savamment tortueuses et sans d’autres formes de rappel. Le débit de fonctionnement des appareils de recensement n’avait qu’un mépris-repoussoir de l’engagement citoyen et de la patience de nos concitoyens.

La phase d’élimination directe des candidatures gênantes dans l’espace de prédilection du pouvoir rajoute à une volonté de restriction du champ électoral.

Ce cocktail d’acharnement et de fautes autoritaires est dans l’ordre des transgressions violentes dont s’autorise le régime pour demeurer dans un remplissage électoral et se couvrir d’un vernis démocratique aux fins de s’ouvrir les portes des fréquentations les plus diversifiées. Déjà, le Chef de l’Etat clame partout à l’étranger qu’il organise des élections communales comme s’il avait du mérité à faire exécuter les droits de nos collectivités. Jean-Jacques ROUSSEAU avait-il raison de dire dans Les Confessions: « Et dans ce monde et dans l’autre, les méchants sont toujours bien encombrants »?

Si tout au moins, il y avait une propreté dans la conception et l’organisation de ses élections locales, on pouvait dire que le chef de l’Etat a franchi une étape, qu’il mérite des galons pour sa bonne foi. Les exclusions et les privations et le viol du code électoral ne sont d’aucun relent de fierté ni pour l’Exécutif, ni pour le judiciaire, encore moins pour le peuple du Togo.

Quand les hommes sont lassants dans les manœuvres pour conserver leurs privilèges, ils sont rebutants dans des actions ternes en lesquelles ils cherchent à se célébrer, à se donner un badigeon d’honneur, alors que tout le monde voit leur couronne taillée à la mesure de leur traficotage dans des immondices. La force du faux est dans son surgissement intempestif pour se démentir de lui-même. L’inertie conceptuelle se distingue de ses incohérences et de ses inclinations. La juste raison ne saurait encenser Faure GNASSINGBE sur le tableau d’une quelconque élection, parce que ce qu’il redoute le plus, c’est la transparence. Aucun homme, aucun politique ne peut utiliser bien longtemps des masques pour échapper à l’observation et au jugement de l’histoire. L’extériorité de chaque politique se connaît du simple fait que l’homme est une série d’actes. La question électorale ne résout rien au Togo. On ne peut pas utiliser la force pour usurper le pouvoir et soudainement tomber sous le serment de transparence.

L’équation qui s’impose à cet éventail de candidatures pour les locales reste la vérité des urnes. Les attributions fantaisistes de victoires ont jalonné les législatives du 20 décembre. Le combat contre la récidive de la rapine électorale est le fond du sujet à ces locales. Tous les partis politiques de l’Opposition et les rares indépendants de conviction ont un défi de coordination à relever pour limiter la fraude, les viols, les victoires décrétées. Il est plus facile pour les collectivités elles-mêmes de se mobiliser dans les centres de vote pour suivre les différentes étapes du dépouillement, les procès verbaux… Les gagnants des quartiers sont plus vite connus par les collectivités. Mais il faut craindre les centres fictifs de vote et les transbordements des urnes comme on l’observe trop souvent dans la stratégie ruineuse des suffrages des électeurs au Togo.

Le Rpt/Unir reste le parti de la fraude, d’achat de consciences, de la corruption à haut débit et du faux. Nous n’avons pas d’illusion ou de réserve sur ses méthodes. Nous sommes condamnés à l’extrême vigilance pour garder la main sur quelques aspects du processus jusqu’à la fin de l’Opération. Il ne faut pas croire que seules les présidentielles et les législatives intéressent ce régime qu’il use de tous les abus pour avoir le gain de la victoire. Si réellement il est de bonne foi dans l’organisation des communales, des signaux majeurs nous auraient convaincus de ses bonnes intentions. Comme nous l’apprend Robert MALLET dans son œuvre Apostilles: « Ce n’est pas l’impossible qui désespère le plus, mais le possible non atteint ».

2) Les grandes attentes populaires aux locales

Le régime dynastique a beau caqueter sur ses plans successifs de développement, les belles paroles et les projets budgétivores qui n’ont pas reçu l’assistance de nos populations n’ont connu que des pilotages excentriques, hasardeux pour certifier des faillites sonores. C’est pourquoi il faut définitivement sortir de la nuit des délégués parachutés verticalement pour prendre la gestion des collectivités.

Les peuples ne se trompent jamais sur leurs propres aspirations, ce qui est bon pour eux, la connaissance de leur propre milieu et ceux qui intègrent pleinement leur cause, leur voix. Ils rejettent les substituts de complaisance et se replient sur eux-mêmes quand ils ne sont pas écoutés. La délicatesse que revêtent les locales réside dans le choix des hommes avec qui les populations sont en phase et en complicité heureuse pour traiter des questions de proximité et changer le cours de leur vie. L’assentiment populaire est un serment de solidarité qui transcende les obstacles.

Le forcing électoral et des victoires décrétées ont si longtemps nui à la concorde civile et à l’accompagnement populaire du régime qu’ils seront d’un coup mortel pour nos collectivités locales. Si nous voulons poser les jalons de l’avenir, la propreté des locales peut définir une émergence à la base des vrais serviteurs de nos collectivités. Il nous faut une floraison de nouveaux cadres et massivement en lesquels se reconnaissent nos concitoyens. Nos populations doivent se sentir en sécurité démocratique pour se mettre en confiance avec les hommes de leur choix.

Nous avons vu dans la chefferie par ordonnance politique le désordre que nos cantons enregistrent et la déconfiture communautaire qu’elle suscite. Si les élections locales prenaient la tournure des nominations politiques, les adversités et les conflits dans nos communes connaîtront un levain de heurts à guillotiner l’esprit de cohésion qui sous-tend l’action populaire et le développement. Les truanderies électorales ne confèrent nullement un quitus à l’action de relèvement de nos collectivités trop longtemps abaissées dans ce machin pernicieux de Délégations spéciales. La dynamique sociale se nourrit de la vérité et de la sincérité de ceux qui portent les choix et les aspirations des populations.

Les peuples ont surtout besoin des maîtres à se conduire, c’est-à-dire, ceux qui sont d’une exemplarité ou d’un principe d’identité, c’est-à-dire, des modèles. Ils fécondent directement leur esprit et les élèvent. Ils savent les écouter et agir sur leurs ordres. Le forcing électoral pour propulser des hommes qui ne reçoivent pas l’assentiment communautaire est le piège d’un enlisement politique de nos collectivités.

La responsabilité éthique, morale et politique est la seule force de promotion de nos communes. Mais, nous sommes sous un régime de parjure et de la forfaiture qui nous met en insurrection de conscience au point que nous ne pouvons lui accorder le crédit de sincérité.

Le fouet de notre conscience chauffe notre engagement pour surveiller les locales, la conformité des résultats, la légitimité de ceux qui vont prendre la gouvernance communale. Les locales sont un test qui préfigure un cran démocratique où la transparence devient la seule valeur. Nous voulons des résultats propres, nous ne pouvons qu’oeuvrer dans ce sens pour changer le visage hideux de notre pays. Emmanuel MOUNIER, dans son Intervention à l’Union, avril 1933, publiée dans la Revue Esprit disait à juste titre: « Toute révolution qui ne s’accompagne pas d’une transfiguration mourra de sa mort ».

Source : www.icilome.com