L’Inspecteur Général de la police gambienne Landing Kinteh a démissionné jeudi 21 juin de son poste, trois jours après la mort de trois manifestants anti-pollution dans le village de Faraba Banta à 50 km de Banjul, la capitale. La démission du chef de la police gambienne a été aussitôt acceptée par le chef de l’Etat Adama Barrow qui a condamné mardi les violences policières avant de promettre que justice serait faite et que des actes pareils ne se reproduisent plus.
En effet, tôt lundi 18 juin, les unités d’intervention de la police avaient surgi dans le village où les habitants protestaient contre l’exploitation d’un site d’extraction de sable servant à la construction, qui selon eux, pollue les rizières de cette région en bordure du fleuve gambie.
Ces policiers comme on en trouve dans certains pays africains, n’ont pu interroger leur conscience avant de tirer sur les manifestants faisant deux morts sur place, un troisième a succombé deux jours plus tard de ses blessures et cinq blessés. On note également seize blessés parmi les policiers qui n’avaient pas reçu l’ordre de tirer selon la hiérarchie.
Dans un pays qui aspire à la démocratie, la démission de l’Inspecteur Général de la police est la moindre des choses. La réaction du chef de l’Etat est aussi dans l’ordre normal des choses tout comme sa visite vendredi dans le village meurtri pour apaiser le cœur des populations traumatisées et tuées dans la défense de leur environnement.
Ç’aurait été dans un pays voisin de la Gambie en Afrique de l’Ouest, ceux qui ont tué, connaîtraient de promotion en grade. Au Togo spécifiquement, policiers, gendarmes et militaires semblent avoir le permis de tuer leurs propres concitoyens. Des bavures de ce genre sont légion au pays de Faure Gnassingbé sans que rien ne bouge dans le bon sens. Les populations de Zéglé (Zio), Mango, Bafilo, Sokodé, Lomé, Tokpli (Yoto) ont connu pire que ce qui s’est passé à Faraba Banta en Gambie. Pas plus que le samedi 23 juin, des forces de sécurité et de défense ont encore organisé une descente punitive à Adidogomé à l’Ouest de Lomé sans raison apparente.
Jusque dans leur domicile, des concitoyens ont été violentés, molestés et humiliés. Mais personne ne pipera mot. L’évidence, la Gambie qui donne le bon exemple aujourd’hui, a été pendant 22 ans, compagnon du Togo dans la barbarie sous le dictateur Yahya Jammeh. Mais depuis janvier 2017, cette bande de terre au milieu du Sénégal respire et savoure les fruits de la démocratie.
Le Togo étant désormais seule tâche noire au sein de la CEDEAO, tout est désormais dans l’ordre du possible.
Source: Le Correcteur N’825 du 25 Juin 2018
27Avril.com