Les dérives de la dictature/Interdictions tous azimuts des meetings : Yark Damehame et Togo Debout à couteaux tirés

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Les dérives de la dictature/Interdictions tous azimuts des meetings : Yark Damehame et Togo Debout à couteaux tirés


Au Togo, il n’est plus possible aux partis politiques de l’opposition, organisations de la société civile et autres associations affiliées, de faire des activités publiques ou même privées. Le régime cinquantenaire, avec Faure Gnassingbé à sa tête, visiblement atteint de la phobie de la perte du pouvoir, refuse tout aux Togolais. Ce qui explique les interdictions tous azimuts des marches, meetings, réunions et même des formations aux partis de l’opposition, notamment ceux de la Coalition des 14 partis de l’opposition et à d’autres organisations de la société civile. Parallèlement, le parti au pouvoir et ses béquilles (qui se réclament aussi de l’opposition) se promènent librement sur toute l’étendue du territoire et organisent des rencontres avec les populations.

Expliquer le contenu de l’article 21 de la Constitution de 1992 à ses membres et aux Togolais, c’est l’objectif que vise le Front Citoyen Togo Debout (FCTD) qui a prévu organiser une conférence publique au centre communautaire de Bè le samedi 19 mai dernier. L’article 21 de la Constitution dispose : « La personne humaine est sacrée et inviolable. Nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Nul ne peut se soustraire de la peine encourue du fait de ces violations en invoquant l’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique. Tout individu, tout agent de l’Etat coupable de tels actes, soit de sa propre initiative, soit sur instruction, sera puni conformément à la loi. Tout individu, tout agent de l’Etat est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte grave et manifeste au respect des droits de l’Homme et des libertés publiques ».

Il s’agit pour les responsables du FCTD de dénoncer les exactions commises par les militaires, gendarmes et policiers sur les populations depuis quelques jours dans les quartiers de Lomé et dans d’autres villes du Togo. Cela passe par la connaissance et la vulgarisation de cet article de la Constitution qui condamne et prévoit des sanctions contre ces violences policières et militaires sur la population civile. « Parce que notre droit constitutionnel est bafoué, venez vous exprimer et ensemble bâtissons la cité », appelait Togo Debout. Mais cette activité n’a pas pu se tenir, les forces répressives étaient là.

En effet, tôt le matin de ce samedi, une horde de policiers et de gendarmes ont envahi le centre communautaire de Bè et ses environs. Toutes les voies qui mènent à ce lieu ont été bouclées. La veille de cette conférence publique, les responsables du Front Citoyen Togo Debout ont publié un communiqué (qui a circulé sur les plateformes) pour surseoir à cette activité. « En raison des menaces sur les organisateurs, le Front Citoyen TOGO DEBOUT décide d’annuler la conférence publique sur l’Article 21 de la Constitution, qu’elle comptait organiser ce samedi 19 mai 2018 au Centre Communautaire de Bè. Le Front Citoyen TOGO DEBOUT remercie tous ses sympathisants et les prie d’être à l’écoute pour de prochaines activités », indique le communiqué. Une bien triste réalité que vivent les Togolais depuis des décennies.

Des incivilités de YarkDamehame

« La loi du 16 mai recommande aux organisateurs d’informer par écrit l’autorité administrative de leurs manifestations dans un lieu public. Ils ne l’ont pas fait. Ce n’est pas normal. On est quand même dans un pays organisé. Que les lieux soient fermés ou pas, mais c’est public », a indiqué le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, YarkDamehame au micro de RFI. Mais pour les organisateurs, le Centre communautaire de Bè est un lieu clos, et donc on n’a pas besoin d’une autorisation avant d’y faire une activité quelconque. « Cette activité est une activité ordinaire d’un mouvement citoyen. Elle ne rentre pas dans le cadre des activités dont il faut obtenir une autorisation préalable. Ce n’est pas une manifestation sur une voie publique », a rétorqué Me Raphael Kpande-Adzaré, porte-parole du FCTD. Cette réaction a mis YarkDamehame dans tous ses états au point, visiblement, de perdre le contrôle, en oubliant les civilités dues à son rang. « Le centre communautaire de Bè n’est pas le salon de Me Kpande-Adzare ou du Professeur Dosseh, c’est un lieu public. Il est géré par la commune », a pesté le ministre. Pour de nombreux observateurs, YarkDamehame, un ministre de la République, pouvait ne pas employer ce ton ni ces termes pour répondre à des responsables d’une organisation de la société civile. « J’ai été très scandalisé, très ahuri d’entendre le ministre dire que nous sommes dans un Etat organisé, qu’on n’était pas dans un salon de Me Kpandé-Adzaré, ni de celui du Prof Dosseh. Je voudrais tout simplement lui demander si nous sommes dans un Etat organisé, comme ils le disent, que cherche les groupes d’auto-défense dont il a parlé depuis un certain temps, c’est-à-dire des miliciens ? Non, il ne faut pas qu’on trompe les Togolais. Même la communauté internationale est avertie et sait tout ce qui se passe aujourd’hui au Togo », a indiqué Me Raphael Kpande-Adzaré.

Ce même samedi, dans la soirée, un autre meeting pourtant autorisé, organisé par le Mouvement En Aucun Cas, a été interrompu à Bè-Kpota. La manifestation se déroulait lorsque les policiers et gendarmes ont débarqué sur les lieux. Ils ont emporté les chaises, les baffles et autres instruments des organisateurs, sans autre forme de procès. Il a fallu que le premier responsable de ce mouvement, FollySatchivi soit exfiltré pour qu’il échappe à l’interpellation des hommes en uniforme. Ainsi continuent les dérives de la dictature

Source : www.icilome.com