Les pays de l’UEMOA offrent de formidables opportunités

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Une conférence internationale sur l’entrepreneuriat et la croissance dans la zone UEMOA* se déroule les 7 et 8 décembre à Lomé.

Cet événement est organisé par Emergence Capital , le think tank Club 2030 Afrique et l’AFD (Agence française de développement), en partenariat avec les Young Leaders de la Fondation AfricaFrance.

La zone Uemoa avec ses huit pays membres affiche un taux de croissance élevé et compte des poids lourds comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

La conférence sera consacrée au rôle et a l’importance du secteur privé notamment de la dynamique entrepreneuriale pour la croissance économique dans cette region à fort potential.

Pour Edem Tengue, directeur d’Emergence Capital et co-organisateur de ce rendez-vous, la zone offre de nombreux atouts à condition que les conditions sapient remplies pour sécuriser l’investissement.

Republicoftogo.com Les pays membres de l’UEMOA connaissent une croissance soutenue, que manque-t-il pour attirer les capitaux étrangers ?

Edem Tengue : La croissance donne une idée du retour sur investissement que peuvent attendre les investisseurs avec comme postulat de base,  qu’une croissance soutenue présage d’un bon retour sur investissement même si cela est un peu réducteur. Mais tous les professionnelles de la finance et de l’investissement vous répondront qu’ils souhaitent connaitre le risque associe à ce retour sur investissement avec comme ligne directrice,  le principe de l’aversion au risque d’un investisseur qui souhaiterait alors avoir le meilleur rendement avec le risque le moins élevé. 

Et c’est bien là un des handicaps de notre zone. Malgré les efforts importants des gouvernements et de la commission de l’UEMOA,  d’importants risques demeurent. Ils  sont de plusieurs ordres. D’abord la question de la sécurité juridique de l’investissement. Nous avons fait le choix de l’OHADA en matière de droit des affaires et c’est une bonne chose. Mais les mécanismes d’applications de ces dispositions, la célérité de l’appareil judiciaire et sa modernité sont toujours regardés  dans les cercles des investisseurs internationaux comme n’étant pas suffisants. La protection des investisseurs minoritaires, le respect du droit de propriété, la sanction de la rupture de contrat, le règlement judiciaire de l’insolvabilité posent toujours problème.   

Ces questions feront d’ailleurs l’objet d’un workshop durant le forum. Ensuite viennent les difficultés opérationnelles que rencontrent les promoteurs,  qu’ils soient des entrepreneurs de start up   ou des multi nationales bien établies. Ces difficultés opérationnelles sont également de plusieurs ordres :  les procédures de création d’entreprise,  l’accès à l’électricité et à internet partout même en milieu rural où ces promoteurs peuvent vouloir s’installer. L’enregistrement de la propriété foncière,  leurs relations avec les administrations publiques sont aussi importants. Il faut des administrations publiques souples et réactives. Le nombre de documents utilisés pour exporter ou importer doit diminuer avec la dématérialisation, les systèmes fiscaux doivent être simples, claires et intelligibles pour les investisseurs. Finalement il faut un accès à des capitaux à des  coûts raisonnables

Republicoftogo.com : L’un des thèmes développés lors de la conférence sera le rôle des PME/PMI pour une répartition plus juste de la croissance économique. Mais ces dernières sont confrontées à la frilosité des banques en matière de crédit.

Edem Tengue : Le rôle des SME (Small and medium Enterprise) comme les appellent les experts de la Banque mondiale dans le développement n’est plus à démontrer. Ils permettent justement de faire le lien entre la croissance et l’émergence d’une classe moyenne qui crée des unités de production de biens et de service autour des richesses produites par les grands groupes.

Les difficultés d’accès au financement des PME/PMI sont bien connues et reviennent à la notion de risque dont je parlais plus tôt. N’ayant pas une activité régulière et bien connue avec des revenus plus ou moins constants, elles sont perçues comme étant plus risquées.  Je saisis cette occasion pour féliciter la clairvoyance des dirigeants Togolais qui,  en mettant sur pied l’Agence National de Garantie et de Promotion Financière ( ANGPF)  et le Fonds d’Aide à l’Initiative Economique des Jeunes (FAIEJ)  ont amorcé la résolution de ce problème notamment pour les jeunes porteurs d’entreprises.

Ces difficultés tiennent d’abord à notre marche financière ou des garanties hypothécaires ont encore la part belle. Les jeunes porteurs de projet n’en disposent pas forcément. Ensuite,  il y a le fait que le financement bancaire lui-même tient encore une trop grande place. C’est pourquoi,  je salue l’initiative de création d’un compartiment pour les PME et PMI à la bourse régionale des valeurs mobilières de la zone UEMOA à Abidjan. Nous attendons impatiemment sa traduction en réalité.

Il faut trouver des mécanismes innovants pour donner l’accès au crédit à ces PME/PMI notamment le crowdfunding, le private equity etc… cette question sera au cœur de nos discussions durant ces deux jours.

Republicoftogo.com : Les 8 membres de l’UEMOA se battent pour créer de nouveaux emplois et pour former des jeunes dont la qualification répond à la demande. Comment rendre cette stratégie encore plus efficace ?

Edem Tengue : Vous touchez là à un sujet capital pour la survie de nos sociétés. Avec le doublement attendu de sa population à l’horizon 2050,  l’Afrique n’a pas le choix.  Elle l’a encore moins si on considère que plus de 50% des Africains ont moins de 25 ans.  Si sa jeunesse n’est pas formée et ne crée pas des richesses,  l’Afrique risque de passer à côté de la création de croissance qui doit accompagner sa transition démographique,  comme on l’a vu en Europe il y a un peu plus de deux siècles ou plus récemment en Asie.

Les stratégies seront discutées autours d’une table ronde. Certaines pistes sont : une plus grande implication du monde professionnel dans la définition des contenus de formation, une refonte des programmes pour tenir compte des besoins pratiques du marché du travail, une orientation des formations vers la prise d’initiatives personnelles. 

Je salue également à ce titre l’initiative de l’Agence Française de Développement (AFD)  pour la création d’une école de formation aux métiers de l’industrie. Nous nous orientons encore trop vers le secteur tertiaire. Sans dire que ces formations sont mauvaises, je pense que nous formons trop de commerciaux et de comptables alors qu’il nous faudrait des agriculteurs et des ingénieurs. Ces sujets seront débattus. Nous devons orienter autrement les apprenants.

Republicoftogo.com : Les nouvelles technologies sont présentées par beaucoup comme la nouvelle chance de croissance en Afrique. Partagez-vous cet optimisme sachant qu’internet est loin d’être disponible partout ?

Edem Tengue : Les nouvelles technologies constituent le socle de la troisième ou quatrième révolution industrielle, c’est selon les analystes. La révolution numérique est en marche et nous devons l’intégrer dans nos stratégies et plans d’action. Là également,  nous n’avons pas le choix. Nous devons travailler à étendre la couverture réseaux et le gouvernement Togolais en tout cas en a pris la juste mesure à travers la réforme annoncée du secteur du numérique au Togo.  

Ces nouvelles technologies permettent de nouvelles formes de production et de consommation indispensables aujourd’hui a l’activité économique.  Prenez Google, Amazone, Facebook, Apple (les GAFA comme on les appelle).  Ce sont aujourd’hui les premières capitalisations boursières du monde. C’est dire l’importance du numérique et de ce qu’on peut en faire pour l’économie. Les applications de service notamment en matière d’économie solidaire et collaborative sont une chance de croissance que nous nous devons de saisir.

Republicoftogo.com : Vous organisez cette conférence à Lomé. Les manifestations organisées depuis plusieurs mois et le climat de tension plombent l’activité économique. Quel est votre message aux entrepreneurs locaux et aux investisseurs étrangers ?

Edem Tengue : Mon message est simple. On peut discuter des problèmes politiques sans faire de notre pays une destination dont les investisseurs se méfient et nous devons veiller tous à  cela. Car il en va de notre prospérité à tous. Les manifestations sont une expression démocratique normale mais cela ne signifie pas que le Togo s’arrête ou doit s’arrêter de tourner pendant et après ces manifestations. 

L’engouement des jeunes entrepreneurs pour cette conférence me met du baume au cœur. Elle montre que pour cette génération, le plus important et de créer, travailler, produire des biens et des services utiles à la communauté mais aussi leur permettant à eux et à leur familles de s’épanouir financièrement et socialement. Je n’ai rien à leur dire car je suis comme eux, je pense pareil. Je dis aux investisseurs internationaux que le Togo est une destination de rêve, qui travaille à approfondir ces réformes administratives et à améliorer son climat des affaires.

Certes ce n’est pas encore parfait mais ils doivent faire confiance et continuer par y investir, par le considérer comme une place forte des échanges de biens, de service et de capitaux. C’est un pays paisible avec une population calme par nature et très laborieuse. Le travail et l’effort y sont les valeurs les mieux partagées. 

Republicoftogo.com : Quelles sont les personnalités togolaises et étrangères qui ont confirmé leur présence ?

Edem Tengue :  Il y aura des membres du gouvernement, l’ancien et l’actuel président de l’Association des grandes entreprises du Togo et celui de la Chambre de commerce. Le président de la Chambre de commerce du Bénin, les représentants de la commission de l’UEMOA et du FMI.

Yvonne Mburu qui est la CEO de Medlab et surtout membre du Conseil présidentiel pour l’Afrique du Président français Emmanuel Macron a confirmé sa venue. Les responsables de grands instituts de formation comme Mr Nicolas Pejout  de Sciences Po Paris seront là également à Lomé. 

* Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo

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