La crise politique à laquelle le Togo fait face depuis le 19 aout dernier perdure. Les tractations sont en cours pour un dialogue en vu du dénouement de la crise. Dans la foulée, certains acteurs font des propositions pour sortir le Togo de cette impasse. C’est le cas du consultant, auteur de « Togo, démocratie impossible ? », Jonas Siliadin qui donne quelques indices à la classe politique pour résoudre de façon définitive le problème togolais.
L’auteur a abordé entre autres, les méthodes que doivent utiliser l’opposition, la durée du dialogue s’il doit se tenir, la question des reformes dans toutes les institutions de la république.
Il existe selon Jonas Siliadin, des méthodes qui ont eu des résultats dans le passé et l’opposition doit réapproprier ces méthodes en les ajustant s’il le faut. « L’opposition a su arracher la promulgation de la charte des partis politiques et imposer la conférence nationale. Elle a pu obtenir l’APG. De manière simple, l’opposition doit actionner deux leviers : elle doit engager des discussions franches et constructives tout en maintenant la pression de la rue. Ainsi, dès que le pouvoir essayera de passer en force ou voudra faire du dilatoire, elle pourra recourir aux manifestations générale sur l’ensemble du territoire », a-t-il expliqué.
Abordant la question du dialogue qui sera éventuellement engagé entre le gouvernement et l’opposition, le consultant propose à l’opposition d’exiger une conduite des discussions sur une période de six(6) mois, sur un agenda éclaté en des sprints intermédiaires. « A chaque fois qu’un point de l’agenda aura été épuisé et qu’un accord acté, les discussions devront être temporairement suspendues afin que le gouvernement le mette en application immédiatement avant l’ouverture des discussions suivantes », a proposé Jonas Siliadin.
Pour lui, cela permettra très tôt de vérifier la bonne foi du gouvernement et d’obtenir des avancées réelles en évitant de perdre du temps.
Parlant de ce qui sera dit dans ces six(6) mois, Jonas Siliadin indique que durant cette période, les discussions doivent être meublées par l’épineuse question de hisser le Togo à un niveau irréversible de la démocratie avec des institutions républicaines qui concourent au vivre ensemble et à la concorde nationale. Ainsi, il répartit cette durée en trois étapes.
« La première est la réintroduction à l’Assemblée nationale du projet de loi de modification de la constitution : les modifications doivent porter sur la limitation du nombre de mandats à deux et le scrutin uninominal majoritaire, à deux tours .A ce propos, l’opposition doit être crédible, admettre que si l’on limite le nombre de mandat présidentiel, il est logique de limiter aussi le nombre des autres mandats. Cette étape doit être validée par la promulgation de la nouvelle constitution », note Jonas Siliadin, qui parle de ce qui doit se faire par la suite.
« L’étape à suivre est la mise en place d’un gouvernement d’union nationale de transition avec un Premier ministre consensuel, si possible issu de la société civile. Sa feuille de route est la nomination d’une CENI technique et la révision du fichier électoral sur la base d’un audit mené sous l’égide de l’ONU. La nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement de transition devront valider cette étape. La troisième phase de discussion doit porter sur le calendrier des élections et les modalités de leur organisation. Trois élections doivent être tenues dans le nouveau cadre électoral : les élections locales au quatrième trimestre 2018, les législatives au deuxième trimestre 2019 et la présidentielle au premier trimestre 2020 », a souligné l’auteur de« Togo, démocratie impossible ? » .
Il a ajouté que la seule règle pour l’élection présidentielle, sera qu’aucun des dirigeants de la transition ne pourra y prendre part.
« Cela résout deux questions épineuses : le Président de la république actuel irait ainsi au bout de son mandat ; il ne pourra pas se présenter en 2020 non pas parce
que la loi constitutionnelle aura été rétroactive mais parce qu’il aura dirigé la transition », estime Jonas qui relève que cela lui laisse la possibilité de se présenter en 2025, s’il le souhaite et avoir ainsi le bénéfice du compteur à zéro», a indiqué Jonas Siliadin.
Jonas Siliadin est écrivain et homme politique togolais. Il a publié en 2013 aux éditions panthéon, l’oasis aux vautours. En 2014, apparait aux éditions Harmattan : ‘’Togo démocratie impossible ?’’, son essai qui analyse les difficultés pour construire la démocratie au Togo et propose des solutions pouvant permettre le progrès.
Rachel D./Togotopnews
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