Le scrutin du 30 juin 2019 a livré son verdict définitif ce mercredi 17 juillet 2019. On a cru noter une nette prédominance du parti au pouvoir qui s’adjuge, après quelques recadrages de la Cour suprême, 878 postes de conseillers. L’ANC malgré toute sa rodomontade n’a obtenu que 132 postes contre 129 pour la coalition de l’opposition. UFC, NET, MPDD… complètent la liste avec 42, 31, 25, … sièges. Le scrutin est attendu dans 5 communes mais rien de bien grand ne changera dans ce schéma.
Ces résultats font dire à tout le monde que Unir s’est taillée la part du lion. Cela en a tout l’air sauf que quand on y regarde de plus prêt, Unir n’a rien fait d’extraordinaire. Au contraire ce scrutin démontre que Unir n’a fait que se maintenir là où l’opposition a dégringolé.
Pour y voir plus clair, prenons le taux de participation communiqué par la CENI. 52,46% des électeurs se sont déplacés pour aller voter. Ce qui signifie que presque 48% des électeurs n’ont pas jugé utile de se rendre aux urnes.
Selon la CENI, 3.359.327 togolais se sont inscrits sur les listes électorales. Si 52,46% de cet électorat seulement était aux urnes, cela veut dire qu’il y avait exactement 1.762.639 votants ce 30 juin.
Si on estime que 62% de ces inscrits ont voté Unir, ceci ramène l’électorat du parti au pigeon volant à 1.092.836. Les 669.803 ont voté pour l’opposition.
À présent, reprenons l’électorat de Unir aux dernières élections (législatives 2013 et présidentielle 2015).
– En 2013, sur les 2.011.203 votants, Unir recueillait un pourcentage de 46,7% soit *880.608* votants. Il y avait donc *1.130.595* personnes qui n’avaient pas voté pour Unir.
– En 2015, sur les 2.140.130 votants, le candidats de Unir a recueilli *1.221.756* voix… 918.374 togolais n’avaient pas voté Unir.
Nous préférons délibérément laisser tomber les législatives de 2018 dans l’analyse puisque toutes les forces n’étaient pas en compétition et cela fausserait les analyses.
Maintenant regardons les taux de participation successif et l’électorat de Unir (2013, 2015 et 2019)
En 2013 – 66,1% – Unir – 880.608
En 2015 – 60,99% – Unir – 1.221.756
En 2019 – 52,46% – Unir – 1.092.836
Côté opposition :
En 2013 – opposition – 1.130.595
En 2015 – opposition – 918.374
En 2019 – opposition – 669.803
On note clairement que les taux de participation sur ces trois années prises sont en pente descendante. Mais curieusement Unir stagne. Entre un peu plus de 800 mille et un peu plus 1 million. Par contre l’opposition a quitté la barre du million, ensuite des 900 mile pour se loger légèrement au dessus de 600 mille.
Tout le tintamarre de Unir, toute l’occupation du terrain qu’elle fait ne lui permet pas d’aller au-delà de son électorat traditionnel. Il y a un pourcentage de togolais qui ne vote que Unir et cela quels que soient la situation et le discours. Ce pourcentage pourrait se situer entre 30 et 35% de l’électorat.
Par contre, ce qui permet à Unir de battre l’opposition (et non de gagner au sens triomphal du terme), c’est le désintérêt de l’électorat de l’opposition. La baisse des taux de participation a agit directement sur les score de l’opposition. Cela signifie que le boycott ne profite qu’au pouvoir. L’opposition ne réussi jamais à ratisser d’autres électeurs indécis à sa cause (Unir n’y arriverait pas. C’est l’effet usure du pouvoir. Après un certain nombre d’années au sommet on ne séduit plus, on a beau charmé, rien ne changera…).
Unir est suffisamment intelligente pour le comprendre et joue simplement à diviser la maison adverse pour décourager son électorat. Malheureusement, en face, on n’a pas l’intelligence nécessaire pour le comprendre et on tombe et retombe dans le même piège.
Tant que le discours et l’offre politique ne changeront pas, l’opposition n’aura que ses yeux pour pleurer le triomphe sans gloire de Unir…
Samuel Gnanhoui
Source : telegramme228.com