Le Togo s’attaque à une pollution 5 fois supérieure à la normale à Lomé

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1,4 million d’habitants de Lomé, la capitale du Togo, sont exposés à la pollution de l’air. Cette exposition est quatre à cinq fois supérieure à la norme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est de 10 μg/m3 (microgrammes par mètre cube d’air).

Tels sont les résultats de la première étude sur la pollution de l’air dans la capitale togolaise, effectuée entre 2019 et 2021 par un collectif de chercheurs de l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l’université de Columbia aux États-Unis d’Amérique et de l’université de Lomé.

D‘après le co-auteur Dan Westervelt de l’université de New-York, la réalisation de cette étude, même partielle, à Lomé vise à combler le déficit de données sur la pollution qui demeure pourtant un vecteur de mortalité dans le monde d’après l’OMS.

“Nous sommes en train de prendre des mesures visant à inciter les propriétaires de véhicules et motos à bien les entretenir afin d’éviter vraiment le mauvais fonctionnement qui engendre la pollution”

« Il existe très peu (ou pas du tout) de données sur la pollution de l’air à Lomé, bien qu’il s’agisse d’une grande ville. Nous avons donc voulu comprendre le degré du phénomène dans la ville afin de permettre aux autorités de mieux gérer, réguler et améliorer les niveaux de pollution dans la ville », confie-t-il à SciDev.Net.

Pour réaliser ce travail, Dan Westervelt a fourni cinq capteurs de qualité de l’air à l’équipe de chercheurs dirigée par le professeur Sabi Kokou du Laboratoire de chimie atmosphérique de l’université de Lomé. Il y a eu ensuite leur installation à différents endroits de la capitale avant de lancer la surveillance.

« Les résultats auxquels nous sommes parvenus montrent clairement que l’air est véritablement pollué à Lomé et il revient comme nous l’avons signifié aux autorités togolaises de prendre des mesures préventives pour mettre à l’abri la population », déclare l’universitaire new-yorkais. Parmi les sources de pollution de l’air se trouvent le gaz d’échappement des véhicules et des motos, la poussière des routes non pavées, la combustion des déchets et de carburant, les émissions de cuisson et les centrales à charbon.

A cela s’ajoute l’harmattan (un vent sec et poussiéreux qui souffle sur le Sahara entre décembre et février) qui a augmenté la concentration moyenne locale de PM 2,5 (particules fines) jusqu’à 58 % au cours des dernières années.

Interrogé par SciDev.Net, Tomgouani Kao de l’université de Kara dans le nord du Togo, spécialiste des sciences de l’environnement, apprécie cette première étude qui, en dépit des difficultés, suscite davantage d’interrogations sur la qualité de l’air ambiant externe dans la capitale et dans les autres villes togolaises.

« Si la sensibilité des appareils utilisés et les conditions à la fois d’utilisation des appareils et d’exploitation des résultats bruts ne souffrent pas de déficience, alors on peut dire que la qualité de l’air dans la ville de Lomé pendant l’harmattan, est en dessous de celle recommandée par l’OMS », dit-il.

Le spécialiste précise que même sommaire, l’étude interpelle les gouvernants pour qu’ils mènent des études approfondies sur la qualité de l’air urbain afin d’en avoir une appréciation précise.

Système d’atténuation

Les chercheurs ont d’ailleurs formulé des recommandations à l’endroit des autorités togolaises parmi lesquelles la mise en place d’un système d’atténuation de la pollution dans la capitale Lomé.

Il est à prévoir aussi un mécanisme d’alerte et de prévision de la qualité de l’air permettant aux populations en pleine croissance d’avoir des informations qui peuvent les aider à réduire l’exposition aux particules surtout pendant les périodes intenses d’harmattan.

Tomgouani Kao suggère que des stations performantes de mesures de qualité de l’air soient acquises et installées sur des sites préalablement bien choisis.

Par anticipation, des stratégies de réduction des émissions anthropiques devront être développées. Et, face à l’harmattan, il faudrait reboiser depuis la région des savanes (située à 650 km au nord de la capitale). Bien que le Togo ne dispose pas de ses propres moyens en matière de surveillance de la qualité de l’air, les autorités ne sont pas restées inactives sur la question.

Le ministère de l’Environnement et des ressources forestières officialisera bientôt un projet de suivi de la qualité de l’air qui permettra d’acquérir du matériel permettant de suivre régulièrement la qualité à travers les prélèvements de l’air et de donner des conseils aux populations.

« Nous sommes en train de prendre des mesures visant à inciter les propriétaires de véhicules et motos à bien les entretenir afin d’éviter vraiment le mauvais fonctionnement qui engendre les pollutions », explique Yao Merry, directrice de l’environnement dans ce ministère.

Des mesures incitatives sont également prises au niveau des services de la fiscalité pour supprimer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les véhicules électriques et hybrides dont le gouvernement encourage l’utilisation.

« Et, nous pensons que si la proportion de véhicules électriques devient importante dans la circulation au détriment des véhicules à essence, le problème de la pollution sera aussi réglé », assure Yao Merry.

Le Togo a rejoint en 2014 la Coalition pour le climat et l’air pur, avant de se doter six ans plus tard (2020) d’un Plan national de réduction de la pollution de l’air et des polluants climatiques à courte durée de vie.

Sa mise en œuvre complète entraînera une réduction de 67 % du carbone noir, une réduction de 70 % des particules fines et une réduction de 56 % du méthane d’ici 2040.

Source : www.scidev.net

Source : icilome.com