Les marchés financiers des matières premières au service de l’agriculture en Afrique

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Il y a quelques années, les défis de l’agriculture étaient de moderniser, d’augmenter la production et d’engranger des investissements. De nos jours, la donne a changé. Les gouvernements ont pris conscience de la vitalité de ce secteur, ce qui a entraîné de nombreuses mesures pour soutenir l’agriculture et des investissements conséquents. Maintenant, les défis majeurs sont le changement climatique et la production excédentaire.

En effet, sur l’émission de RFI Le Coq Chante du 17 décembre 2017, on apprend que le Togo a réalisé des excédents alimentaires sur les cinq dernières années. Autre chose surprenante : ce pays de l’Afrique de l’Ouest n’est pas un cas isolé. Tous les pays qui se concentrent sur l’agriculture ont connu (et continuent de vivre) pareil scénario ces derniers temps. Selon le rapport CyclOpe 2017, l’offre mondiale de céréales dépasse largement la demande. L’offre ne posant plus aucun problème, le développement de l’agriculture en Afrique repose désormais sur la demande et le marché structuré des matières premières agricoles pourrait bien être une solution idéale pour que l’Afrique réalise son potentiel en agriculture.

Le marché des matières premières : qu’est-ce que c’est ?

Le marché des matières premières est un marché où des acheteurs, qu’ils soient des sociétés d’investissement, des particuliers ou des institutions, négocient les ressources naturelles utilisées dans la production par le biais d’instruments financiers. Ces instruments peuvent être des produits dérivés comme les CFD, ou bien des actions ou des obligations.

Leurs apports dans le développement inclusif

Les marchés financiers agricoles contribuent à l’excellence dans l’agriculture. En effet, ces places étant hautement structurées, il est demandé aux vendeurs de respecter un certain nombre de critères dans la production, le stockage et le transport. Ainsi, les producteurs qui ne respectent pas ces critères voient leurs productions abandonnées par les investisseurs comme cela a été le cas avec le cacao camerounais qui a été refoulé à l’exportation lors de la campagne 2016-2017.

Ces places autant décriées par certains contribuent aussi à la création de la demande. Par exemple, en 2015, les exportations de produits agricoles du Togo représentaient 15,31% des exportations globales du pays contre 15,70% en 2014. Pour expliquer ce déclin qui n’a d’ailleurs pas seulement été observé au Togo mais plutôt dans toute la zone UEMOA et dans les autres sous-régions, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) indiquait dans un rapport que « cette contre-performance des ventes à l’extérieur des pays de l’UEMOA est en rapport essentiellement avec le recul en volume des ventes de cacao, de coton et des produits pétroliers ».

Grâce aux marchés financiers agricoles, les agriculteurs sont encouragés à augmenter la qualité de leur production. En effet, si la demande existe, le prix au producteur est élevé. Grâce aux contrats signés sur ces marchés, le producteur est conforté d’un prix fixe appelé prix bord champ, même avant la production. Ceci le protège de la volatilité des prix et lui offre sécurité et fiabilité.

Au demeurant, ces marchés constituent indirectement un atout inespéré pour le financement des petites entreprises agricoles. En effet, selon un rapport publié par le centre Emile Bernheim, « le financement constitue un facteur déterminant dans la réduction de la pauvreté». Le rapport constate qu’avec le recul du financement bancaire, les petites entreprises agricoles se sont rabattues sur la microfinance. Celle-ci est néanmoins limitée dans ses apports du fait de l’inadéquation entre les fonds disponibles et les besoins financiers des entreprises agricoles. Aussi, comme le faisait remarquer Komla Nyédji Galley, Directeur du Commerce Extérieur du Togo, « les entreprises togolaises n’ont pas de capacités nécessaires pour mobiliser le financement en vue de mener leurs activités ». Les différents contrats issus des places de marchés de matières premières constituent donc une alternative de financement puisque les acheteurs peuvent utiliser les bons de magasin comme garantie, ce qui n’est pas le cas avec la plupart des banques.

Les marchés de matières premières agricoles permettent ainsi non seulement de créer la demande mais aussi de lever des investissements. Néanmoins, il faudra mettre en place des règles pour éviter les dérives, bulles spéculatives et abus.

Source : www.icilome.com