Une ancienne reine de beauté, Fatou « Toufah » Jallow, accuse Yahya Jammeh de l’avoir sodomisée alors qu’il était en fonction.
Son témoignage fait partie d’un rapport de Human Rights Watch et Trial International qui fait état d’une autre accusation de viol et d’ agression sexuelle portés contre Yahya Jammeh.
La BBC a essayé de contacter l’ex-président, qui vit maintenant en exil en Guinée équatoriale, au sujet de ces allégations. Un porte-parole de son parti, l’APRC, a nié les accusations portées contre M. Jammeh.
« Nous, en tant que parti et peuple gambien, sommes fatigués des innombrables allégations non fondées qui ont été portées contre notre ex-président », a déclaré Ousman Rambo Jatta, dans une lettre adressée à la BBC.
« L’ex-président n’a pas le temps de réagir aux mensonges et aux campagnes de diffamation. C’est un homme très respectable, craignant Dieu et un leader pieux qui n’a que du respect pour nos femmes gambiennes », a déclaré le leader adjoint de l’APRC.
Fatou Jallow a confié à la BBC qu’elle envisage de traduire M. Jammeh, 54 ans, en justice pour qu’il soit jugé pour ses actes.
« J’ai vraiment essayé de cacher l’histoire, de l’effacer de ma mémoire et de m’assurer qu’elle ne fait plus partie de moi. En réalité, je n’ai pas pu, alors j’ai décidé de parler maintenant parce qu’il est temps de raconter l’histoire et de m’assurer que Yayha Jammeh entende ce qu’il a fait ».
Elle a également déclaré vouloir témoigner devant la Commission vérité, réconciliation et réparations de la Gambie (TRRC), créée par l’actuel Président Adama Barrow.
La TTRC enquête sur les violations des droits de l’homme qui auraient été commises pendant les 22 années de règne de Yahya Jammeh, y compris sur les exécutions extrajudiciaires, la torture et la détention arbitraire.
Mademoiselle Jallow a déclaré qu’elle avait 18 ans lorsqu’elle a rencontré M. Jammeh après avoir gagné un concours de beauté en 2014 dans la capitale, Banjul.
Quelques mois après son couronnement, elle affirme que l’ancien président avait joué le rôle de père lors de leur rencontre, lui donnant des conseils, des cadeaux et de l’argent. Il avait également ordonné que de l’eau courante soit installée dans sa maison familiale.
Puis, lors d’un dîner organisé par un assistant du président, Yahya Jammeh lui a demandé de l’épouser. Mais elle a refusé.
La jeune femme affirme que l’assistant du président a insisté pour qu’elle assiste à une cérémonie religieuse au State House en sa qualité de reine de beauté. Mais quand elle est arrivée, elle a été emmenée à la résidence privée du président.
« Il était clair que tout n’allait pas », a-t-elle dit, décrivant la colère de M. Jammeh contre elle pour l’avoir rejeté.
Mlle Jallow dit qu’il l’a giflée et lui a injecté une aiguille dans le bras. « Il a frotté ses parties génitales sur mon visage, m’a poussée et a soulevé ma robe avant de me sodomiser ».
La jeune femme raconte qu’elle s’est enfermée chez elle pendant trois jours et qu’elle a ensuite décidé de fuir au Sénégal.
Une fois à Dakar, la capitale sénégalaise, elle a sollicité l’aide de diverses organisations de défense des droits humains. Quelques semaines plus tard, son statut de protection a été approuvé et elle s’est rendue au Canada, où elle vit depuis.
Après cet incident inoubliable, Jallow veut créer une atmosphère où les femmes se sentiront plus en sécurité pour parler de viol et d’agression sexuelle. « C’est étape par étape et la première étape est de reconnaître que c’est arrivé. Quand beaucoup d’autres femmes prennent la parole, la situation devient de plus en plus sûre », a-t-elle déclaré à la BBC.
Source : www.cameroonweb.com