« Un régime qui est despotique, arbitraire et sans foi ni loi, peut facilement détruire le développement » (Jeffrey Sachs)
Faure Gnassingbé et ses apparatchiks rêvent de l’émergence du Togo. Ils le clament haut et fort. Une multitude des programmes de développement et projets sont lancés à grands renforts de publicité. Sans résultats probants. Le Professeur émérite, Yao Assogba, diagnostique les raisons de cet échec. « Le développement n’est pas la cause, il est la conséquence de la démocratie », affirme-t-il. .
Toutes les études le montrent, la démocratisation et le processus de développement socioéconomique d’un pays vont de pair. Les grands défenseurs de l’idéal démocratique s’inscrivent dans cette dynamique en faisant de la démocratie une condition à tout développement économique. Pour eux, il ne peut pas y avoir de développement sans démocratie préalable. Nos gouvernants n’ont malheureusement jamais intégré ce paramètre pour l’atteinte de leurs politiques de développement.
« Il n’y a pas de développement sans démocratie », avait lancé l’ancien président français François Hollande à Paul Biya lors d’une visite à Yaoundé. Justement dans les pays comme le Cameroun, le Togo et d’autres encore comme l’Ouganda, relève Marobe Wama, chercheur à l’institut pour la gouvernance et les sciences humaines et sociales à Yaoundé, les élites politiques ont bloqué le processus d’une véritable démocratisation. « Ainsi, des élections défectueuses, des partis politiques faibles, des organes judiciaires et législatifs au rang de figurants, des commissions électorales partiales et des organisations de la société civile faibles ne peuvent créer aucun changement ».
Dans le lot, le Togo est la plus vieille dictature en Afrique où une seule famille règne sans partage depuis 55 ans. Pourtant le pays n’est pas une monarchie mais bien une République. Le système et le jeu politique sont tellement verrouillés que le rêve d’une alternance démocratique est quasi-impossible. Un système qui a duré aussi longtemps charrie avec lui forcément la mauvaise gouvernance chronique, la corruption, les crimes économiques, l’impunité, etc. toutes choses qui freinent ou détruisent le développement. Tout autour de nous, les pays enregistrent d’énormes progrès, mais le Togo demeure la 5ème roue du carrosse.
De l’avis des experts, pour que la démocratie garantisse le développement, la bonne gouvernance est indispensable, avec l’implication des citoyens dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et des programmes qui les affectent par le biais de leurs représentants. Ensuite viennent la séparation des pouvoirs et l’institutionnalisation des contre-pouvoirs au sein de la classe dirigeante et entre gouvernants et gouvernés. S’y greffent d’autres ingrédients essentiels comme la pluralité, des élections régulières libres et équitables, des contrôles et des contrepoids, indépendance judiciaire, état de droit, reddition des comptes, transparence, etc.
Sauf qu’au Togo, les populations n’ont pas de représentants, l’Assemblée nationale étant monocolorisée, les élus locaux réduits à de simples marionnettes de de Danaye Kanlanfeï. De plus, l’Etat est patrimonialisé, les contre-pouvoirs étouffés, la justice caporalisée, les inégalités sociales criardes, les lois de la République balafrées et violées. De fait, les populations qui n’ont jamais eu voix au chapitre, ne ne sentent pas concernées par les programmes élaborés en leur nom. L’échec n’est pas loin.
Médard Ametepe
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com