« Les grandes idées ne viennent pas de mauvais esprit ». Gérard LABRUNIE marquait, de son expérience en lettres capitales, cette conclusion Sur son Carnet. La vie de chaque individu est un ensemble de chaînons revêtu d’une liaison qui fait sa continuité, une historicité, un parcours unique sans confusion possible avec celle des autres. Cette réalité existentielle fait de nous une singularité, un itinéraire, une identité.
Qu’il s’agisse de Gusdorf, de Freud ou de Radolph LINTON dans sa célèbre œuvre « Background personality » ou La personnalité de base, la dimension de chaque individu, de chaque être se perçoit dans son « paraître », c’est à dire, dans une série d’actes qu’il pose. C’est pour cette raison que l’approche psychologique apparaît comme essentiel dans l’appréhension comportementale des hommes. La psychanalyse nous détermine par notre passé, notre histoire personnelle, les ordures et les traumatismes accumulés dans notre âme.
Les Togolais sont révulsés d’étonnement, renversés des échantillons de petitesses de celui qu’on présente sous certain parapluie comme l’éminent gardien de la loi fondamentale du Togo. Son ingéniosité fétide d’afficher une licence d’interprétation de la loi en lui imprimant une gravité de légèreté jette dans les plaies de la République de l’acide invalidant. De son autorité inavescente, Aboudou ASSOUMA ordonne le gouvernement et la CENI d’ouvrir le chantier des élections pendant que la question électorale fait l’ancre des discussions inter-togolaises dont les conclusions ne sont pas encore dégagées. Le fallacieux argumentaire des ravins de son esprit vient amarrer sur le quai du délai des mandats des députés, alors que la même Constitution précise que les représentants élus restent à leur poste jusqu’à l’installation de nouveaux élus.
Quand l’audace argumentaire couvre d’une interprétation parcellaire et partielle de la loi, l’esprit bavant et balbutiant du droit n’a de force que de détricoter l’autorité, la confiance pour abaisser le rang de celui qui fait office de garant de la légalité.
Comment une si haute institution peut-elle afficher de la manœuvre de son chef de si graves légèretés à révolter les dilettantes de la première année de faculté de droit et les citoyens ordinaires?
A quoi s’apparente le rituel fangeux de la Cour constitutionnelle qui n’a d’existence qu’en ses dérives avec des marques flamboyantes d’atrophie du bon sens?
1) Etude de la personnalité
Personne au monde ne peut user habilement de la mauvaise foi et remorquer à sa cause le monde ensoleillé du bon sens. Il peut tout au plus se bercer d’une illusion d’intelligence à croire que la fourberie suffit à l’esprit une grandeur. En babillant naïvement de roublardise, on s’expose sans s’imposer dans un monde de verre.
Le mérite est édifiant et sa pudeur est d’un certain carat. Il brille de noblesse, parce qu’il met en confiance les esprits lucides et les moins lucides sont de mieux en mieux éclairés par la qualité et la grande âme des vrais méritants. Ce sont les hommes qui s’élèvent à leur statut et honorent leur valeur de position .
Malheureusement, dans notre République en vrac, la charité de l’intelligence des gouvernants est ce qui est introuvable pour poser des actes sains, donner de la contenance aux institutions. Le dogme du faux des serviteurs de la nation roule leur dignité dans des immondices. Ils se consument de l’intérieur, laissant leur pacotille au tourbillon de l’histoire qui ne peut s’en servir que dans l’exemplarité à rebours. La perspicacité des hommes qui assument les tâches de responsabilité en République élève l’espérance collective et donne un fouet à la fierté nationale
Il y a des fonctions de grande délicatesse et d’un sommet de probité qui tiennent la République à l’honneur et au respect.
Ceux qui sont d’une raison tondue, d’une éthique chiffonnée, d’un civisme en berne et d’une humanité rabotée n’ont que de choix et de comportement licencieux qui les abaissent, et par voie de conséquence, ils font leur résidence dans le clair-obscur avec leurs péchés incorrigibles et inexpiables. Au podium forcé des hommes de la transgression et de la rapine, il n’y a que ceux qui sont dans l’abîme du mérite et dans l’avidité des récompenses qui choisissent mordicus de se servir de bouclier à l’imposture.
Combien de fois ne voyons-nous pas Aboudou ASSOUMA se reparaître de petitesses sur les prés du libertinage juridiques avec des curiosités exceptionnellement osées dans la vacuité d’interprétation du droit et dans ses vomissures goulûment crachées au visage de l’humanité?
Personne ne lui avait demandé son avis sur l’Accord Politique Global (APG) avant que celui qui fait office de président de la Cour Constitutionnelle du Togo ne s’extasiât de sa caducité proclamée du haut de son statut. Aussi, nos têtes étaient-elles courbées de honte lorsque la Cour communautaire de la CEDEAO déclara que la Cour Constitutionnelle ignore le droit dans l’affaire des neuf députés ANC chassés de l’Assemblée nationale. Si le sieur ASSOUMA était un homme de mérite et d’honneur, l’éthique de contrainte et de probité l’aurait conduit à la démission de l’institution qui a donné un aval faussement justificatif à ce renvoi.
L’intelligence qui n’est pas capable de s’adapter aux circonstances particulières et aux contingences de tout un pays résonne comme un travestissement du bon sens. Abdou ASSOUMA ordonne, en ces heures de dialogue inter-togolais parrainé par la CEDEAO et deux chefs d’Etat de la sous-région sur la question électorale et les réformes institutionnelles et constitutionnelles, le gouvernement togolais et la CENI à se mettre en piste pour les législatives par le risible argument de délai qui est proprement réglé dans la Constitution elle-même.
L’accoutumance au dédain comporte un débordement qui conduit M. ASSOUMA à défier de son outrecuidance Nana Akufo-Addo, Alpha CONDE et toute la communauté sous-régionale. Quand on a raté le moule de la vertu, aucun statut de parachutage ne change les hommes, surtout quand ils refusent de se poser des questions sur eux-mêmes pour renaître de leur sursaut aux valeurs. Marguerite YOURCENAR, dans ses Mémoires d’Adrien écrivait à cet égard : « Le véritable lieu de naissance est celui où l’on a porté pour la première fois un coup d’œil intelligent sur soi-même ».
2) Les conséquences des actes indélicats sur la crise
Ce pouvoir survit de la crise depuis 1990. Une volonté manifeste de torpiller toutes les options d’une alternance politique est une fréquence chez tous ceux qui tiennent le régime. Il ne faut donc pas tomber dans la naïveté ou dans un paralogisme en prêtant à l’ordonnance du président de la Cour constitutionnelle une responsabilité qui est la tienne d’ordonner la mise en route des élections pendant que la question électorale est l’objet d’une discussion supervisée par la médiation.
Si tant Abdou ASSOUMA se préoccupe de ses tâches, comment ne pouvait-il pas, comme la loi l’exige, rappeler Faure à déclarer ses biens pour accompagner sa candidature aux présidentielles et le convoquer devant l’Assemblée nationale pour faire l’état de la nation conformément à la loi fondamentale ?
Abdou ASSOUMA fait partie du rempart de protection de la dynastie d’effraction et de rapine. Il se moque de la facilitation, des thèmes du dialogue et des conclusions contraignantes qui en sortiront à une époque où la tendance générale se résout à l’alternance dans la sous-région. La pirouette et le déni font partie du cynisme de celui qui est le patron de la Cour constitutionnelle et de l’ordre normal de la méthode de ceux qui sont positionnés à la tête de nos institutions postiches pour prêter main forte à la dictature des GNASSINGBE.
L’audace politique d’Abdou ASSOUMA qui défie l’autorité de la CEDEAO, la respectabilité des chefs d’Etat commis pour la facilitation dépeint la résistance manifeste et la volonté de se débarrasser de l’ascendance régionale sur la crise togolaise. Le président de la Cour constitutionnelle donne l’occasion à la facilitation de renforcer et de sécuriser la feuille de route pour garantir les mesures à appliquer impérativement en matière de sortie de crise.
Le registre d’évolution de nos institutions fossilisées et des hommes sans taille qui les animent sans un soupçon de droiture et de perspicacité se dévoilent et mettent en éveil une communauté contrainte à la fermeté, à des mesures de précaution pour faire respecter la feuille de route qui définirait l’ordre de sortie de crise.
Au demeurant, la provocation gratuite de la CEDEAO n’est pas à l’avantage du pouvoir. Le malhabile qui croit encore à une évolution solitaire du régime sur la question électoral met un levain à la méfiance de la facilitation qui n’est plus dans une option à accorder un micron de confiance à nos institutions.
On ne peut pas utiliser les armes de la loi dans leur version tronquée et dans une parodie de délai pour se départir des exigences de la facilitation qui mettent en suspens la question électorale. Ce choix hasardeux est une déclaration de guerre au peuple du Togo et à la CEDEAO. La solidarité nationale a fait un bond pour se liguer en muraille de condamnation contre l’aventurier juridique qui a voulu évacuer de la mémoire historique du pays tous les antécédents de prolongation des mandats des députés. La légèreté nous est abondamment servie quand l’esprit se fourvoie et s’étiole dans des dogmes. Les maîtres tombent de leur piédestal par les mêmes défauts qui les y ont perchés. L’absurde possible n’est qu’une curiosité qui abaisse davantage ceux qui sont hors de la normalité avec une illusion de puissance.
Source : www.icilome.com
C’est fini pour vous.
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