Du côté de la cour constitutionnelle aux ordres, le miracle n’aura pas eu lieu. Mais il y avait peu d’espoir que Monsieur Assouma, après avoir, plusieurs décennies durant, pour son ventre, enterré sa dignité et rampé sous les culottes de la famille et du régime Gnassingbé, revienne à de meilleurs sentiments pour enfin dire le droit. On ne devient pas tout à coup héros, si à la place du cœur, il y a une pierre.
Et ceci vaut également pour tous ces magistrats, pour la plupart grands-pères de famille, qui ont souillé par leur comportement, ce métier noble et respectable que devrait être celui du défenseur de la veuve et de l’orphelin. Les Togolais sont-ils donc devenus fous pour voter à plus de 70% celui qui les fait emprisonner pour un oui ou pour un non?
Celui qui privatise et tribalise l’armée nationale pour en faire la branche armée de son association de pilleurs dénommée UNIR? Celui qui fait assiéger militairement des préfectures entières, malmener et pourchasser les populations; fait kidnapper et jeter en prison de paisibles citoyens ?
Dans les pays normaux où le citoyen est au centre de l’action des dirigeants, ces derniers sont librement choisis à travers des élections libres et transparentes. Et pour solliciter le suffrage de ses compatriotes, le postulant à un mandat quelconque dans ces pays-là, doit faire valoir de quoi il est capable, ou à défaut présenter un bilan acceptable qui lui permet d’espérer être élu.
Au Togo, depuis des décennies les élections constituent une formalité pour les tenants du pouvoir pour toujours rester en poste; car de toutes les façons le scrutin sera manipulé sous plusieurs formes. Et les élections présidentielles de février 2020 n’ont malheureusement pas échappé à cette règle.
Bourrages d’urnes au vu et au su de tout le monde, expulsion des délégués de l’opposition des bureaux de vote, violence exercée sur ces derniers sous le regard complaisant des forces de l’ordre, votes illégaux dans des domiciles privés pour le compte du candidat du pouvoir.
Beaucoup d’autres irrégularités, ayant pour but de favoriser Faure Gnassingbé, relayées par plusieurs témoins, furent constatées. Pour la CENI d’abord, et la Cour Constitutionnelle de la honte du Togo ensuite, c’est R.A.S (rien à signaler). Faure, qui constitue aujourd’hui le cauchemar des Togolais, peut continuer à se faire appeler président du Togo. Alors que dans tout le pays c’est la misère ambiante, c’est des écoles qui n’existent que de nom, des hôpitaux où on va pour mourir, au lieu d’être soigné.
Des salles de classe à l’ombre d’un arbre, des écoliers assis sur des morceaux de brique ou à même le sol sous des paillotes de fortune. Des hangars construits à la hâte par les villageois servent de bureau pour le directeur de l’école ou du collège et de salles des professeurs. Un enseignement administré au gré du temps qu’il fait; car, quand la tornade s’annonce ou quand il commence à pleuvoir les enfants sont obligés de rentrer chez eux.
À voir ces images, on se croirait dans un camp de réfugiés quelque part en Afrique. Mais nous sommes bien au Togo en plein 21e siècle. Certes, cette situation de précarité ne prévaut pas partout dans le pays, mais à plusieurs endroits sur toute l’étendue du territoire. Là, on sent la démission de l’état, des citoyens laissés à eux-mêmes, abandonnés à leur propre sort.
Pourtant dans certaines de ces contrées, on rencontre des barons du régime de dictature qui ont volé l’argent de tout le monde et sont devenus milliardaires. En toute impunité! C’est la même image de désolation dans les hôpitaux et autres centres de santé du pays. Combien de Togolais et Togolaises meurent régulièrement dans les couloirs de ces mouroirs sur des brancards d’un autre âge, faute d’argent pour couvrir les frais des premiers soins?
Combien meurent sur des tables d’opération ou après l’opération à cause du matériel manquant ou défectueux, ou du manque de soins adéquats? Nos médecins, malgré leur bonne volonté, malgré leur bonne formation, sont obligés de travailler avec les moyens archaïques à leur disposition, tandis que leurs promotionnaires dans d’autres pays d’Afrique et en Europe exercent avec du matériel de première qualité.
Au lieu de travailler pour le bien-être du peuple, les dirigeants auto-proclamés ont plutôt choisi la division, une gestion tribale et clientéliste du pouvoir. Et c’est à de tels dirigeants prédateurs que les Togolais auraient une fois encore accordé leur confiance pour cinq nouvelles années, selon les membres de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, deux institutions de la République au sein desquelles la morale, la dignité et surtout le patriotisme sont des mots creux.
Agbéyomé Kodjo, le vrai vainqueur des élections continue à se battre avec son équipe pour que cette fois-ci, le régime Gnassingbé, habitué à tuer et à voler, accepte que toute chose a une fin, et remette le pouvoir qu’il ne mérite pas.
Dans cette crise post-électorale, nous aurions voulu que tous les Togolais démocrates s’investissent pour que la traversée du désert qui dure depuis un demi-siècle, prenne fin.
Nous aurions souhaité que tous nos leaders de ce qui reste de l’opposition togolaise, candidats à ces élections ou pas, se retrouvent en une union sacrée aux côtés du vainqueur Agbéyomé Kodjo pour mener la lutte qui doit nous interpeller tous.
La dictature prospère parce que nous sommes divisés; Faure Gnassingbé s’entête parce que nous sommes trop repliés sur nos petites chapelles. Ici le passé de Monsieur Agbéyomé Kodjo ne compte plus. Ce qui compte, c’est comment faire partir le système politique Gnassingbé dont la dangerosité n’est plus à démontrer; et nous sommes à un pas de ce but tant convoité depuis des décennies. Il suffit d’accentuer la pression. Le régime Gnassingbé sait qu’il est dans l’illégalité.
Les kidnappings de Togolais continuent. Il y a quelques jours un jeune homme qui était à son lieu de travail à Sokodé fut emmené manu-militari par des individus en civil. À Lomé un jeune père de famille et quelques Imams furent kidnappés en début de semaine; en concluant l’article, nous venons d’apprendre qu’un jeune Togolais est arrêté ce jeudi à Guérin-Kouka; son tort: avoir battu campagne pour Agbéyomé Kodjo.
Et n’oublions pas les dizaines de prisonniers du Parti National Panafricain (PNP), et ceux embastillés dans l’affaire Taïga qui croupissent en prison dans des conditions inhumaines.
Si un régime qui nous parle de démocratie et dit avoir brillamment gagné les élections, continue à se livrer à ce genre de violence sur ses concitoyens, il n’est pas difficile de deviner ce qui nous attend si Faure Gnassingbé arrive vraiment à s’installer durablement au pouvoir.
Samari Tchadjobo
Source : Togoweb.net