Le « rêve » du gouvernement togolais d’exploiter le potentiel maritime sans moyens adéquats !

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Il y a quatre ans déjà que le sommet sur l’économie bleue s’est tenu au forceps à Lomé. Des sommes folles avaient été dépensées pour paraître. Mais depuis, le pays est toujours dépendant des importations en ressources halieutiques. Tout simplement parce que la priorité des autorités n’est pas pour le développement de moyens pour exploiter l’océan qui borde la côte togolaise. Et pourtant, il existe même une préfecture maritime et récemment, un ministère dédié vient d’être créé. Que des paroles et promesses qui, à l’heure du bilan, produiront peu ou point de résultats.

Dans tous les marchés du Togo, il existe des petits poissons et crevettes fumés ou séchés. Mais trop souvent, ils proviennent des pays limitrophes, le Benin et le Ghana. Et pourtant, c’est le même océan qui longe les côtes de ces trois pays. Pour trouver du poisson « made in Nangbeto », du nom du plus grand barrage du Togo, il faut se rendre à Atakpamé et nulle part ailleurs pour s’approvisionner. Mais de grâce, pas besoin de s’intéresser aux moyens déployés par les pêcheurs, eux tous étant munis de filets, à bord de…pirogues. Dans les sociétés frigorifiques commercialisant des poissons frais, la quasi-totalité de ces produits proviennent de l’étranger et rien du territoire national.

Depuis des décennies que le pays est toujours tributaire des importations en matière de produits de mer, c’est maintenant qu’on pense à s’occuper de ce secteur. « Déjà pionnier sur le continent en matière d’économie maritime, le Togo veut désormais exploiter au mieux tout son potentiel et le bassin maritime dont il dispose. Un ministère exclusivement dédié à la question a été créé pour la première fois, au sein du nouveau gouvernement, et s’occupera également des pêches et de la protection côtière. A sa tête, un spécialiste du secteur, Edem Kokou Tengue qui a fait son entrée dans l’exécutif. L’ancien DG de la filiale togolaise de l’armateur danois Maersk et actuel président de l’Association professionnelle des compagnies de navigation et de consignation de navire au Togo (NAVI-TOGO), aura entre autres pour missions d’œuvrer pour une meilleure exploitation du Port de Lomé, seul port en eau profonde de la sous-région, du potentiel touristique du littoral ou encore des plateformes industrielles liées aux services de la mer. A cela, s’ajoutera la poursuite de la politique de création des écoles et instituts de formation spécialisés pour préparer les jeunes aux métiers de la mer », renseigne le site du gouvernement, republiquetogolaise .com.

Et vu que le gouvernement aime la politique de « mazin-mazin » (m’as-tu vu ), le même site s’est empressé de citer un laudateur du régime, Lionel Zinsou le Béninois qui disait, en juin 2019, à la faveur du Forum économique Togo-UE, que « le pays est extrêmement en avance sur tous les sujets liés à l’économie bleue ». Mais chercher à voir « ces avancées » revient à trouver une fleur dans le désert.

Moins d’un mois après cette saillie, le même site revient sur le sujet la semaine passée, plus précisément le jeudi 5 novembre 2020. « Alors qu’il s’est récemment doté d’un ministère exclusivement dédié à l’économie maritime, le Togo veut désormais mieux contrôler les activités de pêche et assurer une gestion durable de ses ressources halieutiques. Un projet de loi autorisant l’adhésion du pays à la convention internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique a été examinée dans ce sens, mercredi en conseil des ministres. Le texte, adopté à Rio en 1966 devrait permettre à Lomé de renforcer sa coopération dans le domaine aux niveaux international, régional et sous régional en matière de protection et de conservation des ressources halieutiques et de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Déjà sur le plan national, des mesures seront bientôt prises pour exiger un permis de pêche avant toute activité du genre, avait annoncé lundi le ministre Edem Kokou Tengue en prévision de la reprise prochaine des activités de pêche sur le Lac Nangbéto. Parlant des cours d’eaux locaux, un autre projet de loi, portant cette fois sur la ratification de la Convention sur le statut du fleuve Mono, a été également examiné. Le texte signé en décembre 2014 à Cotonou, vise à assurer un développement intégré et durable du bassin du Mono entre le Bénin et le Togo, séparés par endroits par ce cours d’eau. En outre, la création d’une entité commune, l’Autorité du Bassin du Mono (ABM) permettra de doter ce bassin d’un cadre juridique et institutionnel de gestion transfrontalière de ses ressources en eau », rapporte le confrère.

Pour exploiter ses ressources en eau, surtout du côté de l’océan Atlantique, le Togo ne dispose que des…pirogues. Environ trois cents (300). Or, les eaux territoriales du pays depuis le quartier Kodjoviakopé jusqu’à Hilla-Condji et loin dans l’océan regorgent de poissons. Des poissons que des pays étrangers viennent ramasser avec leurs bateaux. Au-delà des eaux territoriales, il y aussi les eaux internationales. Mais qu’en font les autorités togolaises ?

Au 21ème siècle, doter un pays côtier de pirogues pour exploiter ses ressources halieutiques revient à livrer lesdites ressources à des exploitants étrangers qui ne paient pas de mine pour tout ramasser.

Pourquoi lorsqu’il s’agit de tirer profit des ressources halieutiques, c’est toujours dans une conjugaison futuriste que les phrases sont faites ? « Le Togo veut exploiter pleinement son potentiel maritime », « Le Togo veut mieux contrôler les activités de pêche et ses ressources en eau », et puis quoi encore !

C’est depuis 2016 que tout avait été fait pour faire tenir un sommet sur l’économie bleue dans la capitale togolaise. Quatre ans après, quel bilan le gouvernement peut-il en tirer ? Comment cette rencontre budgétivore a-t-elle profité au pays organisateur ? Le Togo s’est vu doter entre temps d’un Plan national de développement (PND) devant le mettre sur les rails des pays émergents. Seulement, et à titre d’information, les pays émergents qui disposent de frontières maritimes ne développent pas leur système de pêche avec des pirogues et autres instruments rudimentaires datant de l’époque de Mathusalem.

Godson K.

Source : Liberté

Source : 27Avril.com