Le Togo et l’illusion du progrès

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« Une seule panse repue ne peut suffire pour conclure qu’un peuple est heureux, et le pays, très beau» (Proverbe togolais)

Malgré la conjoncture économique, les Togolais peuvent s’estimer heureux. Le pays a fait un énorme bond en avant. Du moins, c’est ce qu’a laissé entendre la présidente de l’Assemblée nationale, dame Yawa Djigbodi Tsegan. Elle a salué les progrès réalisés par le Togo et loué l’heureux aboutissement de l’année académique 2021-2022, l’amélioration des prestations dans le domaine de la santé avec à la clé, le certificat de reconnaissance décerné au Togo pour l’élimination de quatre maladies tropicales négligées, l’amélioration du climat des affaires, le contrôle des finances publiques et l’amélioration du secteur privé. « Nous devons avoir le courage de parler de ce que nous savons, de nous tenir ferme pour la vérité et d’admettre que notre pays avance », a martelé la présidente de l’Assemblée nationale.

Dame Yawa Djigbodi Tségan rejoint ainsi son patron qui affirmait au détour d’une tribune signée dans le magazine panafricain dans lequel il s’enthousiasmait que le Togo a changé de paradigme dans la stratégie de développement, source de progrès.

Mais pourquoi ces progrès et changements positifs dont on se vante tant ne rejaillissent pas dans le quotidien des Togolais ? Normalement, une meilleure visibilité dans le sens de la gouvernance du pays et les résultats encourageants enregistrés devraient se traduire par l’amélioration du niveau de vie des populations, leur mieux-être, le recul de la pauvreté, une réduction sensible du chômage. Et surtout une meilleure répartition des richesses entre les classes sociales.

Jean-Baptiste Placca disait que lorsque qu’un peuple est heureux, les citoyens montrent facilement un certain enthousiasme, lorsqu’ils se plaisent dans leurs activités quotidiennes, lorsqu’ils aiment leur vie. La plupart se surpassent alors dans le travail, et cela se lit dans les regards, parce que chacun a la certitude que ses efforts sont reconnus et appréciés à leur juste valeur.

Peut-on affirmer la même chose des Togolais ? Absolument pas. L’indice de développement n’a connu aucune amélioration. Encore moins l’indice du bonheur. Les inégalités sociales en matière de santé, d’éducation, d’accessibilité à l’eau potable, à l’assainissement, à l’énergie, au travail, à l’emploi, etc. sont criantes et n’ont de cesse de s’accentuer.

De plus, la grande majorité des Togolais sont appauvries et affamées par plus de cinq décennies de gabegie. Et à la pauvreté endémique qui sévit dans le pays, sont venus se greffer les effets conjugués de la pandémie du Covid-19 et le conflit russo-ukrainien de sorte que la vie est de plus en plus chère et les Togolais, socialement et économiquement sinistrés. L’inaction du régime face au phénonmène de la vie chère rend difficile le quotidien des populations et les pousse à la désespérance.

Sur le plan politique, le système en place brime et écrase les citoyens. Aux interdictions systématiques de manifestation publique s’ajoute un climat nocif pour les droits humains. Des leaders et activistes politiques et des défenseurs des droits humains sont arrêtés et jetés en prison pour leurs opinions. Une centaine croupit depuis des mois dans les geôles de la dictature.

En 55 ans de pouvoir absolu, sans alternance politique possible, les dégâts sont énormes et les souffrances incommensurables au point où le Togo a pris un retard considérable sur ses voisins immédiats. Faire croire que le Togo avance relève de l’imposture.

Médard Ametepe

Source: Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com