Selon une récente analyse du Fonds Monétaire International, le système bancaire togolais souffre d’une large exposition des banques commerciales locales aux risques souverains. Profitant d’une facilité de refinancement auprès de la Banque Centrale (BCEAO), des taux directeurs accommodants et des rendements moyens à 5,1%, ces banques ont largement investi sur les obligations et les bons du trésor togolais.
De 5% en l’an 2000, le portefeuille des titres et effet publics, représentait à la fin de l’année 2016, 15% des actifs de l’ensemble des banques au Togo. A cela il faut ajouter un ensemble de préfinancement que le secteur a accordé dans le cadre de certains projets d’infrastructures.
Or, comme c’est le cas pour de nombreux pays africains, le Togo souffre aujourd’hui d’une envolée de son déficit public, face à la pression de la demande sociale en infrastructures et en services publics et à une baisse des revenus budgétaires, liée en partie au repli des importations dans la CEDEAO. Dans ce contexte, la dette publique représentait en fin 2015, près de 61,9% de la somme des valeurs ajoutées (PIB) créées par le pays.
A côté du risque souverain, les 13 banques togolaises doivent aussi faire face à plusieurs autres défis. Deux d’entre elles qui sont des banques d’Etat (Union Togolaise des Banques et Banque Togolaise pour le Commerce et l’Industrie) et qui représentent 20% du système bancaire du pays, sont actuellement en défaut avec l’exigence sous régionale de 8% du ratio de solvabilité minimal.
La faiblesse structurelle du secteur interpelle car l’ensemble des 13 banques commerciales opérant au Togo affiche un ratio de solvabilité de seulement 3,8%, contre une moyenne de 11% dans la zone UEMOA. Le gouvernement a récemment annoncé le lancement d’un processus de fusion des deux banques d’Etat, le processus est à suivre.
L’autre défi auxquel fait face le secteur bancaire togolais est la forte concentration des crédits accordés à l’économie. 35% du portefeuille des prêts sont donnés au secteur de la grande distribution, qui lui-même est dépendant des revenus d’exportation en baisse. Le deuxième secteur bénéficiaire, à hauteur de 22%, est celui des infrastructures publiques.
Dans un tel contexte, l’encours des créances douteuses de ces banques s’est envolé et atteint aujourd’hui 20%, contre une moyenne de 15% au sein de l’UEMOA.
Conscient du problème, le gouvernement du Togo explore les voies et moyens pour restaurer une plus grande sécurité dans le système bancaire. Il a sollicité le FMI pour l’accompagner dans ce processus et a déjà obtenu un accord pour un programme économique qui sera financé à hauteur de 241,5 millions $. Mais l’institution de Bretton Woods conseille aussi au gouvernement de renforcer la consolidation budgétaire (augmenter les impôts ou accroître la pression fiscale) et d’inverser la courbe de son endettement. Deux solutions très difficiles à mettre en œuvre, dans le contexte des ambitions d’émergence du pays.
Rappelons que, même si le secteur bancaire togolais fait face à des défis, la situation n’est pas la même pour l’ensemble des banques. De plus, le Togo continue d’être le siège de deux groupes bancaires africains d’importance, à savoir Ecobank, présent dans près de 38 pays, et Orabank qui continue de tisser sa toile sur le continent.
Idriss Linge
Agence Ecofin