Lettre pour la mobilisation du Peuple togolais 17 février 2019

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Lettre pour la mobilisation du Peuple togolais                                                                             17 février 2019

OBJET : LA CONFÉRENCE INCLUSIVE ET LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE AU TOGO : TROIS PHASES AVEC CINQ PÔLES POUR VIVRE ENSEMBLE

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, constatons qu’aucune des revendications principales du Peuple togolais, n’a trouvé de solutions suite à la suspension du dialogue qui a conduit aux élections législatives du 20 décembre 2018 sans la participation des partis politiques de la Coalition des 14 partis politiques dite « C14 ». Nous restons persuadés que s’il ne l’a pas fait ou refusé de le faire par le passé, le nouveau Gouvernement du 25 janvier 2019, du même premier ministre, M. Komi Selom Klassou, ne pourra ou ne voudra pas dans le futur mener les réformes nécessaires en faveur du Peuple citoyen.

1. ENGAGER ET MOBILISER LE TOGOLAIS AUTREMENT EN POLITIQUE

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, observons que les dérives de la gouvernance de Faure Gnassingbé et les errements de la CEDEAO lors de la période pré-électorale ont empêché des élections inclusives au Togo.

Mais les stratégies de la C14 de boycott des élections législatives imposées et non consensuelles, précédées par la mise en quarantaine de ses propres électeurs en leur conseillant fortement de ne pas s’inscrire sur des listes électorales frauduleuses, ont conduit à les exclure de tous les processus électoraux à venir. Autrement dit, si des partis politiques d’opposition considèrent que leurs électeurs ne doivent même pas avoir de cartes d’électeurs, alors ces partis politiques travaillent pour eux-mêmes, lorsqu’ils empêchent, de facto la possibilité de faire respecter la volonté du Peuple togolais.

La récente stratégie choisie par certains partis d’opposition s’avère être une impasse dans la mesure où le non-vote, le vote blanc, la non-participation aux élections, sont toutes les mêmes formes d’expression d’un rejet massif d’un système non démocratique, fondé sur l’abus de droit et le recours massif à la force brutale de certains militaires non-républicains au Togo.

Godwin Tété, un des doyens de la lutte togolaise pour l’alternance au Togo ne s’y est pas trompé. Notamment lorsque sur la base du taux d’abstention réel et non celui annoncé par les autorités togolaises, il rappelle ce que chaque Togolais et Togolaise doit se dire en se levant tous les matins du lit : « J’ai confiance au Peuple togolais qui a rejeté ce régime 1 ».

Pour la très grande majorité du Peuple togolais, cette volonté ne consiste pas à perpétuer la misère, l’absence des services de base, en termes d’infrastructures du bien-être, encore moins de les priver de parole, de palabres, afin d’affirmer les choix librement consentis d’organisation de leur vie dans la cité.

Aussi, tout togolais ou togolaise qui ne fait pas de politique a choisi la soumission, l’asservissement, la servitude, la dépendance et donc l’esclavage. Le système politico-social de Faure Gnassingbé l’a bien compris et a organisé autour de lui, par cercles concentriques, un aréopage d’individus, d’associations, de partis politiques satellites à défaut de les intégrer au RPT/UNIR. Quand ces derniers ne rejoignent pas le système du fait du libertinage et de l’opportunisme politique, devenus un sport national dans certains milieux au Togo. La facilité, le gain rapide et l’impunité peuvent expliquer ce phénomène de vagabondage politique. Mais cela a un prix : l’humiliation et la trahison du Peuple togolais.

2. NE PLUS SUIVRE CEUX QUI SE SONT TROMPÉS DE STRATÉGIE POUR LE PEUPLE TOGOLAIS

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, pensons que chacun a le droit de croire que le système militaro-civil-ésotérique de Faure Gnassingbé et son parti RPT/UNIR ont calmé la colère intériorisée de la grande majorité du Peuple togolais. Mais c’est mal analyser la réalité togolaise. L’importante abstention du Peuple togolais lors des élections législatives aurait dû conduire à un rejet massif du système de Faure Gnassingbé et ses partis satellites. Mais sans les réformes constitutionnelles, institutionnelles, électorales, sociales, demandées par le Peuple togolais, il est impossible de voir l’expression effective du Peuple togolais s’exprimer, tant au niveau du parlement togolais, qu’au niveau du Gouvernement togolais. Autrement dit, avec un système judiciaire aux ordres du pouvoir en place, il ne faut pas s’étonner que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Cour constitutionnelle soient dans l’impossibilité de dire le droit et publier des résultats électoraux conformes à la Vérité des Urnes, correspondant à la réalité politique exprimée par le Peuple togolais.

De ce fait, Faure Gnassingbé demeure celui qui s’exprime au nom du Togo sans représenter le Peuple togolais. C’est cette démocratie de la représentation maquillée, falsifiée et en fait truquée, qui sied à l’oligarchie élitiste et clanique au pouvoir. Celle-ci est assistée par des entreprises multinationales qui protègent leurs intérêts directs, sont les principaux financiers de gouvernements africains comme occidentaux et de puissants lobbyistes pour la neutralisation de la volonté du Peuple togolais. Bref, le statu quo imposé sur la base d’une démocratie représentative falsifiée et centralisée ne méritait :

  • ni les 27 dialogues politiques tous aboutissant à des échecs pour les intérêts du peuple ;
  • ni l’intervention sur demande unilatérale de la CEDEAO, pour aboutir à une feuille de route qui a ouvert un large boulevard à Faure Gnassingbé pour son maintien et sa perpétuation au pouvoir grâce à l’appui inconditionnel du système militaro-civil-ésotérique ;
  • encore moins l’organisation d’une unité de façade de la C14, pour mieux stopper les initiatives d’une société civile indépendante et d’une diaspora plurielle non alignée, donc nécessairement indépendante.

Face à ces erreurs stratégiques politiques grossières, qui ont écarté les volets social, culturel et environnemental, considérés comme insignifiants, il n’est plus question de suivre aveuglément et sans mot-dire, ceux qui ont conduit le Peuple togolais dans une voie qui pourrait s’avérer sans issue. Surtout, si ce peuple ne les empêche pas de persister dans une stratégie qui peut encore conduire à l’échec lors des élections présidentielles de 2020, 2025, 2030 et 2035.

Chaque togolais qui pense être responsable pour un autre togolais doit déconstruire ses certitudes et reconstruire autrement « Le Vivre Ensemble » à la togolaise. Cette démarche personnelle et responsable ne peut faire l’économie de l’engagement. Cela passe par une conférence inclusive en trois étapes et une recherche pacifique de la construction d’un consensus et donc d’un contrat social simple, opérationnel sur l’avenir des Togolais et des Togolaises au Togo comme dans la Diaspora.

3. VERS LE CONSENSUS DES TRAJECTOIRES PLURIELLES POUR L’ALTERNANCE AU TOGO

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, interpellons sur le fait que chaque citoyen togolais sache qu’il ou elle est responsable d’abord de lui-même (d’elle-même) mais est tout aussi responsable de chaque autre citoyen (citoyenne) togolais partout où il ou elle se trouve. C’est cela le fondement du vivre ensemble qui fonde la vie pacifique dans la cité. En faisant souvent fi de la deuxième partie de cette assertion, le Peuple togolais a appris à ne vivre qu’en s’invectivant afin d’avoir le sentiment de mieux exister.

En langage clair, le citoyen togolais a opté comme priorité de « se faire voir » avant d’être responsable de son prochain. Cette déviation culturelle, qui au plan historique peut rappeler les déviations envers les lois de la vie ensemble offerte par Dieu lui-même, a un prix : celui d’un Togo tenu en servitude depuis plusieurs décennies par une autocratie fondée sur la gouvernance des inégalités. Aussi dès que la colère collective monte, il suffit pour ceux qui dirigent et contrôlent ce système de faire appel à leurs amis étrangers pour obtenir les armes pour mater le peuple. Les traitres et délateurs au sein de la population togolaise pour aider le pouvoir à neutraliser les meneurs et innovateurs ne manquent pas, autant que les opportunistes de tous poils qui, pour des raisons alimentaires ou de carrière personnelle, choisissent la voie de la prostitution politique.

Face à cela, comment le Peuple togolais dans toute sa diversité plurielle peut-il faire entendre sa voix ? Comment tracer le chemin qui mène vers un consensus des trajectoires plurielles mais souhaitant l’alternance du contrat social entre le Peuple et ses dirigeants ? La solution passe par une meilleure organisation du vivre ensemble avec un objectif clair où les responsables doivent rendre publiquement des comptes réguliers au Peuple togolais. Cela ne pourra pas se faire sans un programme pour l’avenir du Togo qui ne traite pas de la réduction des inégalités en créant d’abord des richesses et des emplois décents grâce à l’entreprise, ce dans le cadre d’un système de liberté où les valeurs sociales ne seront pas sacrifiées sur l’autel de l’impunité, ni par la loi du silence, encore moins par la démocratie de façade.

4. LE VIVRE ENSEMBLE : RETROUVER UN CONSENSUS POUR UN CONTRAT SOCIAL DE L’ALTERNANCE

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, sommes persuadés que le calme précaire au Togo ne pourra pas tenir face à la colère intériorisée. Si la voie de la violence n’est pas celle que la sagesse préconise, celle du refus de la servitude volontaire risque de se traduire par une forme ou une autre d’insurrection. Cette insurrection peut venir de plusieurs pôles ou de la conjugaison de certains pôles. Une insurrection pourquoi faire ? Changer Faure Gnassingbé pour le remplacer par un sosie togolais qui perpétuerait le même système politique n’est pas la solution ! Donc, remplacer Faure Gnassingbé par des individus qui ont choisi une stratégie qui a conduit à la neutralisation de la volonté du Peuple togolais ne peut pas être la solution. Comme, a priori, personne n’a encore proposé de solution, il faudra alors nécessairement préparer le cadre original pour la tenue d’une conférence inclusive en trois parties car il faudra :

  • d’abord « PALABRER », puis « DÉCIDER », sur le format du système du Vivre ensemble et ses modalités pratiques d’organisation et de décision consensuelle à partir d’une forme togolaise originale de démocratie participative ;
  • puis proposer un « PROGRAMME POUR L’AVENIR DU TOGO » afin de mieux « S’ORGANISER » pour gérer une transition de 18 à 24 mois pour enfin préparer en toute sécurité et dans la transparence, des élections présidentielles crédibles fondées sur la vérité des urnes au Togo.

C’est donc l’organisation de cette conférence inclusive qui aura pour objectif de structurer « le vivre ensemble selon la conception des citoyens togolais » et non la conception unilatérale et injuste d’un club clanique militaro-civil-ésotérique comme c’est le cas depuis 1967 au Togo.

Aussi l’urgence stratégique est bien de trouver entre togolais un solide consensus seul susceptible d’élaborer un vrai contrat social fondé sur la création de richesses et d’emplois à partir du travail de chacun. La conférence citoyenne intertogolaise y compris ceux de la Diaspora plurielle doit porter, entre autres, sur « le Vivre ensemble » et un contrat social portant sur l’Avenir du Togo.

5. CONFÉRENCE INCLUSIVE : TROIS PHASES AVEC CINQ PÔLES POUR VIVRE ENSEMBLE

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, proposons d’abord l’organisation d’une conférence inclusive afin d’identifier en premier lieu les acteurs engagés pour l’alternance politique, puis en second lieu de structurer l’organisation du processus en plusieurs phases, puis en troisième lieu, de faire adopter un système commun de décision ou plutôt de rejet de ce que le Peuple togolais ne veut pas afin d’aboutir finalement à la construction, dans le cadre d’une démocratie participative, à un programme commun sur l’avenir du Togo.

5. 1 UN RAPPORT DE FORCE ASYMÉTRIQUE : CINQ « PÔLES » D’ACTEURS

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, reconnaissons qu’au Togo, il existe au moins cinq pôles d’acteurs :

  • Pôle 1. Le Pôle du Pouvoir Politique à savoir le Gouvernement, le parti RPT/UNIR et ses partis satellites et un parlement actuellement non représentatif de la volonté du Peuple togolais du fait d’une absence de procédures électorales transparentes et non paritaires ;
  • Pôle 2. Le Pôle des Forces armées togolaises et les structures satellites officielles et officieuses ;
  • Pôle 3. Le Pôle des partis politiques en opposition au pouvoir en place notamment la Coalition des 14 partis politiques et les partis politiques non membres de la C14 ;
  • Pôle 4. Le Pôle de la société civile au Togo ;
  • Pôle 5. Le Pôle de la Diaspora plurielle, la 6e région du Togo selon l’Union africaine.

Les partis politiques non membres de la C14 sont, soit peu représentatifs, soit insignifiants en termes de représentativité, soit plus ou moins alignés sur le pôle du pouvoir politique ou celui de la C14, même si une multitude de partis se réclame du « centrisme ».

Actuellement, c’est surtout le fonctionnement non-consensuel de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la non-indépendance de la Cour Constitutionnelle, la représentativité du Parlement togolais dont la composition ne reflète pas l’expression de la vérité des urnes mais la volonté autocratique du Pôle 1, celle du Pouvoir Politique et la non-indépendance de la Justice, qui fondent la perpétuation de la crise togolaise. Pour pouvoir avancer sur le chemin de la démocratie, ces trois institutions doivent être démantelées et refondées sur des bases démocratiques et paritaires. La période de transition pourrait passer par une Assemblée constituante dont les membres ne pourront pas être issus du Pôle 2 à savoir les forces armées togolaises.

La crise togolaise repose uniquement sur la capacité du Pôle du pouvoir politique à aligner le Pôle des Forces armées togolaises sur sa volonté. Ceci au moyen de la promesse de carrières fulgurantes, la distribution de rémunérations en toute non transparence, la promesse de l’impunité, le non-respect des droits humains, la répression du Peuple togolais, notamment contre une large majorité du Pôle 3, Pôle 4 et Pôle 5, et enfin l’intervention dans le processus démocratique au profit du Pôle 1, etc. Il existe des exceptions au sein des FAT, mais certaines de ces personnalités de valeur, non-partisanes et faisant preuve d’un esprit républicain, ont été soit exclues de l’armée et forcées à l’exil, soit forcées de déserter pour ne pas avoir à exécuter des ordres intimant de commettre des actes odieux et criminels contre le Peuple togolais.

En attendant de faire vivre ces cinq pôles de manière harmonieuse, il y a lieu de prendre conscience du rapport de force asymétrique. Il est illustré par l’alliance du Pôle 1 et du Pôle 2 pour obtenir le soutien des entreprises multinationales et de certains gouvernements africains et occidentaux, qui leur permet de se maintenir au pouvoir grâce à l’oppression du Peuple togolais en lui refusant le droit à la vérité des urnes.

Le Pôle 3 notamment la C14 a choisi, pendant longtemps, de faire cavalier seul, considérant la société civile au Togo comme une force négligeable, refusant par ailleurs d’élargir le combat politique contre les nombreuses atteintes aux problèmes sociaux et environnements occasionnés par la mauvaise gouvernance économique et politique du Pôle 1. Les dirigeants de la C14 n’ont jamais demandé au Peuple togolais d’approuver leur stratégie. Ils ne reviennent au Peuple togolais que lorsqu’ils sont en difficulté face au rapport de forces défavorable créé par l’association des Pôles 1 et 2. Mieux, lorsque la C14 a opté pour neutraliser l’élan du Peuple togolais pour l’insurrection populaire, en spéculant sur l’hypothétique réussite d’un 28° dialogue qui s’est révélé aussi désastreux que les 27 précédents, son attitude a conduit, consciemment ou inconsciemment, à devenir dans les faits un satellite non officiel des Pôles 1 et 2.

C’est ce qui explique le réveil tardif du Pôle 4, à savoir la société civile au Togo, qui apprend à ses dépens la difficulté à évoluer en toute indépendance. En effet, la société civile au Togo comme au demeurant dans la Diaspora togolaise est traversée par de multiples courants de citoyens togolais, dont certains sont, soit des opportunistes, soit des cellules dormantes satellitaires des Pôles 1 et 2. Parmi cette société civile, il faut citer aussi de nombreux journalistes qui travaillent directement pour le Pôle 1 et 2, ne serait-ce que pour des raisons alimentaires.

Quant au Pôle 5, il importe de préciser que la Diaspora togolaise est constituée par une majorité d’individus qui se considèrent et s’affirment comme apolitiques. Pour des raisons de sécurité de leur famille ils préfèrent ne pas se mêler de la vie de la cité. Cette Diaspora poltronne et non courageuse ne sait pas qu’elle contribue au maintien du statu quo au Togo. Mais il y a une autre Diaspora, alignée soit sur le Pôle 1 ou sur le Pôle 3, qui oublie que le Pôle 1 refuse systématiquement de recenser la Diaspora, refuse de lui donner le droit de vote et refuse de lui accorder une possibilité d’être éligible, dès lors que cette personnalité de la Diaspora dispose d’une double nationalité.

5.2. TROIS PHASES POUR ALLER À LA CONFÉRENCE INCLUSIVE

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, constatons paradoxalement que les Pôles 1, 2, 3 et 4 semblent avoir développé une sorte d’ostracisme envers la Diaspora en général, dès lors que cette dernière ne partage pas leur point de vue et ne s’aligne pas sur leurs injonctions. Aussi, il y a lieu de distinguer la Diaspora « non alignée » de celle des « alignés ». Par contre, les représentants de ces Pôles ne perdent pas le « nord » lorsqu’il s’agit de tout faire pour obtenir les fonds transférés par la Diaspora togolaise pour couvrir les conséquences néfastes de la mauvaise gouvernance du Pôle 1 doublée de pauvreté abjecte et d’inégalités criardes.

Aussi, chacun doit comprendre que la Diaspora n’est pas une entité fantôme. C’est pourtant l’avis du Pôle 1 qui ne s’est pas gêné pour exclure le Pôle 5 du jeu politique. Constater que les Pôles 3 et 4 ne font que très peu d’efforts pour associer la Diaspora à leurs travaux sur l’avenir du Togo relève de l’euphémisme.

Toutefois, la Diaspora togolaise existe et doit être représentée sans ostracisme. Elle constitue en soi – depuis que tous les pays membres de l’Union africaine ont reconnu qu’elle constituait la 6e région d’Afrique -, une entité autonome avec des citoyens à part entière et non des citoyens entièrement à part comme c’est le cas aujourd’hui au Togo. Aussi, pour valider son existence, elle doit être recensée et être représentée. Le Pôle 5 doit pouvoir jouer pleinement son rôle en tant que Diaspora plurielle indépendante.

Pour trouver une solution, il importe d’analyser la crise togolaise comme étant d’abord un problème de rapport de forces.

Les Pôles 1 et 2 se sont coalisés pour maintenir le Peuple togolais dans la servitude, la peur, la terreur et la déresponsabilisation des élites. Chacun a peur. Mais peur de quoi exactement ? Nul ne le sait ! De perdre son poste, de mourir ? Peut-être ! Mais chacun va mourir un jour !

Alors, le Peuple togolais a-t-il peur du rapport de force asymétrique que les Pôles 1 et 2 ont constitué pour diviser les citoyens togolais pour mieux régner ? Assurément ! Alors Togolais, Togolaise, cesse de justifier le statu quo, car c’est organiser toi-même la perpétuation de ton statut d’esclave du système militaro-civil et ésotérique de Faure Gnassingbé. C’est pour cela que la lutte se gagne d’abord sur le plan spirituel. Les responsables des communautés religieuses qui sont restés indépendants des injonctions ou des tentations provenant du Pôles 1 et 2, sont ceux qui peuvent lutter réellement pour l’avènement de la vérité des urnes et donc œuvrer pour la libération spirituelle et l’amélioration du mieux-être du citoyen togolais. Alors, pas de doutes. Il faut d’abord comprendre qu’il faut une nouvelle alliance pour un nouveau rapport de force.

5.2.1 La phase une de la Conférence inclusive suppose que les Pôles 3, 4 et 5 doivent, de manière décentralisée, faire des propositions, se rencontrer, palabrer, faire des choix sur une base démocratique à la majorité simple en respectant les impératifs budgétaires pour faire émerger leur proposition commune pour l’avenir du Togo. Les propositions doivent nécessairement permettre de générer de la valeur ajoutée et des richesses nouvelles, avec en filigrane un rôle pour l’entreprise et la transformation des matières premières au Togo, pour des consommateurs togolais qui doivent apprendre à consommer les produits togolais.

5.2.2 La phase deux de la Conférence inclusive suppose que les Pôles 3, 4 et 5 se rencontrent pour exposer leur programme, adopter sur une base consensuelle celui qui servira de moteur, afin d’intégrer les autres pôles sur une même base consensuelle et de compromis. C’est donc la proposition qui sortira de cette deuxième phase qui sera alors confrontée avec le programme du Pôle 1, étant entendu que le Pôle 2 doit rester cantonné dans ses casernes et ne pas chercher à intervenir dans le débat en tant que forces armées togolaises. Il va de soi que chaque membre du Pôle 2 est un citoyen togolais et qu’à ce titre, après avoir revêtu la tenue civile à l’issue de son service, il dispose des mêmes droits pour exprimer librement son choix en s’inscrivant soit dans le programme commun des Pôles 3, 4 et 5, soit dans le programme du Pôle 1.

5.2.3 Enfin, la phase trois consiste en une grande conférence inclusive où les deux grands programmes feront l’objet de présentation au Peuple togolais. Elle sera organisée dans le respect de la parité, 50 % hommes et 50 % femmes, mais aussi de la représentation intergénérationnelle avec la présence d’au moins 50 % des moins de 40 ans et 50 % des plus de 40 ans. Cette assemblée aura la mission difficile soit d’harmoniser les positions une fois que le programme commun et consensuel moteur aura été choisi afin de devenir le socle commun exécutable lors d’une transition d’environ 18-24 mois au Togo. Des contre-pouvoirs devront être mis en place pour rendre des comptes à la population et permettre des corrections et ajustements lors de l’exécution de ce Programme sur l’avenir du Togo. Cette phase transitoire doit pouvoir conduire à la tenue d’élections démocratiques, sécurisées et fondées sur la vérité des Urnes. Les représentants du Pôle 2 devront prêter serment devant le Peuple de garder leur neutralité et ne pas intervenir, de manière intempestive et unilatérale, dans le choix du Peuple togolais. Le Pôle 2 est constitué d’abord de citoyens et le fait de l’avoir oublié a fait de certains d’entre eux, des alliés objectifs du Pôle 1 qui bride la liberté et l’autodétermination de la grande majorité de citoyens togolais.

Néanmoins, en tant que citoyen, tout membre des forces armées togolaises est libre de participer, sans son uniforme, à toutes les phases du processus de la Conférence inclusive. Le Pôle 2 est invité à soutenir publiquement le socle commun qui sera adopté par le Peuple togolais, suite à ces négociations intertogolaises. C’est donc au cours de cette transition que les réformes électorales, institutionnelles et constitutionnelles demandées par le Peuple togolais seront mises en œuvre. La priorité au cours de la transition est de faire évoluer le Togo en passant d’une gouvernance basée sur des « individus forts » à une gouvernance basée sur des « institutions fortes ».

Compte tenu du rôle particulier du Pôle 2, hiérarchiquement soumis au Pôle 1 par les dispositions constitutionnelles, des contre-pouvoirs devront être mis en place pour que l’alliance entre ces deux Pôles ne se fasse pas aux dépens des populations togolaises. En effet, une Assemblée constituante citoyenne pourra être proposée et adoptée pour sanctionner sur la base d’une majorité qualifiée les éventuelles dérives occasionnées par les actes découlant de la défense des intérêts partisans de dirigeants de ces deux Pôles.

6. ADOPTER UNE ORGANISATION DÉCENTRALISÉE ET UN MODE DÉCISIONNEL DÉMOCRATIQUE

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, ne pouvons oublier le rôle de béquilles du pouvoir de Faure Gnassingbé, que joue le Groupe des 5 à savoir la France, l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Union européenne, le système des Nations Unies, et considérons la Communauté économique et de développement des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) comme un allié partisan des Pôles 1 et 2. C’est se nourrir d’illusions sur la sincérité de leur panafricanisme que de croire au soutien de certains chefs d’Etat de la sous-région d’Afrique de l’Ouest, qui ambitionnent de faire un troisième mandat présidentiel alors que la Constitution de leur pays l’interdit dans l’esprit et dans le droit. Ceux-là ont un trait commun, celui de détester le Peuple, sauf quand ce dernier se soumet à leur désidérata. Le processus électoral, faussement qualifié de « démocratique », n’est utilisé que pour formater une démocratie de façade, une imposture appelée la démocrature.

Ainsi, lorsque de surcroit la ventrologie et la corruption s’en mêlent, comment ne pas s’interroger sur l’information selon laquelle certains ex-agents de la CEDEAO, sans oublier de prendre leur part au passage, sont au gré des circonstances diligentés pour distribuer, vraisemblablement au nom du Pôle 1 et sous l’intimidation du Pôle 2, de l’argent cash à certains responsables de l’opposition ? Si cela est vrai, depuis quand cela dure-t-il ? Que vaut alors dans ces conditions de corruption ou de soudoiement caractérisé, la parole de ceux qui prétendent s’opposer aux Pôles 1 et 2, voire le remplacer ? Pas grand-chose ! Le citoyen doit en prendre conscience et apprendre à prendre ses responsabilités et s’engager personnellement avant d’identifier des responsables éthiques et compétents pour le représenter dans un cadre nouveau, celui de la démocratie participative.

Alors, pour construire quelque chose de nouveau en politique, il importe que les responsables de la C14 « s’auto-démissionnent » collectivement. Que ce soit pour la conduite unilatérale du mouvement insurrectionnel, que ce soit de la responsabilité de mener l’opposition unilatérale contre les Pôles 1 et 2, ou que ce soit le fait de subir une implosion sous la pression de l’humiliation indirecte du Peuple togolais, la C14 doit céder la place à l’espérance du Peuple togolais en acceptant le principe d’une reconstruction par les citoyens togolais eux-mêmes de leur propre futur, et donc d’une nouvelle direction décentralisée et partagée de la lutte pour l’alternance.

La raison préludant à cette fin prématurée est que la C14 n’a pas été efficace, ce apparemment en toute connaissance de cause. Pour certains, elle s’est trompée de stratégie. Pour d’autres, elle aurait choisi de légitimer l’unilatéralisme du Pôle 1, rendu possible par l’asservissement et le contrôle de quelques haut-gradés du Pôle 2, afin de se perpétuer comme une opposition permanente à côté d’un pouvoir de Faure Gnassingbé permanent. Le poste de chef de file de l’opposition, créé de toute pièces par le Pôle 1 ne pouvait pas ne pas servir les intérêts des dirigeants des Pôles 1 et 2. Le poste de « chef de file » de l’opposition doit être supprimé. L’opposition devra évoluer vers un collège regroupant et représentant les Pôles 3, 4 et 5.

Est-ce que la C14 est devenue un acteur favorable, complaisant et aligné sur les Pôles 1 et 2 quitte à tenter parfois d’infiltrer les Pôles 4 et 5 ? La réponse semble plus proche du oui que du non. En effet, certains « ayatollahs » de l’opposition n’arrivent plus à faire dans le discernement, ni dans la sagesse. Ils ou elles devraient se rappeler qu’une opposition politique a d’abord pour objet de faire des propositions au Peuple pour une meilleure organisation et gouvernance de la cité, et moins d’adopter des stratégies politiques conduisant à s’éterniser dans l’opposition, sans dégager la moindre perspective d’alternance politique.

Alors la nouvelle stratégie ne peut plus reposer sur une approche centralisée et pyramidale. Il faut une approche décentralisée fondée sur une démocratie participative. C’est cette approche qui servira de soutènement et de fondement à la structuration d’un programme commun portant sur l’avenir du Togo. Chaque togolais devrait pouvoir proposer, dans la limite des nouveaux budgets à définir, des actions à réaliser pour créer de la richesse et de l’emploi. Gouverner avec le Peuple et pour le Peuple, c’est être capable de lui offrir des solutions originales, créatrices de richesses additionnelles dont la gestion ne peut légitimer les inégalités, l’impunité et la concentration des pouvoirs auprès des « en-haut d’en haut » qui ont pris en otage les membres les moins influents des Pôles 1 et 2. Oui, certains militaires souffrent mais doivent continuer à obéir aux ordres de martyriser les populations. Oui, certains militaires masculins font des fouilles corporelles sur les « mamans » et « sœurs » des prisonniers politiques détenus sans raisons dans les prisons sordides du Togo.

L’Amnistie politique est devenue un impératif et une nécessité urgente, sinon la voie de l’insurrection reprendra ses droits une fois que les neutralisateurs de cette option auront opté pour l’auto-démission.

7. RECOMMANDATIONS DE RCDTI ET DU CVU-TOGO-DIASPORA : S’APPROPRIER NOTRE AVENIR

Nous, personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante, rappelons à l’instar du Révérend Père Pierre Marie-Chanel Affognon, l’un des cinq porte-paroles du mouvement citoyen « Les Forces Vives Espérance pour le Togo », pour que « chaque togolais puisse vivre dans un espace où il se sent en liberté », il convient absolument de modifier pacifiquement le rapport de forces et reconnaître l’existence de la Diaspora togolaise plurielle. Les Pôles 3, 4 et 5 doivent pouvoir convaincre le Pôle 2 et même les démocrates du Pôle 1 de les rejoindre. Encore faut-il le vouloir, et s’engager en tant que citoyen pour l’alternance au Togo.

Ne pas reconnaître officiellement la Diaspora togolaise par le recensement, le droit de vote et le droit à l’éligibilité électorale y compris pour les double-nationaux, c’est refuser le droit à la citoyenneté aux citoyens togolais vivant à l’extérieur du Togo.

Aussi, le nouveau contrat social qui émergera des concertations, conférences, téléconférences entre les Pôles 3, 4 et 5 devraient permettre au Pôle 2 de prendre conscience de sa responsabilité face à l’Histoire. Car certains d’entre eux, prématurément propulsés au grade de « général », pourraient être contraints de s’expliquer et de rendre des comptes sur des accusations de « crimes contre le Peuple togolais », si la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) réformée, incluant la présence de la Diaspora non alignée, pouvait prolonger son action et terminer son travail.

Il est donc dans l’intérêt des responsables du Pôle 2 de comprendre que le statu quo de l’impunité et de la mauvaise gouvernance a perduré au Togo, essentiellement du fait d’une compréhension déformée et faussée de la mission confiée au Pôle 2. Mission dévoyée par un pouvoir politique avide de se perpétuer aeternam en soudoyant par cercles concentriques toutes les personnes ayant pris des vacances perpétuelles avec les valeurs humaines et le droit de vivre ensemble. Il est nécessaire que le Pôle 2 prenne ses responsabilités, en s’engageant à encadrer au sein sécuritaire et ce, de manière non-partisane, les différentes phases de la conférence inclusive puisqu’il sera devenu une Institution d’une République optant pour une démocratie participative et non un outil de répression des innocents togolais au profit du Pôle 1.

L’approche décentralisée dans le processus de réformes du Togo et de ses institutions devrait conduire à évoluer graduellement vers une décentralisation politique, voire une fédération du pays. L’approche centralisée de l’Etat n’a fait qu’augmenter les inégalités et les concentrations des richesses et des pouvoirs au sein des Pôles 1 et 2. Il est difficile ainsi pour l’Etat d’être au service du Peuple togolais. C’est donc bien un changement culturel qui est demandé à chaque citoyen togolais s’il ou elle souhaite une mobilisation et/ou remobilisation du Peuple togolais pour une alternance politique fondée sur une vision économique, sociale et environnementale qui replace l’être humain et son devoir de création de richesses et de solidarité au sein de son engagement citoyen, et donc politique.

La confiance entre le Peuple et ses dirigeants est à ce prix. Il y a eu trop de morts, de blessés, d’handicapés, de violés, d’humiliés, de détenus sans raisons ou sous des raisons fallacieuses pour la démocratie au Togo. L’esclavage politique doit prendre fin. Chaque citoyen doit le vouloir et s’engager là où c’est possible, ce dans n’importe lequel des cinq pôles pour une alternative et donc une alternance. Il y a encore trop de sympathisants et amis de la Démocratie et de la vérité des urnes enfermés dans les prisons sordides du Togo. Il est temps de mettre fin à une période d’usurpation du pouvoir qui a commencé le 13 janvier 1963. Le Marathon démocratique doit pouvoir prendre fin avec l’avènement de la conférence inclusive et de la transition politique qui conduira aux élections de la vérité des urnes.

Le Peuple togolais aura retrouvé alors son droit à l’autodétermination et au choix non pas seulement d’individus, mais surtout au droit de construire un Programme commun pour l’avenir du Togo consensuel, solidement arrimé à un socle de valeurs humaines universelles, fondatrices d’une approche commune pour un partenariat gagnant-gagnant.

Le Togo est le bien commun de tous. Chaque togolais est responsable de son prochain, comme tous, nous sommes responsables de chaque togolais, partout où il ou elle se trouve.

Aussi, le Peuple togolais doit se préparer aux élections de 2020, en s’organisant pour faire émerger préalablement au scrutin, un programme commun consensuel sur l’avenir du Togo et une « candidature commune » et non pas une « candidature unique » pour le porter avec l’adhésion et le soutien du plus grand nombre.

Toutes initiatives citoyennes allant dans le sens de la mobilisation du Peuple togolais pour une alternance démocratique, partout où il se trouve et sur une base décentralisée, recevra le soutien des personnalités de la Diaspora togolaise plurielle et indépendante.

Il suffit de nous contacter, d’être engagé et de vouloir participer à l’élaboration d’un programme commun sur l’avenir du Togo. Le Togo ne peut être l’or de l’humanité, si les humains qui le composent ne sont pas des modèles éthiques en termes d’or de l’humanité.

Le 16 février 2019.

SIGNATURE :

Les personnalités togolaises et amis du Togo engagés pour l’alternance au Togo.
(Les noms sont classés par ordre alphabétique)

ALI, Camus
AMAÏZO, Yves Ekoué (Dr)
AMEDODJI, Philippe
BALIKPO, Jean Pierre Akoété
D’ALMEIDA, Ernesto (Dr)
D’ALMEIDA, Mathieu
FABREGAT, François
FORSON, Kue
KLOUSSÉ, Kouassi
KODJO, Apelete Félix
MENSAH, Christian
RANDOLPH, Antoine (Dr)
SOSSOU, Innocent Anani
TAKO, Alphonse
TRAORE, Inoussa Moussa Avé

Note : Toutes les personnalités qui souhaitent être signataires de ce texte peuvent le faire en écrivant par courrier électronique à l’adresse ci-dessous. Leur nom sera rajouté à la liste de personnalités et ils ou elles auront l’occasion de participer à l’une ou l’autre des téléconférences fondant notre démocratie participative.

Contact et Coordination : [email protected] et [email protected]

Source : cvu-togo-diaspora.org

Togo-Online.co.uk