« On ne va pas à une élection contre un dictateur, on le combat, on le chasse » (Candide Azannaï)
Le président du parti Restaurer l’Espoir (RE), Candide Azannaï fut l’un des artisans de la victoire de Patrice Talon aux élections présidentielles de 2016 au Bénin. Il avait alors été nommé ministre délégué à la Défense. En mars 2017, moins d’un an après sa prise de fonction, le bras droit du président Talon démissionne avec fracas du gouvernement en plein controverse du projet de la révision de la Constitution soumis aux députés.
Face aux dérives autoritaristes de Patrice Talon qui a engagé le Bénin sur une pente glissante, Candide Azannaï a décidé d’opposer la résistance contre son ancien allié. Tel est le fondement de son combat. « Il y a une différence entre l’opposition et la résistance. Il y a opposition quand on est en démocratie. Aussi longtemps que nous serons en démocratie, nous pourrons parler de partis politiques, nous pouvons parler d’opposition. Mais une fois que la dictature s’est installée on ne parle plus d’opposition. On ne s’oppose pas à une dictature. On résiste à une dictature », a martelé le leader du parti RE.
Avec l’avènement de Patrice Talon au pouvoir, le Bénin jusque-là considéré comme l’un des modèles démocratiques en Afrique francophone, a connu une totale régression. Le magnat du coton a fait organiser des élections législatives à l’exclusion de toute l’opposition. Sa mouvance s’est octroyé 100% des sièges à l’Assemblée nationale comme au Togo à l’issue d’une parodie d’élection qui a enregistré un taux de participation de moins de 20%.
Il récidiva la même forfaiture lors des élections communales où les partis d’opposition n’avaient pas été autorisés à présenter des listes. Faits inédits au Bénin. Pour la présidentielle de mars 2021, on s’achemine vers le même scénario. A moins d’un miracle, l’opposition sera absente à ce scrutin majeur, car selon la règle désormais imposée, les candidats à la magistrature suprême devront justifier du parrainage d’au moins 10 % des 83 députés et des 77 maires, soit un minimum de 16 élus. Problème, l’opposition n’a pas de conseillers municipaux ni d’élus à l’Assemblée nationale. Mathématiquement, il est impossible aux partis d’opposition de candidater pour la présidentielle de 2021.
Désormais farouche opposant ou résistant de Patrice Talon, Candide Azannaï élève une vive protestation contre ces mathématiques électorales et le tournant autoritaire dans lequel le président béninois a engagé le pays et appelle à ses compagnons de lutte à la résistance.
« Tous ceux qui savent que c’est une dictature qui est là et qui disent qu’ils sont opposants, ce sont des traitres en conscience, en acte, en pensée et en inconscience. Les oppositions dans un système de dictature sont toujours des complices à plus de 90% du dictateur », dégaine Candide Azannaï.
Des conseils qui valent autant pour l’opposition togolaise encline à légitimer le jeune dictateur togolais Faure Gnassingbé dans les urnes. Au Togo, depuis la nuit des temps, les élections ont été systématiquement et frauduleusement remportées par Gnassingbé père et fils qui totalisent à eux deux 53 ans de règne. Faure Gnassingbé est à son quatrième mandat et devrait s’offrir un 5ème en 2025 à travers des parodies électorales. N’empêche, certains responsables politiques ont déjà donné le ton en annonçant qu’ils ne boycotteront plus les élections au Togo. Autrement dit, ils légitimeront la victoire du fils.
En tout cas, candide Azannaï est formel, il ne faut jamais concourir à une compétition électorale avec un dictateur. Il aura toujours le dernier mot. « Un dictateur, on le combat, on le chasse. On ne candidate pas contre un dictateur, on ne va pas à une élection contre un dictateur », conseille l’ancien ministre de Patrice Talon.
Des conseils que l’opposition togolaise doit s’approprier et appliquer si elle veut mettre fin à cette vieille et anachronique dictature de 53 ans.
Médard Ametepe
Source : Liberté
Source : 27Avril.com