Depuis quelques jours, les violences dans les stades de football togolais ont pris de l’ampleur. S’il est normal que beaucoup s’en inquiètent, il faut dire également qu’il y a longtemps que certains acteurs œuvrent (sic) pour qu’elles persistent.
Dapaong, Kabou, Badou… Les rencontres de championnats nationaux ont été particulièrement émaillés d’actes de violences dans ces stades. La nature des attitudes des supporters dans ces installations sportives émeut : jets de projectiles, bastonnades des arbitres, course-poursuites avec leurs conséquences dramatiques.
Malgré les sanctions souvent à géométrie variable, le mal persiste. C’est dire que les racines des violences dans le football sont plus profondes qu’une grande partie des acteurs ne l’imagine.
Ce lundi 18 février, dans son cabinet, le nouveau ministre en charge des Sports a convoqué une réunion d’urgence regroupant des membres du Comité exécutif de la Fédération togolaise de football (FTF), du Comité national olympique du Togo (CNO-Togo) et bien d’autres personnes. L’objectif de cette rencontre est de réfléchir sur les tenants et les aboutissants de ces actes ignobles d’un autre siècle. « Ma décision est de permettre à tout le monde de mesurer la juste valeur de la décision à prendre pour arrêter ces comportements regrettables », déclare le ministre Foli Bazi Katari.
Cette réunion dite urgente n’a pas permis, en dehors des déclarations de bonnes intentions, d’arrêter certaines mesures visant à prévenir les violences dans les stades de football. Les participants se retrouvent aujourd’hui donc.
Si jusqu’ici les sanctions prises, comme l’a reconnu le Colonel Guy Kossi Akpovy, président de la FTF, ne dissuadent guère les fossoyeurs du football togolais, c’est parce qu’il y a trop de conditions qui prédisposent à la commission des violences.
En effet, l’instance faîtière nationale se contente généralement de satisfaire les faiseurs de roi que de prendre des décisions courageuses mêmes si elles sont impopulaires. Le manque d’autorité est une source d’incitation à la récidive. Il est temps qu’elle se ressaisisse pour éviter le pire.
Le corps arbitral. On ne le dit pas souvent, mais il est à l’origine de la plupart des violences dans les stades. S’il est tout à fait normal de dénoncer ceux qui s’en prennent aux arbitres, les interpeller et les punir afin qu’ils ne recommencent plus, il est aussi temps que le sifflet togolais évite les compromissions, se mette au-dessus de la mêlée.
Comme l’a écrit notre confrère L’Alternative dans l’une de ses parutions la semaine dernière, « si un match de football ne peut se dérouler sans arbitres, il faut également reconnaître qu’au Togo, les hommes en uniforme sont souvent, et de plus en plus ces derniers mois, accusés de fausser volontairement les matches, de fabriquer des vainqueurs. Avec des espèces sonnantes et trébuchantes, il serait facile de nos jours de gagner un match ». C’est un peu dur, mais c’est la triste réalité.
On peut ajouter à ces facteurs les déclarations des entraîneurs, des présidents de clubs qui sont, de façon générale, de nature à provoquer l’hystérie de certains supporters. La plupart de ces derniers ne connaissent pratiquement rien au football en dehors de gesticuler, insulter les joueurs ou le corps arbitral. Ils ont besoin d’être minutieusement éduqués ou bannis des stades.
Il est temps de cesser de faire comme si on ne connaît pas les origines du mal. Leurs racines sont connues, en tout cas, pour ceux qui veulent les connaître. Il suffit de les circonscrire convenablement et leur trouver les antidotes idoines.
Si le colonel Guy Kossi Akpovy crie que « les gens font tout pour saboter le championnat », il oublie d’ajouter qu’il est possible d’identifier formellement ces « gens », fauteurs de trouble, afin qu’ils répondent devant la loi.
A.H.
Source : www.icilome.com