«Tout régime autoritaire cherche à s’équiper d’armes numériques invisibles pour espionner sa population, sa diaspora, ses voisins et des diplomates étrangers» (John Scott Railton)
Le Togo des Gnassingbé et la Corée du nord de la dynastie Kim se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Les deux pays sont les plus vieilles dictatures au monde. «Togo, petit pays de l’Afrique de l’Ouest, est dirigé depuis 1967 par la même famille et détient ainsi le record du plus long règne du même clan familial au pouvoir en Afrique. Il se hisse également au deuxième rang mondial après celui de la Corée du Nord», relevait le mouvement Tournons La Page (TPL) dans un rapport publié en novembre 2022.
Cela n’étonne guère que les deux frères siamois soient portés sur des pratiques hideuses décriées. Notre pays est de nouveau au cœur d’un nouveau scandale pour avoir ciblé deux confrères, Loïc Lawson et Anani Sossou, à travers le logiciel espion Pegasus, le mouchard de la société israélienne NSO qui est censé être destiné à la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité.
Mais cette arme numérique très sophistiquée est détournée de son objectif initial et utilisée contre des opposants, des acteurs de la société civile, des journalistes et même le clergé catholique, victimes de l’espionnage en série : leurs smartphones sont infectés par ce funeste Pegasus et pendant des semaines, leurs moindres faits et gestes, leurs conversations épiés à longueur de journée.
Le scandale lié à Pegasus avait éclaté en 2021 et provoqué l’indignation et la consternation de l’opinion. Selon Reporters Sans Frontières (RSF), une liste de 50 000 numéros de téléphones avait été potentiellement ciblée. On pensait que le régime avait mis fin à ces méthodes staliniennes désuètes. Que nenni ! Notre pays fait parler de lui à nouveau et de très mauvaise manière.
Le logiciel Pegasus est acquis à prix d’or, des dizaines de milliards de FCFA, pendant que les populations meurent de faim, n’ont pas accès à l’eau potable, à l’électricité, aux soins de santé, bref aux besoins élémentaires indispensables à leur survie. Plus curieux encore, pendant que le régime a dépensé des sommes folles pour sa lubie, pour le voyeurisme, il manquerait cruellement des moyens pour organiser des élections législatives au point que les députés dont le mandat est arrivé à terme le 31 décembre dernier, légifèrent en toute illégitimité.
Et c’est dans cette crise de légitimité qu’on apprend que certains députés « nommés » ont déposé sur la table de l’Assemblée nationale une proposition de loi portant révision de la constitution afin d’y introduire le mandat présidentiel à 7 ans et ainsi pérenniser le pouvoir de Faure Gnassingbé.
Outre Pegasus, il a été annoncé récemment un autre logiciel espion israélien tout autant nuisible, dénommé Toka, ayant la capacité de compromettre et de prendre le contrôle de divers types de caméras, incluant les caméras de sécurité, les caméras publiques, les caméras domestiques, et même celles intégrées aux téléphones portables.
Il ne sera pas surprenant que le régime togolais ait acquis cette autre arme numérique pour surveiller les Togolais. Plutôt que de s’atteler au développement du pays, on préfère dépenser plusieurs centaines de millions pour acquérir des technologies d’espionnage des populations. Voilà la dictature dans toute sa laideur !
Médard Ametepe
Source: Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com