Dans une lettre adressée au président de la Commission de l’Union africaine (UA) et aux chefs d’État et de gouvernement réunis en Sommet à Addis-Abeba, le président des États-Unis Donald Trump tente de clore la polémique née de ses propos rapportés sur les « pays de merde ». Il annonce une visite du secrétaire d’État, Rex Tillerson, en mars.
Le président américain a-t-il enfin pris conscience des dégâts de ses propos sur les « pays de merde » (shit hole countries) ? La lettre qu’il a adressée au président de la Commission de l’Union africaine (UA) Moussa Faki Mahamat, ainsi qu’aux chefs d’Etat et de gouvernement, actuellement réunis en sommet à Addis-Abeba et dont Jeune Afrique a pu obtenir une copie, sonne en tout cas comme des excuses.
« Les États-unis respectent profondément les partenariats et valeurs que nous partageons avec l’Union africaine, les États membres et les citoyens du continent, écrit-il dans la missive, datée du 25 janvier et transmises aux délégations ce vendredi 26 janvier. Je veux souligner que les États-Unis respectent infiniment les Africains, et mon engagement pour des relations solides et respectueuses avec les États africains en tant que nations souveraines est ferme ».
Les propos tenus par le président américain le 11 janvier, selon le Washington Post, avaient provoqué des réactions outragées de plusieurs chefs d’État du continent. Évoquant les immigrants aux États-Unis venus d’Haïti, du Salvador et de pays africains lors d’une réunion au bureau ovale, il s’était demandé « pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ? », selon le quotidien américain.
La tension toujours vive
« L’Afrique et la race noire mérite le respect et la considération de tous » (sic) avait notamment tweeté le président sénégalais Macky Sall en réponse. L’UA avait condamné les propos de Trump, et le groupe des pays africains à l’ONU réclamé des excuses .
Signe que la tension n’était toujours pas retombée, le président en exercice de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a déclaré jeudi 25 janvier, en préambule à l’ouverture du Sommet de l’Union africaine, que « l’Afrique [n’avait] pas fini de digérer les déclarations du président des États-Unis qui ont profondément choqué par les messages de mépris, de haine, de désir de marginalisation et d’exclusion de l’Afrique qu’elles ont véhiculées ». « Le continent ne saurait se taire à ce sujet », avait-il ajouté.
Les réactions de la commission, dont le discours du président Faki Mahamat, restent les mêmes concernant les propos tenus par M. Trump
Dans sa lettre, Donald Trump prend également soin de « saluer » le « leadership » de Moussa Faki Mahamat, de « féliciter » pour son élection en tant que président en exercice de l’UA le président rwandais Paul Kagame – qu’il a rencontré en marge du sommet de Davos, en Suisse -, et de « remercier » son prédécesseur, le président guinéen Alpha Condé pour son « service ».
Le président américain dit aussi que son pays « s’associe » au continent pour « améliorer la sécurité des transports et préserver l’immigration légale ».
« Nous prenons bonne note de cette lettre, a réagit Ebba Kalondo, la porte-parole du président de la Commission, interrogée par Jeune Afrique. Mais les réactions de la commission, dont le discours du président Faki Mahamat, restent les mêmes concernant les propos tenus par M. Trump ».
Dans sa lettre, le président américain annonce une « visite prolongée » du Secrétaire d’État américain Rex Tillerson en Afrique au mois de mars. Il aura fort encore fort à faire pour éteindre la polémique.
Source : www.cameroonweb.com