Les hommes d’Eglise, des spiritualistes ou encore plusieurs Togolais lambda croient dur comme fer que le pays est sous l’emprise des forces sataniques. Ceci serait l’œuvre des différentes autorités qui se sont succédées à la tête du Togo depuis les indépendances pour le maintenir sous contrôle. Et les problèmes sociopolitiques et économiques que connaît le pays depuis plus d’un demi-siècle tireront leurs origines de là. Simples spéculations ou des réelles vérités cachées?
Le monument de l’indépendance, la place de la République, la fontaine lumineuse, la colombe de la paix, le camp militaire Général Gnassingbé Eyadéma ou camp RIT ou encore Sarakawa sont entre autres les lieux et les symboles qui attirent des spéculations depuis des années. Selon des sources diverses, ils seraient confiés à des esprits sataniques pour qu’ils protègent le Togo ou pour aider les gouvernants à enraciner l’hégémonie d’un régime.
En fait, ces histoires remontent aux périodes de la lutte pour les indépendances. En effet, arrivée à une période cruciale de cette lutte qui opposait les colonisateurs et les indépendantistes, certaines personnes affirment que les meneurs de la lutte ont dû faire des sacrifices parfois humains pour que le pays puisse accéder à la souveraineté. « A une certaine époque de notre lutte, entre division interne et l’arrogance du colon, il a fallu faire appel aux dieux.
C’est ainsi qu’il a été demandé à nos parents qui étaient de grands féticheurs à l’époque d’implorer les dieux et de solliciter leurs aides. Et pour ce genre de cérémonie, il faut de ‘‘grands sacrif ices’’ », raconte un féticheur, qui a préféré garder l’anonymat. Ces cérémonies sataniques se seraient perpétuées sous les différents chefs d’Etat qui se sont succédés. Mais sous le règne du Gal Gnassingbé Eyadéma, les pratiques occultes, qui se font souvent annuellement, auraient pris de l’ampleur. Il s’agit de la consolidation du pouvoir par tous les moyens possibles.
Comme pour confirmer « des rumeurs concordantes de diverses sources stipulent que notre pays le Togo aurait été soumis à des démons, depuis la période de la lutte pour son indépendance par Sylvanus Olympio ; ces rumeurs persistantes estiment que des cérémonies idolâtres, avec des sacrifices humains, se sont périodiquement poursuivies au sommet de l’Etat, au temps de Grunisky jusqu’à atteindre leurs paroxysmes sous le Président Eyadema », a expliqué Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, archevêque émérite de Lomé qui a souligné avoir utilisé le terme «rumeur» par euphemisme. Conclusion, pour le prélat « le Togo pouvait être sous l’emprise des démons, raisons pour lesquelles les différents acteurs de la vie sociopolitique, manifestement engagés pour le salut de notre nation, se retrouvent toujours dans un combat plutôt fratricide».
Faut-il exorciser le Togo ?
Mgr Philippe Fanoko Kpodzro affirme que après avoir assisté à l’échec des différentes initiatives qui ont pour mission de dresser le Togo sur le chemin de la prospérité, il a fini par être persuadé que le Togo doit être libéré des démons. « C’est pourquoi, j’ai envisagé un Exorcisme Majeur de notre pays. Ce pouvoir spirituel sacrosaint que le Seigneur Jésus-Christ a donné à ses apôtres et à l’Eglise pour déloger et expulser des personnes, des maisons et de tous lieux infestés, Satan, les démons trismégistes et tous les démons de leur espèce, afin de les précipiter en enfer d’où ils était venus, en réponses aux appels de nos responsables politiques majeurs, à travers diverses cérémonies et cultes ésotériques, idolâtriques et occultes», a confié l’Archevêque émérite. Pour lui, l’exorcisme est un passage obligé pour le Togo.
Et sur la question plusieurs spiritualistes ont répondu par l’affirmatif. Mais ils ne s’accordent pas sur la manière de procéder. Lors de l’une de ces émissions sur une radio de la capitale, l’apôtre William TETE a suggéré que les hommes de Dieu se réunissent pour sérieusement mener des réflexions sur le sujet. Pour lui, un fétiche ne peut chasser un autre. Donc, il revient aux prêtres et pasteurs « de prier pour libérer le Togo ».
Toujours est-il que, il y a quelques mois, le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) a organisé des cérémonies de purifications liées aux violences politiques. Ceci fait suite à une recommandation de la Commission vérité, justice et réconciliation (Cvjr). Le souhait a été fait par plusieurs personnes lors des dépositions devant cette situation. Mais la nouvelle crise politique qui secoue le pays a encore fait d’autres victimes. A refaire ?
A ce jour, les différents témoignages se rejoignent sur le fait que des pratiques occultes se font au sommet de l’Etat. A la lumière de ce qui précède, la question est de savoir si ceux qui font ce genre de pratiques sont prêts à les arrêter. Et dans ce cas comment faire pour mettre un terme à l’emprise des forces sataniques sur le pays de Bella Bellow où les populations partagent souffrance et amertume depuis plus d’un demi-siècle.
Source : www.icilome.com