Les raisons qui hypothèquent l’émergence du Togo en 2030

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L’expert en économie, président de l’association « Veille Economique », Thomas Koumou, livre ici les raisons qui empêchent le Togo de connaître l’émergence à l’horizon 2030.

Quatre raisons qui hypothèquent l’émergence du Togo à l’horizon 2030

Le refrain est désormais le même au niveau des gouvernants dans certains pays africains : « nos pays doivent émerger à l’horizon 2020 ou 2030 ou 2040 etc. ». Après le terme consacré de « pays en voie de développement » qui a remplacé « pays sous développé ou pays pauvres », nos Chefs d’État viennent de trouver une nouvelle formule qui tend à faire croire que nous sommes en train de rentrer dans la modernité. Qu’il s’agisse de la Cote d’Ivoire « émergence en 2020 », du Tchad « émergence en 2035 », du Sénégal « émergence en 2035 » ou du Togo « émergence en 2030 », le discours est le même sauf que les chiffres sont réels et montrent le contraire. Aujourd’hui, je veux vous expliquer le concept. Ensuite, les jours prochains jours je décrirai les quatre raisons fondamentales qui hypothèquent notre émergence à l’horizon 2030.

Que signifie le concept d’« économie émergente » ?

Une économie émergente se caractérise par un revenu intermédiaire conséquent, une ouverture économique au reste du monde, des transformations structurelles et institutionnelles de grande ampleur et un fort potentiel de croissance.

L’émergence économique n’est pas un simple phénomène quantitatif mais repose aussi au niveau qualitatif, sur une capacité organisationnelle crédible et efficace de la société concernée. On observe en outre dans les pays engagés dans un tel processus de développement, une rupture et une mutation du modèle économique par rapport à l’antériorité.

Le concept de « pays émergents » apparait dans les années 1980 avec le développement des marchés boursiers dans les pays en développement. Le premier à utiliser le terme « marchés émergents » en 1981 est Antoine van Agtmael, économiste néerlandais à la Société Financière Internationale (SFI). Selon les concepteurs de cette doctrine, l’accession à l’émergence économique passe par la mise en place d’une stratégie spécifique de développement, adaptée.

En règle générale, la stratégie de développement adoptée par les pays émergents dans les années 1980 et qui sont aujourd’hui qualifiés de Nouveau Pays Industrialisés (NPI), est structurée en cinq étapes majeures que sont :

 La réforme agraire
 L’industrialisation par la promotion des exportations
 La remontée de la filière
 L’intervention active de l’état
 Une généralisation de la scolarisation

On peut ajouter à ces cinq étapes, des réformes structurelles telles que la rénovation juridique et institutionnelle. Parmi les pays les plus cités dans le monde qui font valeur d’exemple sur ce chemin de l’émergence figurent :

 Les« 4 Dragons » : Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong Kong,
 Les « 5 bébés Tigres » : Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Philippines, Viet-Nam,
 Les « jaguars » : Mexique, Brésil, Argentine, Chili, Colombie, Venezuela,
 Les « lions africains »: Afrique du sud, Algérie, Botswana,
Maroc, Ile Maurice, Tunisie.

Parmi ces pays, on peut certainement considérer certains comme étant aujourd’hui des pays industrialisés. En Afrique, des pays tels que la Tunisie, la Lybie ou L’Egypte, qui viennent de vivre une période de révolution politique ont sûrement pris du retard par rapport à ce processus d’émergence.

En terme de chiffre, les études de la Banque mondiale et du Fond Monétaire International (FMI), ont montré que la classification des pays sur l’échelle du développement peut se faire en fonction de leur Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant.

Le PIB par habitant étant l’indicateur par excellence,à même de quantifier l’évolution d’un pays sur le plan économique. Cote d’Ivoire (1 315 $/hab), Sénégal (913 $/hab), Bénin (781 $ / hab), Burkina (614 $ / hab), Togo (569 $ / hab); sources : rapport 2015 de la Banque de France.

Le niveau de PIB par habitant qui correspond au seuil de l’émergence est évalué à 3 000 $ us par an soit 125 000 FCFA par mois par habitant. Les chiffres précédemment donnés montrent clairement que la Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Burkina et le Togo sont loin du seuil d’émergence.

A SUIVRE

Puisse la Divine Providence veiller sur nous et marcher à nos cotés

Thomas Dodji Nettey KOUMOU
Veille Economique

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