Le Top 10 de la crise politique au Togo

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L’une des crises africaines qui a alimenté l’actualité sociopolitique ces deux dernières années et qui a la particularité de ne pas avancer en solution et de rester dans une impasse inquiétante est la crise togolaise. Pouvoir et opposition sont depuis août 2017 à couteaux tirés sur les questions de reforme et d’alternance, l’international s’en est mêlé avec la médiation de la CEDEAO, la Diaspora togolaise partout dans le monde est restée déterminée, le pouvoir togolais reste intraitable sur la requête du peuple, de l’opposition et de la communauté internationale. A ce jour donc, alors que les signaux sont au rouge sur l’avancée vertigineuse vers les élections unilatérales préparées par le pouvoir en place, l’horizon reste sombre sur l’avenir sociopolitique et économique du Togo. L’Indépendant Express se donne le devoir de faire le Top 10, les dix faits et actes, personnages et personnalités qui ont marqué la crise togolaise, en bien ou en mal. Ce best des best ou même des « worst » recense entre autre le niveau de classement de la crise togolaise, sur le plan national et international. Le Top 10, ce sont les personnes qui ont joué un rôle ou un autre dans la crise, les villes qui ont été au centre de la crise et les faits qui l’ont marqué.

Numéro 1 : Crise togolaise, la crise la plus inédite et la plus têtue

Personne n’imaginait que le Togo allait sombrer dans une crise pareille à partir du 19 août 2017. Ni les autorités togolaises, ni la communauté internationale, ni l’ensemble de la population togolaise, curieux encore le meneur du Mouvement du 19 août. Tikpi Atchadam, en faisant des réunions hebdomadaires de son parti PNP, savait qu’il avait accompli un travail de fourmi pour mobiliser l’opinion nationale et internationale. Mais l’allure prise par les manifestations du 19 août au Togo et à l’étranger l’ont surpris lui-même, au point où il en fasse appel aux autres partis qui ont accepté de soutenir une initiative qui est devenue internationale. La crise togolaise est la plus inédite, parce que ayant échappé à tout contrôle et à tout pronostic. Elle est la plus têtue aujourd’hui, parce que, depuis 14 mois déjà, personne, de l’opposition, du pouvoir, de la diaspora et de la communauté internationale ne peut avoir l’assurance de croire que la crise togolais est arrivée à un niveau de résolution. C’est à la danse Tango à laquelle se livre les protagonistes devant l’incapacité des médiateurs, la témérité du système au pouvoir et la résistance de la population. C’est le Top 1 de la crise togolaise.

Numero 2 : Tikpi Atchadam, l’homme providentiel

Insoupçonné dans son profil modeste, apprécié dans sa verve intelligible, sous estimé dans son allure de philosophe des heures perdues, Tikpi Salifou Atchadam se trouve pour les Togolais du Togo et de la Diaspora, l’homme providentiel. Celui qui a réussi, non seulement à donner un sens à la lutte pour la libération du Togo du joug de la dictature des Gnassingbé, mais aussi et surtout celui qui a ébranlé le système RPT/UNIR au pouvoir depuis 50 ans au Togo. Il est aujourd’hui le symbole de tout un peuple révolté, en mouvement pour le changement et l’alternance, il est le héro de milliers de personnes qui ont subi les affres d’une injustice sociopolitique et économique sans pareil, et naturellement la bête à abattre pour le pouvoir en place. Tikpi Atchadam est passé après quelque mois de lutte dans les colonnes de Wikipédia, et à la une des journaux et magazines des personnalités qui ont marqué l’histoire récente de l’Afrique et du monde. Juriste, anthropologue, politicien et actif rassembleur, le natif de Kparatao (village natal au centre du Togo) a forcé l’admiration de toute une communauté autrefois hétéroclite. De ce fait, il a attiré la foudre sur sa ville et sur d’autres localités où il détient un record remarquable de partisans, et a semé l’espérance chez des peuples qui ne pensaient plus s’affranchir d’un régime militaro monarchique qui détenait tous les pouvoirs pour brimer à l’éternité son peuple. Tikpi Atchadam a déjoué tous les plans, redistribuer les cartes et semer dans l’opinion du régime politique que rien n’est acquis pour lui et rien n’est encore joué. C’est pile ou face. Tikpi Atchadam est l’énigmatique personnage, le Top 2 de ce classement sur la crise togolaise.

Numero 3 : La couleur rouge : Symbole de la révolte

Autrefois le jaune, couleur de l’Union des Forces de Changement avait emballé les militants et partisans du changement au Togo. Cette couleur a vite cédé son éminence à l’Orange avec la scission qui a drainé tous les regards militants vers l’ANC. Mais depuis le 19 aout 2017, l’emblème rouge est devenu le symbole de la révolte. C’est la couleur choisie par le PNP, parti de Tikpi Atchadam pour mettre en mouvement son peuple. A Sokodé dans sa localité d’origine, cette couleur a toute une histoire, tout un sens et tout son mythe. Anthropologue averti, il l’a choisi pour drainer les foules. Et c’est la couleur qu’on aime le plus pour non seulement adhérer à la vision de l’alternance radicale prônée par Atchadam, mais elle est aussi la devise de la désobéissance civile, de la provocation et de la détermination de ses utilisateurs. Normal que ça dérange le pouvoir en place qui a radicalement banni le rouge dans toutes ses solennités et la combat avec tous les instruments de la force, de la violence et de l’injustice.

A Tsévié, ville située à 45 Km de Lomé la capitale, la peinture en rouge du siège du PNP agaçait tellement le maire qu’il a décidé de coller au parti une amende fantaisiste.

A Sokodé, on n’en parle plus, les militants du parti qui s’abhorrent du blason rouge sont persécutés jusqu’à leur dernier retranchement. Pour couronner l’acharnement et la haine pour la couleur, des individus ont choisi d’aller modifier la peinture rouge assigné sur les murs du parti. Une attitude assez ridicule qui démontre le niveau de paranoïa qui anime le parti au pouvoir vis-à-vis de la couleur rouge. Mais tous les efforts restent vains. Le rouge s’est imposé aujourd’hui comme l’expression de la révolte et de la résistance, tout autant au Togo que dans la diaspora togolaise à l’étranger. C’est le top 3, le rouge.

Numéro 4 : Komi Klassou, Celui qui a le plus profité de la crise

Veste zazou, voix roque, allure et carrure vénale, conservateur extrême droite du parti au pouvoir, Komi Selom Klassou nommé le 5 juin 2015 à la tête de la Primature est le plus grand bénéficiaire de la crise togolaise. Alors que son incompétence et son manque de vision socioéconomique étaient décriés, tentant le Chef de l’Etat à le limoger, il a été sauvé in extremis par Tikpi Atchadam le 19 août 2017 dans la révolte populaire qui secoue le Togo depuis cette date. Du coup, Komi Klassou, précédemment vice président de l’Assemblée a retrouvé ses lettres de noblesse. Faure Gnassingbé affecté par une turbulence politique n’avait aucune raison de remanier le gouvernement. Il risquait dans une situation ou la confiance voltigeait de retourner certains collaborateurs contre lui et de précipiter sa chute. C’est donc cette situation qui a profité à Komi Klassou qui a totalisé plus de 3 ans à la tête de la Primature, son équipe gouvernementale avec lui. Pour lui, autant que persistera la crise, il restera, et profitera de l’eau trouble, gain de pêcheur qui lui fait s’enrichir vachement de la crise, avec la situation de faiblesse qui oblige le président à tolérer des imprudences budgétaires et accorder des largesses financières. Komi Klassou est pondéré. Il ne se gêne plus trop. Il profite de la crise. Bonnement. Il mérite une place dans ce classement, numéro 4 pour avoir été le plus grand bénéficiaire de la crise togolaise.

Numero 5 : Sokodé, la ville plus persécutée.

Dégâts matériels importants, pertes en vies humaines, état de siège permanant, montages tous azimuts pour culpabiliser les habitants, Sokodé, 300km de Lomé, fief de Tikpi Atchadam est considéré comme le Benghazi togolais pour le pouvoir de Lomé. Pour les securocrates de Faure, il faut neutraliser ce bastion avec les moyens comparables à ceux de l’OTAN contre le chantre de la résistance libyenne de Kadhafi. Bien entendu, ils ne baissent pas les bras pour arriver à museler le peuple Tem acquis à la cause du leader du PNP. Et pour arriver tous les moyens sont bons, tous les coups bas aussi, de même que les actes insolites. Morceaux choisis : Alors qu’ils étaient dans une opération de répression aveugle, les barbouzes du régime togolais, superstitieux à l’excès ont conclu que le bœuf attaché sous l’arbre devant le domicile de Tikpi Atchadam devrait porter l’esprit de la force populaire du leader. A bout portant, ils ont tiré sur le pauvre animal avant de revenir indemniser le propriétaire. Plus loin, agacé par le rouge du siège du parti, ils ont affecté des peintres improvisés pour venir changer la couleur du mur. Pire, les autorités togolaises ont brandi aux diplomates et à tous leurs interlocuteurs des images macabres de deux hommes habillés en treillis, égorgés et brûlés en vue de convaincre ceux-ci que le PNP était l’auteur de cette barbarie et l’attitude était celle de djihaddistes et donc en conclusion Tikpi Atchadam était un terroriste. La mayonnaise n’a pas pris. Les arguments de cette opérations étaient trop juste pour être pris très au sérieux puisqu’à la fin, aucune suite n’a été donnée à cette affaire et l’on n’a jamais vu des parents de ces supposés soldats égorgés se plaindre et obtenir des obsèques dignes de leurs fils. La mèche était mouillée. Sokodé a subi les affres de la crise jusqu’à ce jour avec des populations chassées en exil sur leur propre territoire. Un autre prétexte pour justifier l’Etat de siège est la fameuse histoire de disparition d’armes de guerre. Pour le ministre de la sécurité, tant que les armes ne seront pas retrouvées, Sokodé ne jouira plus de ses droits constitutionnels, notamment celui consacré à la manifestation. Aujourd’hui, la crise a fait subir à plusieurs localités des brimades, des répressions, des injustices, des barbaries de toute sorte. Lomé, Bafilo, Mango, Atakpamé, Dapaong, Kpalimé sont sous surveillance militaire constante. Mais la ville de Sokodé a été la plus affectée, présentée par les autorités comme le bastion de la révolution et de la résistance. Top 5.

Numéro 6 : Grève de la faim, le fait le plus insolite

L’initiative de grève de la faim lancée par Nicodème Habia du parti les démocrates était suivie au début avec timidité. C’était devant l’ambassade des Etats Unis au Togo. Les leaders de la C14, Jean Pierre Fabre compris ont rendu visite à Nicodème sur place. La grève a pris une allure plus sérieuse et plus populaire devant l’ambassade du Ghana au Togo lorsque l’opposant a élit domicile devant la représentation diplomatique. La communication aidant, les réseaux sociaux martelant l’information, les visites se multipliant, transformant la personne en un monument que les togolais allaient rendre visite, la mayonnaise a pris. Les autorités togolaises embêtées par cette nouvelle trouvaille qui attirait l’opinion internationale l’ont grandi en crédit en allant disperser les visiteurs à coup de gaz lacrymogènes. Nicodème Habia en a donc profité pour mieux maquiller sa grève de faim. Il exigeait la libération des personnes détenues et la poursuite des reformes politiques exigée par la CEDEAO. Le Ghana, pour mettre la cerise sur le gâteau a envoyé un avion spécial pour évacuer l’opposant en grève de faim. Une requête rejetée de bout en bout par l’autorité togolaise. Finalement on apprendra que l’homme est allé continuer son traitement au Ghana sans avoir pu obtenir ce qu’il revendiquait à travers sa grève de la faim. C’est un succès de communication, en tout cas, ce fait insolite qui a nourri l’actualité pour un temps…. Mérite d’être inscrit au Top 6.

Numéro 7 : Personnalité la plus controversée : Kadanga Kodjona

Si cela ne tenait qu’à lui et à lui seul, une spéciale élection présidentielle aurait pu être organisée au Togo pour concéder une véritable légitimité, quoique mal acquise à Faure Gnassingbé. Confus dans un rôle d’apparat, pressé dans un contexte ambigu, passionné dans un rôle alambiqué, Kodjona Kadanga est la personnalité la plus controversée de la crise togolaise. Alors que la feuille de route de la CEDEAO indiquait la date du 20 décembre pour les législatives, une date dénoncée par l’opposition qui la trouve totalement farfelue, le Président de la CENI en ajoute à la contestation en proclamant le 16 décembre pour des élections locales longtemps étouffée par le pouvoir en place. Pour être extraordinaire, Kodjona Kadanga annonce l’organisation d’un référendum sans sujet ni objet. Dans le brouhaha politique, le professeur d’Université fonce la tête baissée dans un processus marquée par une CENI incomplète dont les membres se livrent la guerre, un système marquée par des voix dissonantes qui se contredisent dans les prises de décisions. Pour ceux qui le connaissent, ils sont surpris par la détermination zélée du Président de la CENI à faire fi de toute logique pour organiser «ses élections à lui». Déjà, la tête de Kodjona Kadanga est mise à prix par l’opposition de la C14. Elle ne veut plus de lui à la tête de l’institution. L’opposition préfère une personnalité neutre, qui ne soit pas de nationalité togolaise. Le Top 7 de notre top des tops ne s’en panique pas du tout. Il évolue sereinement vers un scrutin aux conséquences imprévisibles. Des observateurs des droits de l’homme pensent qu’il a envie d’inscrire son nom en lettre d’or dans les agendas de tueries et de massacres dont des prédécesseurs paient constamment leur implication de près ou de loin.

La CEDEAO, l’institution mise sur la sellette. Top 8

S’il y ait une institution dans cette crise politique qui ait été nourrit espoir et désespoir à la fois, adulée et critiquée en même temps, sollicitée et refoulée, crédible et discréditée, c’est bien la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO. Les chefs d’Etat ont au début cru aux autorités togolaises qui ont minimisé les mouvements en pensant que ce n’est qu’une révolte à effet de paille. Mais la situation s’est aggravée au point où toute la communauté a été obligée de se mobiliser pour répondre au cri de détresse des autorités togolaises qui commençaient à se noyer profondément alors qu’ils récusaient il y a quelques semaines les missions de la CEDEAO. C’est le sens du dialogue dans lequel la CEDEAO avec ses médiateurs ont floué l’opposition de lâcher l’arme de la résistance ; les marches et renforcer le pouvoir en dressant une feuille de route confuse et imprécise avec date d’élection à la clé. Du coup les regrets de la baisse de tension vécue par l’opposition s’infligent à la CEDEAO. Les populations togolaises, éprises de changement critiquent la communauté d’avoir joué pour le pouvoir en place en ne répondant pas aux mots d’ordre des manifestations, entre autre la question de la candidature de Faure Gnassingbé en 2020.

L’image de la CEDEAO à ce jour est écorchée au Togo. Son représentant n’inspire plus confiance, les médiateurs n’empoignent pas avec beaucoup de rigueur la question togolaise, trop de largesses envers le pouvoir, le profil opportuniste et antidémocratiques de certains chefs d’Etat qui se rapprochent de Faure Gnassingbé, bref la CEDEAO est au carrefour de l’espoir et du désespoir, de la crédibilité et du discrédit, de la bonne foi et l’hypocrisie. La CEDEAO est au centre de la crise. Pleinement au centre. Elle s’est faite interpellée par les peuples du monde entier. Du peuple togolais à la diaspora, des chefs d’Etats à l’Union Africaine, des représentations diplomatiques aux Chefs d’Etat occidentaux, l’essentiel est dit et fait pour que l’institution régionale prenne ses responsabilités. Mais le togolais et l’analyste politique pensent que la CEDEAO n’est pas encore à la hauteur. Mi-figue, mi-raisin. C’est la conclusion qui se dégage du rôle de la CEDEAO dans la crise togolaise de la part des observateurs.

Numéro 9 : Brigitte Adjamagbo Johnson : L’Unanimité

Si la coalition des 14 partis politiques d’opposition reste unie, déterminée et forte, c’est sans doute grâce à cette dame : Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson. Elle aurait pu rester dans l’ombre de l’opposition en raison de la popularité faible de son parti la CDPA, mais portée à la tête de la coalition elle a réussi à maintenir le niveau d’union de l’opposition souhaitée par les togolais. Les obstacles n’ont pas manqués, les dissensions non plus. Dans un groupe aussi hétéroclite où les intérêts partisans sont en jeu, où le pouvoir est prêt à tout pour créer la scission par la diversion, la Coordinatrice générale de la coalition a toujours su arrondir les angles face à des critiques et des dénigrements. Elle a le tact et le flair mais surtout la crainte de Dieu. Elle met toutes les actions, toutes les initiatives et tous les projets de la coalition dans la prière. Tout comme Jean-Pierre Fabre, le Chef de file de l’opposition, elle est toujours prête quelle que soit l’urgence de se retirer demander l’inspiration au Seigneur avant d’orienter les actions. Il faut être une femme forte, engagée, déterminée et rassembleur pour tenir une C14 en haleine. Beaucoup d’observateur étrangers et la diaspora lui reconnaissent et saluent le pari gagné par cette dame. Pour elle les défis sont énormes. Ce qui est fait n’est rien par rapport à ce qui reste à faire. Elle invite constamment les togolais à continuer à nourrir l’espoir et la C14 elle demande toujours de ne pas céder au découragement, parce que l’adversaire est de taille et seule la cohésion du groupe qui peut sauver la lutte. Kafui Adjamagbo Johnson fait l’unanimité depuis le début de la crise. Elle tient bon dans une situation meublée d’obstacles et de tentation. TOP 9

Top 10 Faure Gnassingbé, l’ébranlée.

Si les barons du système répètent avoir pris toutes les mesures pour que le 19 août ne se reproduise plus au Togo, c’est que le régime politique du Togo a été secoué par les manifestations du 19 août 2017, Faure Gnassingbé en premier. Rien n’annonçait une manifestation de cette ampleur, puisque, au moment où le bras de fer opposait le ministre de la sécurité Yark au PNP sur l’itinéraire de la marche, beaucoup ne s’en ont pas préoccupés. Le ministre est allé jusqu’à dit que le PNP c’est quoi, comme pour dire que le parti de Tikpi Atchadam était négligeable sur la scène et ne devrait pas autant s’agiter pour une manifestation qui ne prendrait pas. Mais le 19 août a été menaçant pour Faure Gnassingbé. D’après les informations, il a mis sa sécurité en alerte maximale avec retrait systématique dans un domaine sécurisé d’un officier supérieur de l’armée à une trentaine de kilomètres de la capitale.

Les rapports qu’on lui fournissait étaient relativement très inquiétants mais traduisaient l’inefficacité et la frilosité du système de renseignements du Togo. Puisque, au lieu de savoir comment le guerrier de Tchaoudjo a réussi à mobiliser les centaines de milliers de manifestants au Togo et dans tous les pays du monde, les renseignements du Togo ont raccourci les informations en attribuant à la lutte une étiquette plutôt djihaddiste. Cela a faussé radicalement au sommet de l’Etat la stratégie interne à assigner. Ce fut donc la débandade. Pire ceux qui dressaient ce genre de faux rapports orientaient des solutions à ces fausses informations en inventant des images, des montages pour coller aux fausses informations servies au président de la république. Tout cela a fait échouer les tentatives de gestion de la crise qui s’est exacerbée, mettant Faure Gnassingbé dans de petits souliers qui le menaient dans des asiles de circonstances pour rester à l’abri si les choses s’empiraient. Faure Gnassingbé a été secoué par la crise, appelant à la rescousse certains Chef d’Etat amis sans succès et attendaient constamment que des collaborateurs arrivent à calmer l’ardeur de Tikpi Atchadam qui avait déjà engagé la lutte sur l’ensemble de l’opposition réunie au sein de la C14. Les deux mois des manifestations de l’opposition ont crée l’insomnie au chef de l’Etat togolais qui constatait d’ores de déjà les conséquences. L’économie enrhumée, les investisseurs réticents, le mandat de président en exercice de la CEDEAO éprouvé, tous les calculs étaient faussés. L’ultime réconfort venait de pasteurs et marabouts vrais et faux, acheminés de partout pas des courtisans qui rassuraient le Président que les prières allaient réussir à stabiliser la situation. Même si elle a connu une suite favorable à Faure Gnassingbé qui n’a pas vu son pouvoir ébranlé, chuter sous les secousses des manifestations de rue, il a perdu les plumes. L’autorité dont il se prévalait à l’interne comme à l’international a baissé, en témoignent les manifestations récentes de la diaspora en Allemagne, et les milliards de Francs CFA engagés pour juguler la crise. Malgré tout, l’incertitude persiste chez le jeune monarque. Que va-t-il se passer à partir du 20 décembre prochain, qu’en est il de sa candidature de 2020, quel est le niveau de sincérité de ses collaborateurs et amis qui sont pour la plupart des opportunistes, quelle solution pour sortir d’une situation totalement pourries.

Des questions qui continueront à donner du tournis à un président qui a du mal à faire passer un quatrième mandat.

Perpétuité des Tops des Tops.

Beaucoup d’autres faits, personnalités et insolites ont marqué la crise togolaise depuis son début. La suspension de l’internet, fait unique très décrié, l’invasion de la présidence par des marabouts et pasteurs qui sont les plus grands opportunités de la crise, le top record de dépense de milliards de francs CFA par la direction de la communication de la présidence pour communiquer sur la crise, en sont des top à inscrire dans cette rubrique appelée à se perpétuer dans l’Indépendant express.

Carlos Ketohou

Source : L’Independant Express

27Avril.com