Par Serge Lemask, togo-online.co.uk
Le 19 septembre 2017, l’Assemblée Nationale, à la majorité des 2/3 (62 députés UNIR) a voté le projet de loi portant modification constitutionnelle introduit par le gouvernement, ouvrant ainsi la voie, en vertu de l’article 144 de la constitution togolaise, à un référendum sur le texte ainsi adopté. Quelque jours plus tôt, le 15 septembre, tous les députés de l’opposition parlementaire avaient quitté l’assemblée nationale, suite au refus des commissaires du gouvernement et des députés de l’Unir, de prendre en compte les 47 amendements devant consacrer un retour à la constitution de 1992, dans sa version originelle. Ils n’y étaient pas le 19 septembre, quand le texte gouvernemental fut adopté par les députés de l’UNIR.
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Le 4 octobre 2017, un communiqué commun de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA) et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) incitait le gouvernement togolais à organiser dans de brefs délais le référendum, tout en invitant les acteurs politiques à y prendre part.
Tous ces événements ont lieu alors que depuis le 19 aout 2017, des milliers de togolais sont dans les rues pour réclamer les réformes constitutionnelles et institutionnelles, le vote de la diaspora et la libération des personnes interpellées pendant les marches. Les 19 et 20 août, les 6 et 7 septembre, les 20 et 21 septembre, et les 4 et 5 octobre 2017, des centaines de milliers de Togolais ont manifesté dans plusieurs villes du Togo et dans la diaspora, au prix de pertes en vies humaines et de dégâts matériels importants.
Face à cette situation explosive, le NET estime que l’organisation d’un référendum n’est pas solution la plus indiquée pour résoudre cette crise politique dont l’origine se trouve dans le manque de confiance entre les acteurs et la prédation du pouvoir par le parti majoritaire, qui a régulièrement trouvé dans les dispositions juridiques, des exutoires pour faire du dilatoire et ne pas répondre aux aspirations du peuple. Les ressources financières importantes nécessaires à son organisation devraient pouvoir servir à financer des projets sociaux importants tels la restauration des hôpitaux, (surtout les CHU de Lomé qui manquent de tout) d’acheter des ambulances pour la prise en charge de blessés sur nos routes, de construire des écoles, de faire des forages, de l’électrification rurale….
La sortie de crise passe avant tout par une initiative présidentielle. Le président de la République doit s’adresser aux Togolais. Après autant de décès (y compris la mort d’un enfant de 9 ans) et la remise en cause même de notre pacte de vivre ensemble, notre Président doit prendre la parole pour calmer, rassurer, et montrer la voie. Se mettant au-dessus des partis politiques, l’initiative de sortie de crise lui appartient. Et cette initiative passe par un retour du projet de loi gouvernemental au parlement. Pour l’intérêt supérieur de la nation togolaise, ce texte doit retourner à l’assemblée nationale et subir des amendements de tous les courants politiques y siégeant, dans un esprit d’ouverture et de sauvegarde de l’unité nationale. Le référendum nous divisera plus que nous ne le sommes aujourd’hui, monsieur le Président de la République.
La sortie de crise passe aussi par un changement d’approche de ceux qui représentent les forces démocratiques à l’assemblée nationale. Vu les rapports de force actuels au parlement, il parait évident qu’une posture jusqu’aubousiste et unilatérale n’est pas de nature à mettre les députés majoritaires dans un état d’esprit de discussion. Le NET demande ainsi humblement au chef de fil de l’opposition, de faire évoluer sa position sur le retour intégral à la constitution originelle de 1992, vers des réformes dans l’esprit de la constitution de 92. Les amendements contenues dans la proposition de loi introduite une année auparavant par l’ANC/ ADDI pourront être une excellente base de discussion.
Le NET demande au chef de fil de l’opposition de profiter de cette période propice aux réformes, pour introduire concomitamment une proposition de réforme du code électoral, contenant notamment le vote de la diaspora, la recomposition de la CENI, la révision du fichier électoral et le découpage électoral. Au regard des expériences électorales passées, ces autres réformes sont indispensables à la transparence des scrutins électoraux dans notre pays. Si toutes ces réformes sont opérées, les forces démocratiques pourront ainsi s’assurer d’une victoire éclatante aux élections locales et surtout législatives en 2018, ouvrant ainsi et peut-être la voie à un retour à la constitution de 1992 si les 4/5 des députés venaient à être issus de l’opposition.
Le NET tient une fois encore à féliciter le PNP et son président national M Tikpi Atchadam, pour avoir su insuffler à la lutte séculaire de l’opposition togolaise, un souffle nouveau et avoir contribué à l’union de cette opposition.
Les marches pacifiques sont un moyen de pression pour montrer au pouvoir la détermination des Togolais pour le changement, mais au-delà de ces démonstrations de force populaire, c’est par le dialogue et la concertation que les dispositions juridiques de notre Etat de droit peuvent être bénéfiques au plus grand nombre. Certes, le Togo est coutumier des dialogues sans suite, mais la fantastique mobilisation populaire a commencé à produire, auprès de ceux qui ont pris en otage le sort de 7 millions de Togolais, une disponibilité au dialogue. Il faut capitaliser les manifestations populaires par des résultats politiques, ou notre peuple ne comprendra pas. A ce titre, le référendum est la pire de la solution.
La moins bonne reste les réformes en passant par l’assemblée nationaleLes événements malheureux de la nuit du 05 octobre 2017 ne sont que les prémices du danger qui guette notre pays, si les politiciens n’arrivent pas à trouver une issue consensuelle à la crise.
Togolais vient, bâtissons la cité!
Que Dieu protège notre cher pays, le Togo.
Le Président National,
Gerry TAAMA
Togo-Online.co.uk