«… La jeunesse a commencé à comprendre son rôle ; et les dynamiques multiformes qui émergent au pays comme dans la Diaspora, préfigurent des jours glorieux à venir » … dixit Dany Ayida dans son nouveau livre « Togo: le Prix de la Démocratie: faits et méfaits d’un processus politique raté ». L’auteur, sans concession, pose une question de fond interpellatrice dont la réponse est un diagnostic cinglant du statu quo que connaît le Togo depuis ces 25 dernières années: « pourquoi c’est seulement dans ce pays que rien ne change ? » Par ailleurs, parmi les points saillants de cet essai à paraître en Avril 2017, on peut lire:
« Les deux premiers mandats de Faure Gnassingbé ont été consacrés à des opérations d’endormissement de la population. Après avoir eu le ralliement de quelques anciens opposants, le parti UNIR a travaillé à saper l’opposition politique. L’institution « Chef de file de l’opposition », animée par Jean-Pierre Fabre de l’ANC n’est qu’une coquille vide … Elle a été conçue au Togo comme un « piège à con » ; et c’est à peine qu’elle sert d’épouvantail pour son animateur, lequel n’a cure de se soumettre aux pratiques de la République qu’il veut combattre ….
Le peuple est pris en étau, entre un gouvernement plus que jamais détestable et une opposition méprisable pour son amateurisme (et la grandiloquence pour le moins obtuse) de quelques uns de ses dirigeants. Comme cela arrive dans de pareilles circonstances, on entend des voix réclamer un nouveau leadership. Mais aucun changement ne peut s’opérer par génération spontanée. Et les vrais maux qui minent l’opposition au Togo se trouvent dans les rangs de ceux et celles qui se réclament de cette catégorie de la classe politique….
La HAAC fait partie des institutions dont la réforme est réclamée par l’opposition politique. Le comportement du régime UNIR montre qu’il n’est pas disposé à satisfaire à ces exigences. Comme le RPT dans les années 90 et au début des années 2000, Faure Gnassingbé et son parti tentent de ruser. Ce parti qui a mis fin à tout dialogue avec son opposition, ne démontre aucune volonté au niveau de l’Assemblée nationale et foule aux pieds les quelques rares libertés publiques acquises de haute lutte…
Le danger qui guette au Togo, au-delà de la dictature régénérée et de l’opposition inefficace, c’est le nihilisme mesquin que l’on observe encore sur les fronts politiques et sociaux. Il s’agit d’une manifestation de ce que j’ai commencé à appeler « la crise de la pensée » au début de ce livre. Elle s’est beaucoup exacerbée depuis quelques temps: la société a généré beaucoup d’avatars noyés dans des ambitions inconciliables. On eût dit qu’à force d’avoir eu affaire avec des dirigeants incompétents, le pays en est venu à produire d’innombrables individus qui, en dépit de toutes leurs faiblesses évidentes, se croient capables de prendre la tête du pays… Les diasporas togolaises sont en détresse avancée, pendant que la société civile éprouve d’énormes difficultés à représenter et défendre les intérêts du peuple. Elle n’assure plus l’essentiel de ses fonctions. Beaucoup d’organisations ne sont plus dans le rôle de contre poids; mais dans celui de collaborateurs consentants de l’Etat…
Les Togolais manquent d’espace pour réfléchir et concevoir ensemble des projets communs. Ils manquent de voies pour porter leurs légitimes ambitions, stratégiquement et durablement. Ils n’ont pas accès aux informations les plus utiles pour s’engager dans une dynamique qui transcende les clivages persistants. La transformation de la société togolaise se heurte à ces paradigmes contre lesquels les leaders aux commandes comme dans l’opposition semblent désarmés…
En dépit de ce climat, l’espoir n’a jamais été aussi grand au Togo, de réaliser l’alternance politique. Ce changement qui est possible ne serait viable que s’il rassemble au-delà des familles politiques telles qu’elles apparaissent sur l’échiquier. La jeunesse a commencé à comprendre son rôle ; et les dynamiques multiformes qui émergent au pays comme dans les diasporas, préfigurent des jours glorieux à venir. La peur fait place à une nouvelle forme d’engagement patriotique. Les murs de la division s’ébranlent doucement pour laisser place à une nouvelle conscience, celle qui interpelle à l’action, pour plus de dignité sur la Terre de nos Aïeux !…
Et l’auteur de faire une comparaison qui singularise négativement le Togo dans la sous région : « L’alternance démocratique est devenue une tradition en Afrique de l’Ouest. Parmi les 15 pays de la CEDEAO, 14 ont connu une alternance les dix dernières années, à l’exception du Togo. Ces changements qui se produisent dans les pays anglophones, francophones comme lusophones sont l’aboutissement de processus électoraux qui deviennent de plus en plus ouverts, transparents et pacifiques. Dans la plupart de ces pays, les partis politiques au pouvoir sont plus enclins à défendre leurs politiques et programmes, qu’à user de manœuvres frauduleuses pour se maintenir au pouvoir. Le Togo est à la barre : pourquoi c’est seulement dans ce pays que rien ne change ? »
Kodjo Epou
Washington DC
USA
27Avril.com