Le tombeau de la tyrannie est dans le dédain militant des patriotes

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« Les hommes qui ont changé l’univers n’y sont jamais parvenus en gagnant des chefs; mais en toujours remuant des masses ». NAPOLEON 1er, cité par Las Casas dans le Mémorial de Sainte-Hélène , invite tous les opprimés, toutes les victimes des potentats à sortir de la somnolence pour fédérer leurs énergies dans des actions densifiées , organisées par de vrais meneurs d’hommes, ceux de la rupture comme la société civile, les artistes engagés, le clergé, les forces politiques du changement qui crachent le feu de l’adversité contre la perversité des gouvernants.

L’évidence contre laquelle aucun Togolais ne peut ériger la moindre contrariété, pas plus que le chef de l’Etat lui-même, c’est la confiscation des ressources de notre pays par une pieuvre de jouisseurs qui tue l’appétit de vivre de nos populations et les met en loques, les terrorise par la répression fauve pour les contenir dans une aridité existentielle

Le clignotement au rouge dans la caverne de la désespérance de notre République en rebut nous appelle à un sursaut national patriotique pour reconstruire notre itinéraire renversée par la force brutale qui a dramatiquement volé la jeunesse aux enfants du Togo, la formation de qualité et la renommée socio-historique, psycho-éducationnelle à notre peuple

Une conscience sans action décisive et massive est un songe. Notre choix de sortir de la tragédie de gouvernance est un devoir apodictique que portent nos organes éclaireurs comme Togo-Debout, la coalition des quatorze partis politiques (C14)

Il faut être proprement dans la dépossession du sens et dans l’univers du superflu pour nier les affres de la misère qui ont étalé leur voile sur tout le pays devenu singulièrement la caverne des loques, de la disette où nos familles ne sont plus capables de s’offrir un repas acceptable en qualité et en quantité journalièrement . Si le mouvement insurrectionnel de la conscience civique a vite embrasé ce pays depuis le 19 août 2017, les justifications de la spontanéité d’une adhésion nationale au changement trouvent leurs racines dans les échecs sonores de l’héritier dynastique qui s’emploie à construire les rêves d’une éternité au pouvoir plutôt que de conduire le pays à des mutations fécondes et plurielles en ouvrant la République à des perspectives franchement démocratiques, garanties par des élections transparentes et non contestables

Comment ne pas parler d’une seule voix, d’une action fortement incisive, unitaire et populaire dans la durée pour susciter un ordre nouveau dans la fermeté de l’engagement tant que la tyrannie de gouvernance compromet l’avenir de notre pays?

Ne sommes-nous pas contraints de transcender nos dissensions, nos abîmes de calculs aux petitesses monstrueuses pour réaliser la grande espérance à laquelle nous convient nos compatriotes?

1) Pour l’accomplissement de la volonté générale

La courbe descendante de notre évolution démocratique aux heurts et aux affres de la tyrannie nous ont réduits à un sursaut implacable pour l’unité d’action. L’appel patriotique de notre peuple à l’unité de l’opposition a relevé notre dignité civique, notre cran éthique au confluent de la conscience nationale et apporte à notre communauté les perches de l’alternance politique dont nous avons si profondément soif.

Nous n’avons pas d’autre choix que d’opposer une muraille frontale de refus à l’éternité d’une famille au pouvoir. Mais, nous devons donner une étanchéité à notre solidarité synchronique dans l’apprêté de notre combat sans laisser des interstices à nos fâcheries, du reste, évidentes, parce que la grandeur de ce qui nous unit et la dimension de l’enjeu de notre rassemblement dépassent de loin les égratignures et les écorchures accidentelles au carrefour de notre propre histoire dont nous avons la responsabilité pleine et entière de relever le défi de l’alternance politique.

Malheur à ceux qui, de leurs minables raisons éprouvent des velléités de reculades. Nous
avons remporté une grosse bataille très significative de notre action collégiale de ce combat âpre contre la dynastie tyrannique de la rapine électorale. Nous venons de mettre fin à l’organisation verrouillée des élections qui ne sort qu’un seul et même champion. A l’étage de ce sacre, nous devons encore plus que jamais flamber notre lutte, notre vigilance pour construire le ciel de nos aspirations, préparer l’avenir des enfants du Togo sans dépérir la formation intellectuelle, professionnelle, civique, éthique et morale. La politique, c’est l’organisation intelligente de la vie de la cité. Si notre vie nous appartient, il est de notre devoir de lui imprimer un projet, celui de notre rêve. Jules RENARD, à juste titre, à ce sujet, disait dans son Journal, le 22 août 1905 : « Je ne m’occupe pas de politique »-c’est comme si vous disiez : « Je ne m’occupe pas de la vie ».

Le cachet de notre épanouissement et de celui de notre société est du ressort de la politique. Personne ne peut nier que la misère crasse qui a étendu son filet sur nos populations relève d’une tragédie de la gouvernance qui distribue l’indigence et en fait une cynique arme de soumission, pendant qu’au robinet des ressources nationales, la minorité « fauriste » a tendu ses tentacules de preuve. Elle est organisatrice et l’unique bénéficiaire de tous les scandales d’enrichissement illicite. Elle gît sous le parapluie atomique du prince et en retour, la bande des compétiteurs en crimes économiques se constitue en un bouclier de défense et de propagande pour faire perpétuer la tyrannie à nos dépens.

Le bon sens qui nous guide nous ordonne à l’action incisive, à l’engagement ferme, à la solidarité vivifiante, agissante dans une lutte de libération. Notre mission est de l’ordre de la souveraineté de notre peuple et nous devons la défendre comme nos aïeux dans le combat émancipateur pour l’indépendance. A quoi sert une indépendance acquise, puis confisquée par une tyrannie locale ?

Tout ce qui nous reste en tant que peuple prêt à tricoter notre propre avenir, c’est de croire en nous, en la justesse de notre lutte, à la noblesse de notre combat pour transcender nos divergences accidentelles et nos velléités de repli sur nos chapelles qui, elles-mêmes n’ont pas d’avenir à mesure que nous cédons à des commérages proprement vains. Au podium de la demande nationale, notre répondant est l’honneur que nous faisons à notre communauté. La Coalition des quatorze partis de l’Opposition (C14) ne peut s’accepter descendre dans l’arène de la tauromachie et s’abandonner aux mauvaises langues qui, lui lancent dans des imprécations.

Qu’il s’agisse de nos organes du front comme Togo Debout, les artistes engagés, les organisations de défense des Droits humains, la ligne de défense solidaire donne le droit à l’accompagnement populaire de notre espérance.

2) Une lutte totale

Le libre choix des Togolais de se liguer contre la tyrannie est une grande responsabilité à l’échelle du citoyen d’ici et d’ailleurs. Malgré les embûches, les représailles barbares, l’étendue de l’état de siège, la permanence de la chasse a l’homme et la volonté manifeste d’étouffer par la force brute toute expression citoyenne, même les conférences de presse de la société civile sur la question togolaise, l’insurrection de notre conscience en tant que peuple ne peut pas choir sur le cratère de la bestialité. La force brute est la sépulture indécente à toutes les dictatures qui en use sans limite. Dans Les Mouches, Jean Paul SARTRE affirmait avec véhémence, expérience et conviction : « Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d’homme, les dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là »

Nous pouvons étendre l’analyse et dire qu’une fois la liberté a explosé dans l’âme d’un peuple, les dieux et les tyrans qui exhibent leur armada et leurs bourreaux ne peuvent plus rien contre ce peuple-là. Les Etats-Unis d’Amérique face au Vietnam, la France en Algérie et plus près de nous Blaise COMPAORE au Burkina ne nous démentiront pas.

Aujourd’hui, nous devons être conscients que notre puissance populaire a ligote proprement Faure GNASSINGBE sur le parvis de la CENI. Il n’a plus d’ordre à donner ou à espérer triompher par la rapine et la tragédie électorale, quoiqu’il en ait fait l’ancre de ses rêves de célébrité. Nous ne devons pas rester sur cette victoire monumentale, mais trouver des passerelles d’éclats pour un accompagnement torrentiel de la plus vieille et criminelle dictature d’Afrique jusqu’à sa chute. De notre engagement sans défaillance, nous donnerons des directives claires et sans ambiguïté à toutes les communautés d’hommes qui veuillent nous aider. L’initiative est d’abord nôtre. Partout où nous sommes à travers le globe, elle doit retentir sans le moindre assoupissement.

Aussi devons-nous avoir conscience que ce régime est dans son dernier retranchement, râlant de ses blessures, d’une hémorragie sans garrots posés sur ses veines sectionnées et sa nervosité n’est qu’une énergie du désespoir. Nous sommes a une étape de notre histoire populaire où il nous incombe l’impérative tâche d’amplifier nos actions, de diversifier les coups dans cette tauromachie à l’intérieur de l’arène que la tyrannie dynastique nous a imposée. Intégrons dans le psychisme de notre combat cette réalité livrée en ces termes par Antoine de SAINT-EXUPERY, dans Vol de nuit : « Dans la vie, il n’y a pas de solution, il n’y a que des forces en marche : il faut les créer, et les solutions suivent »

L’art politique ne se sert que des conjonctions. L’armée de répression de l’usurpateur qui ne supporte pas les manifestations contre son pouvoir contraint l’Opposition à ouvrir de nouvelles brèches de résistance dont l’optique d’un « Togo mort » le 18 juin 2018. Ce peuple mordu à l’alternance politique ne peut s’accepter l’indignité de l’inertie pour laisser sa destinée entre les mains des mafieux assis sur nos fontaines de richesses. Le flambeau de la résistance civile ne peut s’éteindre par le jeu insensé d’un étouffement. La résistance civile est légitime et inscrite dans notre Constitution. Bien menée, elle libère les peuples. André GIDE nous en apporte aussi la confirmation dans son Journal : « Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis »

Source : www.icilome.com