En face de moi, trône d’ailleurs une caricature, extraite il y a bien longtemps du New York Times. Bien longtemps, mais pas trop longtemps, même si le NYT a cessé de publier des caricatures…
Allons-y ! Disons que sur un tremplin de bonne hauteur citoyenne et pas du tout olympienne, 3 à 5 mètres, avant de sauter dans la piscine, de plonger dans l’eau en bas de lui, le bonhomme se tourne vers le sauveteur de service. La conversation est tout aussi simple, digeste, instructive que très caricaturale de la nature humaine:
– Est-ce dangereux? demande l’homme sur le promontoire, hésitant de plonger dans la piscine. Le surveillant maître de la piscine de lui répondre:
– Bien sûr (que c’est dangereux.) C’est pour ça que je suis là!
Voilà la situation de Faure Gnassingbé, parfaitement restituée. Hésitant depuis des années, cette hésitation est devenue une incapacité. Bien sûr que c’est pas aisé de sauter, pas facile de prendre de grandes décisions pour soi et pour les autres. Des décisions d’État, autres que débarquer à des funérailles, à des anniversaires ou rendre plusieurs visites au Pape au Vatican. De vraies décisions d’État comme quitter le pouvoir présidentiel usurpé depuis 2005; d’une manière ou d’une autre, quitter. Quitter comme partir et continuer sa vie autrement. Et cela peut se faire de mille et une manières. À Faure Gnassingbé, il y a et il peut y avoir une vie après le pouvoir.
Cela peut se faire surtout à hauteur de courage et de volonté de voir le Togo, son propre pays, passer à autre chose. C’est à ce tournant que se retrouve la République. Faure Gnassingbé doit intégrer cette réalité qu’il lui faut être un agent du changement politique incontournable au Togo que d’en devenir la victime. Lorsque l’on a totalement raté, et son entrée en scène et sa prestation, l’on a de choix que de soulever l’admiration et le respect du public en improvisant une sortie ingénieuse. C’est pour ça que le public est là: il n’a pas renoncé au théâtre en cours, il est resté jusqu’à la fin. C’est pour ça que NOUS sommes là, les citoyens, et particulièrement les Engagés de la République. Le Peuple togolais c’est le public maître et assistant. Une sortie de scène ingénieuse et surprenante de Faure Gnassingbé sera hautement saluée par ses compatriotes de partout, dûment accompagnée et soutenue par tous les Républicains, civils et militaires.
Le temps est venu. Le moment est propice pour passer le Togo à la République et à tous ses attributs de respect et de fierté. Sortir de l’anormalité et de l’insincérité des actes et des acteurs, de l’anachronisme et même du chaos dans lesquels la République ne peut continuer à se prélasser et se complaire.
Le Togo est mieux que ce que NOUS en voyons se mouvoir et lever un petit doigt de temps à autre. Le Togo est mieux que ça. Les Togolaises et les Togolais sont beaucoup mieux que ce que la caricature a fait de chacun, Faure Gnassingbé y compris. C’est pour cela qu’un sursaut d’orgueil doit permettre à Faure Gnassingbé, plus que tout autre, de s’armer de courage et d’audace afin de sauter de son tremplin pour regagner le Togo vrai dans la piscine de l’honneur, de la citoyenneté, de la République et du Grand Pardon. Un autre Togo doit naître, un Togo à Éthique républicaine pour chacune et pour chacun, un Togo de l’après.
Nous n’avons pas le choix. Nous en avons juste les moyens. Pendant qu’il est encore temps. Sortons de la caricature du Togo et de nous-mêmes. Tenons-nous-y ! Tenons bon !
PSA
Via : Liberté
Source : 27Avril.com