« On n’a jamais le dernier mot avec les personnes de mauvaise foi ! » (Jean Dutourd). Dans la foulée du drame survenu à Margba dans la préfecture de Tône où 7 enfants qui revenaient d’un bal, ont été tués dans une « explosion », le chef d’Etat-major général des FAT a annoncé une enquête pour « élucider les circonstances exactes de cette explosion et identifier les auteurs ».
Quoi de plus normal puisque des voix s’élèvent pour réclamer vérité et justice. Même si dans les faits, certains estiment qu’il est plutôt du ressort du parquet militaire de diligenter une enquête. Dans la mesure où la tragédie implique le personnel militaire, les infrastructures, équipements et autres engins militaires.
Ceci étant, pour parler des enquêtes proprement dites, on sait quand et comment elles commencent, ces enquêtes, mais jamais quand elles se terminent. Des enquêtes, le régime en a ouvert une multitude dont on n’a malheureusement plus jamais entendu parler. Pendant qu’on y est, où en est-on avec l’enquête sur l’assassinat du Colonel Toussaint Madjoulba Bitala, officier supérieur de l’armée togolaise dont le corps gisant dans une mare de sang a été retrouvé dans son bureau au petit matin du 04 mai 2020, quelques heures après l’investiture de Faure Gnassingbé à laquelle il venait d’assister ? Plus de 26 mois après, il règne un silence pesant. L’enquête ouverte pour faire toute la lumière sur cet odieux assassinat n’a pas rendu ses conclusions.
On se rappelle qu’au lendemain de la découverture du corps de cet officier supérieur des FAT, le procureur de la République d’alors, Essolizam Poyodi s’était empressé d’annoncer l’ouverture d’une enquête. « Les faits incriminés s’inscrivent dans un concert criminel complet dont-il conviendra d’identifier la chaîne des complicités et le mobile », avait-il précisé, annonçant au passage que des « moyens humains et matériels très importants ont été mobilisés » pour identifier le ou les assassins du commandant du 1er bataillon d’intervention rapide (BIR).
Une commission d’enquête a été mise en place par Faure Gnassingbé, dirigée par le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, Général Yark Damehame. Entretemps, des expertises balistiques réalisées par la France et le Ghana ont conclu que le Colonel Madjoulba Bitala avait été assassiné avec sa propre arme, un revolver de marque Beretta. Dans la foulée de ces résultats, le juge en charge de l’affaire a lancé une commission rogatoire dans le but de faire auditionner plusieurs militaires. Depuis, plus rien. Deux ans après, personne n’est en mesure de révéler aux Togolais les commanditaires et les auteurs du meurtre du patron de la BIR.
D’une enquête à une autre, celle annoncée au lendemain des incendies criminels des marchés de Lomé et de Kara n’ont toujours pas abouti. Neuf (09) ans après. On se rappelle, dans les nuits du 9 au 10 janvier et du 11 au 12 janvier 2013, des incendies ont ravagé les marchés de Kara et de Lomé, causant d’importants dégâts matériels et semant la désolation parmi les commerçants et leurs proches.
Dans la foulée du sinistre, le pouvoir togolais avait procédé, sur la base d’accusations calomnieuses, à une vague d’inculpations et d’arrestations au sein des responsables et des militants des partis politiques de l’opposition. En tout, 43 personnes, toutes des militants de l’opposition avaient été arrêtées juste au lendemain des incendies, c’est-à-dire le 13 janvier, inculpées d’association de malfaiteurs et destructions volontaires par incendie. Des personnes qui seront libérées après des mois passés dans les geôles de la dictature.
Les enquêtes annoncées pour déterminer les causes des incendies et identifier les véritables auteurs dorment toujours dans les placads. Aujourd’hui, une autre enquête sur le drame de Margba vient se greffer sur celles de l’assassinat de Madjoulba et des incendies des marchés, pour ne citer que ces deux faits majeurs. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il est certain que cette énième enquête sera passée par pertes et profits.
Médard AMETEPE
Liberté Togo
Source : icilome.com