Les Universités Sociale du Togo réfléchissent sur les crises politiques répétitives en Afrique

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Ouvert ce vendredi à Lomé, ce rendez-vous de donner et de recevoir porte sur la thématique : La crise du pouvoir politique et le développement de l’Afrique. Il est initié par les Universités Sociales du Togo (UST) en collaboration avec le laboratoire de recherche Bioéthique et Ethique des Sciences et des Technologies (BEST) du département de Philosophie de l’Université de Lomé. Il prend fin ce samedi.

Après la cérémonie d’ouverture, le professeur Kä Mana de la République Démocratique du Congo (RDC) a donné sa conférence inaugurale qui a porté sur la thématique « Pouvoir politique et développement pour la renaissance de l’Afrique : Défis et enjeux ».

Selon lui, l’Afrique a connu et continue de connaître des crises politiques au point qu’elle est identifiée à travers elles. Les crises ne font que retarder l’Afrique. celles-ci tracent d’une manière sombre l’avenir du continent. Il va donc falloir un changement de mentalité, et passer du pessimisme à l’optimisme afin que l’Afrique puisse renaître de ces crises.

« Nous sommes plongés dans des crises profondes qu’il faudrait analyser avec sérénité pour trouver des voix de solutions où nous devons engager les nouvelles générations afin que, de l’Afrique des crises politiques, nous passions à une Afrique de la renaissance, capable aujourd’hui de s’organiser et de vivre comme un continent de grandes espérances, un continent de nouvelles utopies. Parce qu’on ne doit pas prendre ces crises dont on parle très souvent comme des évènements dramatiques, c’est dans l’histoire de notre continent, des moments initiatiques. D’où nous devons forcément sortir plus forts, pus aguerris afin que nous puissions affronter l’avenir avec plus de chance de réussir. Parce que l’avenir est avec nous et lumineux comme disait Wole Soyinka au sujet de l’avenir de l’Afrique », a-t-il dit.

Pour Kaï Mana, toutes les tentatives de solution au mal qui gangrène le continent ont été vaines. L’échec de toutes ces stratégies traduit la profondeur du mal, ajouté à l’amateurisme et l’improvisation des différents acteurs. Le dernier moyen auquel on recourt souvent est le dialogue, mais le dialogue est finalement de la poudre aux yeux par manque de volonté, mais surtout la recherche de l’intérêt personnel.

« Vous remarquerez le changement de vocabulaire, dans nos traditions africaines, à des rencontres entre ceux qui traitent des problèmes cruciaux de la société, on parlait de palabre. Aujourd’hui, ce n’est plus le mot qu’on utilise. On parle du mot « dialogue » et cette utilisation n’est pas innocente parce que le dialogue tel qu’il est conçu actuellement est un jeu politicien où, le mensonge, le drible, le demi-mot, les stratégies de peau de banane sont utilisés en abondance pour pouvoir fragiliser l’adversaire. Quand on n’a même pas un langage commun, quand on n’a pas de valeurs communes, quand on n’a pas des utopies et des rêves communs pour la nation, cette manière de voir le dialogue est de la plaisanterie. Nous plaisantons beaucoup avec le destin de l’Afrique en engageant des dialogues qui n’en sont pas. Si on pouvait revenir au palabre à l’africaine, regarder dans la palabre comme exigence de confiance en soi et de confiance en l’autre, comprendre que la palabre donne toujours priorité aux intérêts supérieurs de la communauté vis-à-vis des intérêts personnels. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui », s’indigne-t-il.

Quelles solutions pour le continent ?

« Prendre d’abord conscience de ce qui nous est arrivé et inscrire ce que nous vivons aujourd’hui dans l’histoire de traumatismes énorme que nous avons subi au cours des derniers siècles de notre histoire et que nous subissons encore dans le contexte de la mondialisation néolibérale et si nous ne faisons pas attention il y a de risque que nous en subissons encore dans l’avenir. Prendre conscience de cela sous-entend également que nous devons opérer des changements fondamentaux dans notre manière de voir la politique, dans notre manière de l’organiser, surtout dans notre façon de choisir les responsables de nos Etats et surtout de nous placer dans une vision où l’Afrique devienne une entité organisée capables d’affronter ses problèmes à l’échelle même du continent. Partant de cette conscience nous pourrons inventer de nouvelles stratégies pour le développement de nos pays. Exemple une autre politique d’éducation pour nos jeunes afin qu’ils puissent comprendre que la politique exige autre chose que le jeu de mensonge permanent. Eduquer le pouvoir en place et l’opposition de pouvoir assumer la politique comme responsabilité véritable dans la société », a-t-il souligné.

Pour Dosseh Ekoué David, Coordinateur Universités Sociales du Togo, en Afrique, il y a beaucoup de foyers de tensions qui ont des répercutions sur le développement économique, humain et social de nos différentes populations. Il est primordiale de se retrouver entre Africains pour pourvoir échanger sur ces différents problématiques au cours d’un débat participatif pour que nous puissions focaliser toutes nos énergies pour le développement du continent.

Interrogé sur l’impact que pourrait avoir ce colloque pour une résolution de la crise sociopolitique que connaît le Togo, il dit :

« Quand on parle de l’Afrique, on parle du Togo. Nous espérons qu’au cours de ce colloque nous aurons à aborder la problématique de notre pays et qu’il aura des solutions qui seront proposés. Parmi les personnes présentes à ce colloque nous avons retrouvé des personnalités politiques qui sont parties prenantes au dialogue inter-togolais. Nous espérons que colloque permettra d’avoir des approches de solutions qui pourront être versées au dialogue pour faire comprendre à tout ceux qui sont au dialogue que l’intérêt national prime sur l’intérêt individuel et de façon global l’intérêt du continent l’emporte aujourd’hui sur les quelques intérêts individuels », a-t-il laissé entendre.

Ce premier jour d’échange a pris fin sur deux panels. Le premier a porté sur « Etat, souveraineté et développement en Afrique » et le second a abordé la thématique « Citoyenneté, démocratie et bonne gouvernance ».

Pour rappel, les deux premiers colloques des Universités Sociales du Togo remontent respectivement en octobre 2016 et juin 2017.

Edem (Stagiare)

Source : www.icilome.com