Par Serge Lemask, togo-online.co.uk
Contraint à l’exil depuis un moment, il suit de près la lutte engagée par le peuple Togo pour l’alternance. Il a même participé la semaine dernière à une manifestation de la diaspora en France. Lui, c’est Alberto Olympio, ex-président du Parti des Togolais. Pour lui, la seule sortie pacifique à envisager pour la crise togolaise se résume en 3 mots : Démission – Transition – Élections.
Nous sommes en 2017 et le peuple togolais est debout. Les plus pessimistes disaient qu’il était endormi, résigné. La dictature togolaise pensait l’avoir maté à force de répression. Elle s’est trompée. Le Togo est bel et bien debout et veut retrouver sa liberté, une vraie démocratie et des institutions fortes, gages de justice et de développement. Notre pays veut mettre fin cette année aux présidences à vie ou par filiation, afin de ne plus être une particularité au sein de l’espace CEDEAO.
Pour cela, il nous faut restaurer la constitution de 1992, votée à près de 98% dans sa forme originelle.
A la requête légitime du retour à la constitution de 1992, le régime togolais donne comme seule réponse l’organisation d’un nouveau référendum, pour solder la crise et « pacifier » le pays.
Pacifier le Togo en organisant des élections, c’est comme tenter de résoudre un problème en utilisant les mêmes ingrédients qui l’ont créé. Le Togo n’est pas un pays en guerre et le peuple togolais loin d’être un peuple violent. Tous les épisodes de violence connus par le Togo sont des épisodes post-électoraux, ceci en raison de la nature même de notre processus électoral qui est vicié et propice à la fraude.
Le système électoral Togolais est l’un des plus opaques au monde. En 2015 nous avons démontré que le fichier électoral est confectionné de sorte que le régime en place parte toujours avec au moins 26% de voix d’avance. La mission de l’OIF en charge de superviser les opérations de révision des listes électorales a pointé du doigt plusieurs irrégularités rendant le fichier « imparfait » et donc non propice à l’organisation d’élections transparentes. Comment aurait-il pu en être autrement alors que seulement un inscrit sur 4 avait pu être identifié par une pièce d’identité ? Les trois autres étant inscrits uniquement sur déclaration de témoins sensés les reconnaître.
Lorsque nous avons fait une recherche de doublons dans le fichier ayant servi aux dernières élections législatives, nous avons trouvé pas moins de 259 000 doublons avec certains noms inscrits 20 fois. Oui je dis bien 20 fois!
Organiser un référendum dans de telles conditions, et au regard de la tension ambiante, ne servirait qu’à envenimer la situation. Les Togolais ne l’accepteront pas. Nous ne l’accepterons pas.
Nous ne l’accepterons pas parce que le retour à la constitution du 14 Octobre 1992 dans sa forme originelle n’est que juste réparation suite aux nombreux sabotages que lui ont infligés Eyadema Gnassingbe et son héritier. La vérité c’est que nous ne devrions même pas parler de révision mais de réparation. Le régime RPT/UNIR doit réparation aux togolais. C’est ce que nous exigeons.
En 2006, Faure Gnassingbé avait promis de réparer les torts causés par son accession en rétablissant les fondamentaux de la constitution de 1992, ce qui induisait qu’il ne ferait pas plus de deux mandats. Il en est à son 3ème. C’est un mandat usurpé de trop. Il est normal et légitime que le peuple togolais exige comme conséquence immédiate au rétablissement de la constitution de 1992 la démission de ce dernier.
La seule sortie pacifique à envisager pour la crise togolaise se résume en 3 mots : Démission – Transition – Élections
Une démission de Faure Gnassingbe est primordiale. Elle ira dans le sens du respect de l’esprit même de la constitution de 1992 qui limite à deux le nombre de mandats. Elle sera salutaire car elle apaisera le climat politique et permettra de taire les rancœurs trop longtemps accumulées par les citoyens togolais du fait de l’injustice.
Une transition sera nécessaire pour rétablir non seulement la constitution garantissant la préservation de nos acquis démocratiques, mais aussi la solidité et l’indépendance de nos institutions.
Des élections seront organisées mais avant, il faudra remettre à plat notre système électoral afin d’en faire un modèle dans la sous-région. Il le faut afin que le Togo ne connaisse plus d’élections contestées et contestables en raison d’une organisation douteuse. Il nous faudra dans un premier temps adapter nos lois pour ne plus accepter des inscriptions sur les listes électorales sans preuve d’identité et de nationalité Togolaise. Cette étape inclura l’attribution à chaque citoyen togolais sa pièce d’identité. Il faudra aussi et surtout l’inscription des togolais de la diaspora sur les listes électorales. Tout ceci prendra entre 6 et 12 mois.
Ce processus est obligatoire pour pacifier définitivement la vie politique togolaise et poser les bases d’une véritable démocratie et d’une stabilité durable.
Aux pompiers pyromanes qui font un chantage à la paix en tentant par tous les moyens d’imposer cette idée de référendum, nous disons qu’ils ne réussiront pas.
Ils ne réussiront pas, parce que nous Peuple Togolais, peuple souverain, sommes debout, unis et conscients d’une vérité : Le pouvoir c’est Nous.
Et il est temps de nous le restituer.
GAMESU !
Alberto Olympio.
Togo-Online.co.uk