« La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent ». Anthèlme BRILLARD-SAVARIN, dans la Philosophie de goût, soutient que la valeur de ceux qui sont capables d’impulser à leur milieu l’épanouissement se révèle dans le profil de leur épanchement affectif et dans le sens éthique qu’ils expriment à travers leurs actes, leurs choix, leur engagement.
Pour donner de la valeur aux autres, il faut être fidèle aux valeurs non pas par l’effort, mais par son ordinaire. Dans notre pays ou la gestion clanique de profit place ses pions et ses hommes de main à tous les compartiments administratifs, la vie économique, sociale est d’une médiocrité structurelle pour laisser prospérer tous les minables opportunistes qui ont fait basculer la République dans le gouffre béant du désespoir. Nous cumulons des faussetés partout en droit, en morale, en civisme qui étalent sur le pays de féroces absurdités.
En trente-deux ans, nos communes, nos collectivités locales sont dans les serres des rapaces parachutés pour des besoins d’étouffement des aspirations les plus nettes de changement des principes de gouvernance. Le fossé entre les administrés et les serviteurs d’un régime militaro-clanique s’est élargi grandement pour tracer le boulevard aux drames communautaires. Une destruction sans nom de nos communes et du tissu social s’observe avec nos cœurs échancrés de rage.
Le tourbillon dont nous frappent l’indigence et la désuétude de nos infrastructures administratives, sociales, économique témoignent de la pagaille politique qui a fait des pieuvres et des charognards du jour au lendemain, de vrais misérables de nouveaux riches. Ils se sont inscrits tout logiquement dans la dynamique du pillage couverte par le zèle de défense d’un prince, d’un système de perversité flamboyante.
Les surfacturations et les détournements des recettes de nos communes par les compétences légères ont ruiné nos collectivités ou la vie s’est éteinte de ses petits bonheurs de service public qui tricotent le vivre-ensemble. L’avidité du gain a chauffé les délégués spéciaux dont la plupart sont encore dans le rêve de revenir à la tête des communes pour faire perdurer le vice, le vol, la rapine.
Quelle justice et quel audit de correction pour les crapules des délégations spéciales qui se sont rendus coupables de sales pillages des ressources de nos communes ?
1-Le temps de l’exemple
Les élections locales ne sauraient apparaître comme une continuité des délégations spéciales. La rupture de la forme de gestion de nos communes doit se ressentir dans le fond des dossiers concernant la vie de nos collectivités. Les nouveaux élus locaux sont appelés à prendre absolument en compte les réclamations et les aspirations des populations. L’urgence des audits des comptes est la perche de solidarité avec nos collectivités locales qui exigent une propriété éthique des gestionnaires des affaires publiques.
L’exigence de propriété éthique ne peut pas être différenciée ou inclure des faveurs particulière qui donnent un quitus à l’impunité. Par conséquent, l’exigence de propreté éthique est une valeur englobante et totalisante Elle n’a pas une qualité d’absolution. Ceux qui doivent à la cité ne peuvent plus se parader et diffuser l’image des hommes qui sont au-dessus de nos citoyens et de la loi. Ils sont dans le viseur de nos collectivités locales. L’autonomie de la conscience des citoyens réclame justice partout où une faute, une escroquerie, une spoliation, une rapine est commise.
Le temps de la surfacturation a prospéré. Il s’accompagne de crimes économiques qui ne laissent indifférents nos citadins abusés, méprisés, volés. Pour mettre fin à la racaille politique qui se prend pour des gens puissants, le service de propreté civique ne peut fermer les yeux sur des malversations graves en fourvoyant les nouveaux élus de collusion avec les crimes économiques. Comment les populations peuvent-elles se taire sur des flagrants délits et manquements dans le service public en voulant que les nouveaux élus se conforment à un devoir de propreté éthique? Les peuples ne savent pas jouer la mauvaise conscience en triant les coupables des crimes. Ils sont des victimes qui ont le droit d’obtenir des réparations. Ceux qui se sont amusés avec les recettes des communes trouveront sur leur chemin les porteurs de voix de nos cités. Priver les collectivités de leurs ressources, c’est être méchants et inciviques. Jean- Baptiste Louis GRASSET nous apprend dans Le Méchant que: « Par eux-mêmes, souvent les méchants sont trahis ».
Les malversations criardes et les prédations laissent toujours quelque part leurs traces, leurs impacts dont il est aisé de remonter les sources, d’établir les responsabilités. La puissance civique est dans la vilonté de nos cités et ceux à qui elles ont délégué leur pouvoir proprement n’ont d’autre choix que de porter leur voix.
Il ne faut surtout pas confondre l’autonomie de nos cités et les marques de confiance qu’elles exigent de nos élus avec une chasse aux sorcières. Les crimes économiques avérés connaîtront une réplique de la souveraineté de nos collectivités. La normalité est l’équilibre des cités. Elle s’acquiert par l’exemplarité des élus et la qualité intrinsèque qui préside à leur engagement de fidélité à la volonté générale. Les élus locaux n’ont pas besoin de passer par une nébuleuse Commission chargée de la répression des crimes économiques et de la corruption. Ils sont sous la surveillance des citoyens de proximité qui orientent l’action publique.
Nous sommes dans une nouvelle dynamique civique qui a ses contraintes. Cette dynamique est une révolution éthique, morale d’une fermeté douce qui a ses couleurs pour transfigurer les serviteurs des cités et de la République. Le droit de punir n’appartient plus à aucun clan, à une dynastie, à une minorité, à une chapelle politique. Il est du ressort de nos concitoyens si proches qui jugent les actes de délinquance en envoyant les présumés coupables au prétoire.
Beaucoup de délégations spéciales sont décimées par la mort. Mais, ceux qui ont continué à se rendre coupables de crimes économiques ou qui ont cru avoir les mains libres pour confisquer les recettes des communes ont un rendez-vous historique avec la puissance des collectivités locales. La transparence des comptes est un gage de crédibilité. Elle ordonna des audits non seulement pour la gestion à venir, mais impérativement pour le passé pour une transmission saine de la gouvernance de nos communes. Il n’y a que la culture de la transparence qui coupe la chaîne de la contagion des détournements des deniers publics.
La dynamique des groupes se forge sur un nouvel élan et celui de la transparence est l’expression de nos collectivités locales. Tous ceux qui ont précipité nos communes dans l’enfer du dénuement n’auront qu’un devoir de réparation, de réhabilitation de nos concitoyens dans leurs droits.
2) Réciprocité de la responsabilité et co-gestion de nos communes
Nous sommes à une autre dimension du poids du citoyen dans la gouvernance de proximité où l’initiative verticale sans l’assentiment des collectivités n’est plus possible. De la co-responsabilité dans les choix de développement intégré à la Volonté générale, une « complétude » de la gestion des ressources communales impose une assistance des populations sur la clarté, la transparence et l’évaluation des décaissements.
Ce qui se joue entre les élus locaux et les collectivités n’est rien moins que la collégialité souveraine. Chaque partie est appelée à honorer sa partition dans le respect des objectifs et des tâches. La synchronie et l’horizontalité des démarches embarquent les deux parties dans l’enthousiasme. Didier ANZIEUX, dans La Dynamique des groupes restreints, développe l’idée que les relations affectives et la connaissance des proches favorisent aisément l’engagement au travail. Les résultats excellents découlent de la compréhension mutuelle qui préside aux choix, aux initiatives.
Les élus ont une dette de fidélité à l’endroit de la cité et les citadins sont redevables de soutien à la gouvernance. Les droits des citoyens ne peuvent plus être violés dans une condescendance d’autorité. Mais, l’autorité demeure investie de la puissance civile qui n’a d’effet que dans le respect. Cette coordination dans la vie de nos communes permet l’accès à tous les dossiers. L’argent public ne se détourne plus impunément et les biens communs sont de la surveillance des collectivités. Elles peuvent demander des comptes sur l’actif comme sur le passif. Ceux qui ont vendu des domaines de la commune ou les ont mis en exploitation en empochant les ressources et les revenus n’ont qu’à s’attendre à un rappel à l’ordre et à un devoir de réparation. La nouvelle gouvernance n’exclut pas la clarté sur le passif. Elle ne peut s’encombrer d’une indulgence à célébrer les voleurs. Elle n’autorise aucune dissimulation ou des cachotteries singulières de faveur.
L’expérience désastreuse des « supermen » de la Délégation spéciale doit être balayée avec son occultisme de service public qui dépossède le citoyen du pouvoir de contrôle. Nos faillites sur le visage de nos communes se lisent en lettres capitales. Nous n’avons d’autre choix que l’ordre, la justice et la réparation. Il ne faut pas croire que la justice s’appliquera uniquement pour les nouveaux fautifs éventuellement. Elle est de l’ordre de la souveraineté civile des collectivités.
Il faut poser les bases saines d’une transmutation sociale, c’est-à-dire, réaliser une transfiguration douce digne d’une révolution conceptuelle de l’Etat, du service public qui affiche ses résultats. L’efficacité de l’action ne se ressentira que dans le sérieux des élus et des collectivités.
Nous ouvrons une nouvelle page dans l’histoire de notre territoire où les peuples prennent le pouvoir. La liberté a ses exigences. Elle n’est possible que dans le respect du cadre qui l’entoure ou auquel elle est circonscrite. Nous sommes au stade de l’achèvement de nous-mêmes. Il permet une rupture qui nous oblige à mener une vie d’hommes. Les communes sont appelées à faire le bonheur de nos collectivités sous le contrôle de la transparence diagonale des comptes.
Source : www.icilome.com