Par Pascal Adjamagbo, Maître de Conférence à Sorbonne Université
Paris, le 17 avril 2019
Après le temps de l’émotion nationale et internationale devant le brasier qui a fait s’effondrer le toit, la charpente et la flèche emblématique de la cathédrale Notre Dame de Paris, après le temps de l’élan de générosité nationale qui a permis de récolter dès le premier jour de la souscription nationale plus de 750 millions d’euros de dons pour la reconstruction de la cathédrale, est venu le temps de projeter les lumières de la raison critique sur le très grave et inquiétant dysfonctionnement de l’Etat français révélé par l’incendie de Notre Dame de Paris, pour éviter que ce dysfonctionnement ne se reproduise et ne provoque de plus grands dégâts matériels et humains.
L’incapacité d’une grande puissance économique et militaire comme la France à éteindre un petit feu, au cœur même de la capitale française, en face du quartier général de la police nationale, jusqu’à ce qu’il devienne un grand brasier faisant s’effondrer, pour la première fois en 850 ans d’existence, le toit historique du plus important et vénérable monument historique français, du monument le plus visité au monde, et dont l’entretien est sous la responsabilité de l’état français depuis la saisie des lieux de cultes catholiques par l’Etat français en 1905, est la preuve irréfutable d’un dysfonctionnement très grave et inquiétant de l’état français sur sa capacité à protéger les français et leurs biens, à mobiliser les ressources humaines, techniques et logistiques énormes dont il dispose à cette fin, à donner à temps les ordres qu’il faut et qui sont commandés par le terrain et les évènements, comme le savent bien les militaires, en cas de dangers intérieurs ou extérieurs.
Plus qu’une critique sans complaisance de la part des leaders d’opinion et des responsables politiques de tous les bords, ce dysfonctionnement doit absolument faire l’objet d’une enquête parlementaire, pour situer les responsabilités de chacun des acteurs de la protection des français et de leurs biens, depuis le sommet de l’état français jusqu’à la base des forces de l’ordre, comme ceux du QG de la police nationale en face du lieu de sinistre et qui ont brillé par leur inaction au cours de cet incendie. Des conclusions de cette enquête il faudra tirer sans complaisance les conséquences qui s’imposeront à tous ces acteurs de la protection des français et de leurs biens, dans l’intérêt supérieur de la sécurité des français et de leurs biens, notamment les conséquences politiques qui s’imposeront au premier responsable de l’Etat français.
Source : www.icilome.com