« On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par l’échec ». De ce proverbe chinois rapporté par Charles PEPIN, dans « Les Vertus de l’échec », on peut penser que les recalés des compétitions ou ceux qui n’ont pas le gain de la victoire reprennent toujours conscience d’une meilleure préparation pour trouver le meilleur pied d’appel dans les compétitions à venir. Mais, sous les tristes tropiques, et plus particulièrement en Afrique où la rapine électorale et la criminalité politique font l’ancre de succession des potentats et leur suite, les meilleures leçons de l’Opposition semblent contredire dans la durée le sens de l’effort qui fait les forts.
Le répertoire des consultations populaires en Afrique est si lugubre en vérité des urnes que les dynasties et les faux-monnayeurs de la démocratie ne respectent rien encore moins, les suffrages exprimés souverainement de leur peuple. Les traficotages gangstériques sont une ritournelle des horreurs, des violences post-électorales.
Qu’il s’agisse du Gabon, de Congo-Brazza, du Tchad, du Burundi, du Cameroun, de l’Ouganda, du Soudan, de la RDC et de l’exclusivité choquante du cas du Togo en Afrique de l’Ouest, à l’intérieur de l’UEMOA et de la CEDEAO, les crimes électoraux et les forfaitures font de ces peuples les damnés d’Afrique. Dans ces républiques des malheurs électoraux, les résultats économiques se grispent, la question sociale vacille, l’immoralité est envahissante, le civisme est guillotiné, la corruption est tentaculaire…
Dans toutes les républiques où la valeur de la justice et l’esprit de vérité sont cruellement renversés, les faussaires de la République s’enferment dans la stratégie du chaos ou dans un gouffre des fractures et des démolitions. La nuit noire qu’ils entretiennent prend en otage l’avenir des citoyens.
Les pays des tragédies électorales procèdent par des institutions postiches. Ils ne savent pas offrir de petits bonheurs à leur peuple, parce qu’il manque à leurs dirigeants le sens de l’honneur et le respect de la personne humaine. Tous ceux qui les accompagnent dans leurs effractions, dans leurs rapines à l’intérieur des frontières comme à l’extérieur, n’ont que misère de l’esprit.
Les cantates électorales couvertes par les prestidigitateurs de ces machins de CENI, incapables de simples calculs arithmétiques, ont perverti le sens de la République et des suffrages pour ruiner la confiance des peuples.
Ce à quoi nous assistons au Togo sous le règne du père et du fils a visiblement ses répliques en RDC, au Gabon pour faire dérouler les actualités dans un écheveau de honte pour l’Afrique.
Comment les peuples violés, volés, spoliés par les nationaux peuvent-ils consentir à respecter leurs dirigeants, à intégrer les lois qui font la République dans leur quotidien ?
Ne sont-ils pas condamnés à l’insurrection civique de leur propre conscience et à une résistance qui met en lambeaux la concorde civile indispensable au progrès économique, social, politique, culturel ?
1)Les sombres records des nominations des élus du Togo
Les nominations des députés au Togo datent de la politique fantaisiste d’Eyadéma qui n’a jamais été élu au Togo au même titre que son fils qui l’a succédé dans le sang, avec les mêmes pratiques aggravées, qui n’osent construire la vie politique et sociale sur les bases saines du mérite, de l’effort, de la compétence et des valeurs. Il est naturellement plus facile de faire ce que l’on est que d’imiter les vertus encombrantes lorsqu’on s’identifie dans ses choix et actes aux pauvres esprits de l’histoire.
Le champ politique de la perversité, du viol et du crime se couvre de non-sens et d’inventions farfelues, d’un linéaire banditisme politique où les véreux se piquent l’imaginaire de puissance, parce qu’ils sont sûrs de leurs mitraillades pour faire reculer le feu de l’adversité populaire contre eux.
Le monde a été témoin d’un affolement du régime de Faure le 20 décembre dernier à la suite du refus cinglant des Togolais de se voir mêler à la prestidigitation électorale. Le déferlement des fusils d’assaut lors des législatives dernières où la Coalition des quatorze partis politiques de l’Opposition a appelé les populations à rester chez elles et le succès indéniable de ce boycott passif appellent à comprendre fondamentalement la fébrilité légendaire d’un régime qui s’est assis sur des échassiers en brindilles et ne peut se proposer une démarche électorale quelque peu démocratique au risque de s’écrouler. Même les forces de défense et de sécurité ne sont pas dupes des farces de remplissage électorales et leur grande fidélité à l’abstention le 20 décembre dernier renverse toutes les certitudes béates des derniers aveugles du Togo.
Le « Timoniertricule » et sa suite, gonflés de superflu ont vu leur diversion électorale se perdre dans les méandres du doute et des inquiétudes troublantes. Les faussetés criardes secrètent des malaises virulents quand elles n’emballent personne, même ceux que l’on prend pour des gueux.
La dimension proverbiale d’une CENI aux ordures est sous le feu du mépris et ceux qui ont été parachutés à l’hémicycle savent ce qu’ils représentent dans l’expression populaire pour se vanter de quoi que ce soit. Dans la prison de leur conscience, ils ne pèsent pas plus qu’une feuille de papier pour prétendre parler au nom de la collectivité nationale. Dans la chapelle du faux, le hiatus intérieur avec le peuple du Togo semble confiner les députés du scandale à un dessèchement de la personnalité au même titre que leur champion, souvent copieusement arrosé de cris de dédain au point de préférer à l’étranger des portées dérobées pour une auto-évacuation de l’indignité.
L’éthique politique est bien une puissance qui édifie le règne du méritant. Celui qui n’a jamais remporté une seule présidentielle sur trois mandats n’a aucune élégance administrative et morale à montrer pour susciter le principe d’exemplarité. Le progrès à rebours du clan GNASSINGBE est une marque déposée dans les sciences politiques. Tout part de l’esprit des hommes et tout revient à l’esprit. Celui qui se complaît dans la substitution du gagnant des élections de 2005 et qui vante les mérites déloyaux de son père demeure dans les catacombes de l’esprit politique. Il ne peut qu’organiser ce qui ressemble à tout, sauf à une consultation populaire.
Qui peut s’embourber dans les parjures et luire d’honnêteté ou tout au moins la susciter, en être une source d’inspiration ?
L’autorité périt de ses monstruosités nauséeuses. On a bien vu dans ce pays les crachats qui ont accompagné Eyadéma jusque dans sa tombe et le fils n’a pas assez d’âme pour mieux faire que le père, surtout à une époque autre en ses mœurs. Le jeu de nominations des députés a ouvert les yeux de tous les Togolais sur les dernières célébrités dont le « Timoniertricule » est stationnaire. Les performances du « prince » n’échappent plus aux esprits simples qui ont voulu l’accompagner. Il n’y a aucun chef d’Etat d’Afrique dans l’ouverture démocratique qui ait fait deux mandats sans les municipales ou les élections locales. Antoine de SAINT-EXUPERY écrivait à juste titre dans Citadelle : « N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour l’éternité »
2) La mort de la République
Les républiques meurent de leurs scandales à répétition, de leurs crises successives autant de leurs dirigeants qui ne sont pas prompts à observer la justice, le sens de mérite et les valeurs qui les élèvent à leurs tâches. Les grandes réussites des peuples ne sont que dans les émanations conceptuelles et actives qui expriment la qualité des leaders. Les dirigeants tricheurs, voleurs, prédateurs étalent leurs tares et leurs vices à l’échelle de l’espace de leur règne. Si nous passons des décennies en refoulant les élections locales, il faut bien se convaincre que nos leaders s’évertuent à détruire les communautés de bases, les collectivités locales au point que les citoyens eux-mêmes se privent de civisme et de leurs devoirs. Ils sont à l’image des prédateurs qui ont mis la main sur la fortune du pays sans un soupçon d’éthique, de morale et d’humanité.
Aujourd’hui, beaucoup de nos concitoyens séniors ont de la peine à apprécier positivement et à reconnaître le type de Togolais que le clan GNASSINGBE a enfanté en cinquante-deux ans de pouvoir. Et l’autre côté de la question, c’est le ridicule d’éducation civique et morale que les gangsters de la République, les usurpateurs ont cru devoir s’encombrer pour un habillage de responsabilité à orienter la jeunesse. Il n’y a de pédagogie que par l’exemple pour forger l’esprit national.
Par-dessus nos frontières de l’Ouest, nous avons assisté à un «Ghana is back» par un leader, meneur d’esprit révolutionnaire pour réhabiliter la politique et le ghanéen. La perception que nous avons à présent de nos voisins proches résulte de la grandeur de Rawlings qui a initié l’homme nouveau, le citoyen nouveau par de constantes œuvres d’exemplarité. La grandeur de tout un pays est parfois d’un seul tenant, d’un seul leader de clairvoyance exceptionnelle. Quand la politique du mérite est sur les rails, la confiance dans les institutions s’impose avec l’accompagnement populaire des politiques de développement.
La destruction de la confiance du citoyen dans les institutions obstrue le sentiment de fierté nationale sans lequel s’étiole la citoyenneté, sa puissance entraînante dans la synchronie du mouvement d’ensemble qui porte les républiques et les collectivités vers de gigantesques progrès pour répondre aux défis que crée le vivre-ensemble.
Tout le Togo est sur les béquilles de nos débilités politiques. Nous avons passé le temps à jeter nos ordures électorales à la face du monde au point que le monde nous méprise et rompt avec nous de sa convivialité à créer avec nous l’aventure humaine, une intégration de Concorde qui donne une audience au pays individuellement.
Au tournant des législatives du 20 décembre, nos performances immorales et nos comptabilités insensées de remplissage politique nous ont à nouveau creusé une caverne où se consument loyauté, vérité, raison, compétence, honneur, dignité, intelligence, éducation, respect les uns pour les autres. Ceux qui, au fond d’eux-mêmes, savent mieux que quiconque qu’ils ne sont pas des élus du peuple, n’ont que mauvaise conscience.
Or, on ne fait rien de sérieux avec la mauvaise conscience, parce qu’elle n’a pas vocation à féconder l’esprit pour susciter l’espérance. Tous les Togolais ont assisté à ces débuts d’avaries conceptuelles où des députés nommés ont initié honteusement un acte d’effraction de notre Constitution en tentant de faire substituer leur règlement intérieur à la Constitution. Les hommes défaits d’éthique, de morale et des valeurs n’ont que d’étrangeté à servir. Ce n’est que le début!
Source : www.icilome.com